Question :
Je suis une femme, ayant fait ma prière de Roch ‘Hodech le matin, j’ai oublié de dire Ya’alé Véyavo. Je m’en suis rendue compte qu’un fois ma prière terminée. Dois-je recommencer toute la ‘Amida ?
Réponse :
Une femme ayant prié Cha’harit un matin de Roch ‘Hodech, et s’étant rendue compte qu’elle avait omise de dire Ya’alé Véyavo une fois sa prière terminée, doit refaire sa prière, en mentionnant Ya’alé Véyavo cette fois-ci. Cela est valable également concernant la prière de Min’ha, y compris si elle a fait Cha’harit le matin. Il est bon, avant de refaire sa prière, qu’elle pose la condition suivante : si la prière que je m’apprête à faire m’est obligatoire, alors qu’elle le soit. Si ce n’était pas le cas, alors qu’elle soit considérée comme une prière bénévole (Nédava).
Nous allons à présent expliquer comment la plupart des décisionnaires arrivent à cette conclusion.
Prenons le cas de celui ayant prié ‘Arvit et a omis de mentionner Roch ‘Hodech. Le Bahag (l’un des célèbres Guéonims) nous dit : nul besoin de recommencer la prière. En effet, comme l’explique la Guémara, on ne sanctifiait pas le nouveau mois la nuit. En revanche, poursuit Bahag, si l’on oublie de mentionner le Chabat, le ‘Hol Hamo’ed, ou le Yom Tov, dans la prière de ‘Arvit, il faudra recommencer. En effet, bien qu’à l’origine la prière de ‘Arvit ne soit pas tout à fait obligatoire, dans la mesure où cette prière est dite, elle doit être dite correctement, car prier ‘Arvit, c’est finalement l’accepter comme une obligation.
Le Rif et le Roch rejoignent cette analyse et cette Halakha. Or, le Rif et le Roch sont des Richonims de première importance concernant la fixation de la Halakha.
A partir de là, le ‘Hazon ‘Ovadia (sur ‘Hanouka et Roch ‘Hodech) déduit qu’une femme qui a oublié de dire Ya’alé Véyavo un jour de Roch ‘Hodech à Cha’harit ou à Min’ha, doit refaire sa prière. En effet, le raisonnement est le suivant : même si l’on considère qu’une femme n’a pas l’obligation de faire la prière, du moment où elle choisit de la faire, elle doit la faire correctement, sans omettre les passages rédhibitoires. Même si l’on considère qu’une femme peut se contenter d’une seule prière par jour, et que par conséquent les autres prières qu’elle feraient éventuellement dans la journée relèvent d’une décision volontaire, il n’en demeure pas moins que ces prières doivent être dites correctement. (et ce n’est que pour ‘Arvit de Roch ‘Hodech que l’on ne recommence pas sa prière, comme expliqué plus haut).
Il faut certes préciser que dans le Halikhot Chélomo du Rav Chélomo Zalman Auyerbakh (Téfila, page 184) il apparait que selon celui-ci, la femme qui omet Ya’alé Véyavo ne doit pas refaire sa prière.
D’autres décisionnaires actuels, ne tiennent également pas le raisonnement développé plus haut. Ainsi, pour le Kinyan Torah (tome 7, chapitre 10) du Rav Horovits (ancien Dayan de Strasbourg et de la ‘Eida ‘Harédite de Jérusalem), puisque selon le Maguen Avraham les femmes peuvent, selon la stricte loi d’origine, se contenter d’une seule petite prière formulée avec leurs propres mots, si elles décident de faire mieux et de faire une prière entière, celle-ci est acceptée même incomplète. Il faut avouer qu’à première vue le raisonnement est convainquant. Pourtant, selon le ‘Hazon ‘Ovadia, il est erroné dans la mesure où le Bahag, le Rif, et le Roch ne sont pas d’accord avec cela.
La même remarque peut être formulée sur le Divré Yatsiv (chapitre 62) qui voulait aussi dispenser les femmes de refaire la prière pour avoir oublié Ya’alé Véyavo. Idem pour le Chout Rivévot Efrayim (tome 3, chapitre 67), auquel le Chout Az Nidbérou (tome 11) fait remarquer qu’en prenant sur elles de faire une prière, les femmes doivent les faire sans omissions.
En conclusion, bien que certains décisionnaires importants dispensent la femme de refaire la prière en cas d’omission de Ya’alé Véyavo de Roch ‘Hodech (Cha’harit et Min’ha), d’autres se basent sur le Roch et le Rif pour dire le contraire, ce qui fait pencher pour leur avis.