Question:
J’ai un vêtement qui n’est pas conforme aux règles de Tsniout, puis-je le jeter ? (je n’ai rien d’autre à faire avec ? )
Réponse:Dans Torah Lichma, Rabbi Yossef ‘Hayim de Bagdad traite du cas suivant (les réponses figurant dans le Torah Lichma ne sont jamais signées du Rabbi Yossef ‘Hayim mais d’un autre nom. Toutefois, quasiment tous les maitres s’accordent à dire que c’est bien Rabbi Yossef ‘Hayim de Bagdad qui en est l’auteur. Par tradition, par le style, et par d’autres allusions à son nom. Certains contestent cette attribution mais nous suivons ici ceux qui l’attribuent à ce grand maitre.) Un homme a acheté au marché un tissu de soie, d’une grande beauté, pour son épouse. Il lui a remis pour qu’elle en fasse un vêtement. Seulement voilà, le vêtement obtenu était particulièrement léger, et, parsemé de fleurs et autres motifs, il laisser apparaitre les sous-vêtements que portait la femme.
Le mari eu de grands remords, d’autant plus qu’il avait remarqué que tout le monde portaient leurs yeux sur sa femme lorsqu’elle portait ce vêtement. Il fit remarquer cela à sa femme et la pria de ne plus le porter. Mais la femme, qui affectionnait particulièrement ce vêtement, ne l’écouta pas, et de temps à autre, porta le vêtement.
Le mari se demanda alors s’il lui était permis de bruler discrètement le vêtement de sorte à ce que sa femme ne sache pas qui était l’auteur du « délit » , et qu’ainsi les disputes soient évitées. D’un autre côté, la perte de ce vêtement est peut être interdite au titre de gaspillage ?
Le Torah Lichma rapporte la Guémara de Brakhot 31a qui dit que Mar le fils de Ravina a organisé le mariage de son fils, et, durant le mariage, lorsqu’il avait vu qu’il y avait un surplus de joie, a cassé un verre de très grande valeur pour atténuer la joie. Une histoire semblable a eu lieu avec Rav Achi.
Or, précise le Rav, les verres cassés étaient de très grande valeur en ces temps-là (400 zouz). On voit donc que lorsqu’il s’agit d’une Mitsva, on a le droit de détruire un objet, et cela n’est pas considéré comme un Bal Tach’hit.
Il en est de même, poursuit le Rav, dans le cas du vêtement. Puisque laisser le vêtement a la maison n’est pas une solution envisageable étant donné que la femme refuse d’obtempérer à la demande de son mari, il ne reste qu’à s’en débarrasser. Certes, on pourrait s’en débarrasser d’une autre manière, mais il y a le risque que la femme apprenne ceci et que cela provoque une dispute, dont on ne peut prévoir les conséquences. Bruler le vêtement est donc considéré ici comme une Mitsva, pour préserver la Tsniout sans engendrer de disputes.
Le Rav ajoute que certains ont l’habitude de se rendre à Meron la nuit de Lag Ba’omer et brulent des tissus et des vêtements en l’honneur de Rabbi Chimon Bar Yo’hay. Là aussi, dit le Rav, on peut laisser cette coutume perdurer puisque ces gens agissent par Mitsva et non par gaspillage.
Autre exemple que rapporte le Rav : on a l’habitude d’allumer de nombreuses lumières à la synagogue, alors que du point de vue de l’éclairage cela est parfaitement inutile, puisqu’il y a déjà un éclairage, surtout lorsque l’on est en pleine journée. A fortiori lorsqu’une partie de la synagogue ne dispose pas de toit, la pièce est largement éclairée ! La raison en est la même : comme c’est par honneur pour la synagogue ou pour les Tsadikims, il n’y a pas de problème.
Le Rav souligne enfin que l’interdit, à la base, ne serait que rabbinique puisque selon la Torah l’interdiction de Bal Tach’hit ne concerne que les arbres (il n’est pas sûr que tous soient d’accord avec le Ben Ich ‘Hay sur ce point, mais ce n’est pas le sujet ici).