Question:
Dans ma famille nous avons l’habitude de réciter un verset après la Nétila, n’est -ce pas une interruption ?
Réponse:
Comme nous allons le voir, ceux qui ont l’habitude de dire ce verset (Séou Yédékhem Kodech Oubarékhou Et Hachem) ont largement sur qui se reposer, puisque de grands maitres agissaient de même.
En effet, l’une des sources essentielles concernant ce Minhag est sans aucun doute le Chla Hakadoch, qui dit qu’après avoir levé les mains vers le haut, mais avant de les avoir essuyés, on dit ce verset.
Certes, certains ont par la suite émis des doutes sur cet usage. Certains s’appuient sur le fait que le Gaon de Vilna, comme il apparait dans l’ouvrage qui récence ses agissements, le Ma’assé Rav, ne disait pas cette phrase. D’autres sources, que ramène le Kaf ha’hayim, précisent que selon les kabbalistes il ne faut rien dire après avoir fait Nétilat Yadayim. Les versets que l’on souhaite dire doivent se dire avant la Nétila. D’autant plus que les kabbalistes s’efforcent de suivre les coutumes du Ari Zal; et que celui-ci n’indique aucunement de dire ce verset et à ce moment.
Toutefois, puisque, d’une part, le Chla Hakadoch n’était pas n’importe qui, et que, d’autre part, cette coutume s’est répandue chez beaucoup de juifs, il nous faut la justifier. Ou plutôt montrer en quoi la récitation de ce verset ne constitue pas une interruption.
La réponse donnée par les maitres tient en deux points. Premièrement, tant que l’essuyage n’a pas été fait, on peut considérer que la Nétila n’est pas terminée. Donc, le verset en question ne constitue pas une interruption entre la Nétila et la suite. On trouve le même raisonnement pour justifier le fait que la bénédiction soit faite après l’ablution. Cela devrait poser un problème puisque normalement les bénédictions se font avant la réalisation de la Mitsva et pas après. La réponse est que tant que l’essuyage n’a pas été réalisé on peut considérer que la Nétila n’a pas été terminée également.
Autre point important : le type de parole émise ne constitue pas, en soi, une interruption, car elle a un rapport direct avec la Mitsva de Nétilat Yadayim.
Pour ces deux raisons, celui qui dit ce verset ne doit pas se sentir en contradiction avec la Halakha. D’autant plus que certains grands maitres (comme Rabbi Amram Abourbaya, rapporté par le Rav Ovadia Yossef) rapportent que c’était l’usage à Jérusalem, qui comprenant, comme chacun sait, nombre d’érudits et de grands maitres.
On trouve un appui également dans l’une des grands responsa, le ‘Oneg Yom Tov (chapitre 18). Selon, lui, même si l’on suit l’opinion de Tossefot (Sota 39a) pour qui une interruption longue d’un laps de temps de parcourir 22 coudées est une interruption problématique, si ces 22 coudées ont été parcourues avant de s’essuyer, cela ne pose aucun problème. Car, comme nous l’avons déjà dit, l’essuyage fait partie de la Mitsva et n’en est pas séparé.
(au passage, certains ont même l’habitude d’ajouter un verset supplémentaire, mais ce n’est pas notre sujet ici, la halakha en reste la même) .
En conclusion, bien que la récitation de Séou etc. entre la Nétila et l’essuyage a été quelque peu contesté par certains maitres, il n’en reste que ceux qui ont cette habitude peuvent la maintenir car elle a été évoquée et entretenue par des maitres de renom.
Il y a un autre sujet, proche de celui-ci, c’est celui de la récitation de Mizmor Lédavid Hachem Ro’i etc. juste avant le Motsi, en tant que prière pour la subsistance. Cette coutume est davantage populaire que la précédente, semble-t-il , et est encouragée par davantage de maitres. Le Ben Ich ‘Hay, par exemple, l’évoque et dans une certaine mesure, la défend. Beaucoup perpétuent cette coutume jusqu’aujourd’hui et ils peuvent continuer.