Question :
Je possède un garage privé, avec une entrée semblable à celle d’une maison, dois-je poser une Mézouza à l’entrée ?
Réponse :
C’est une bonne question, qui n’a pas beaucoup été traitée par les décisionnaires. Nous allons nous inspirer d’un ouvrage récent, le Ohalé Chem du Rav Michael Perets de Mexico, sur la partie Yoré Dé’a du Choul’han ‘Aroukh.
Le Choul’han ‘Aroukh (Yoré Dé’a, chap. 286) énumère un certain nombre de lieux qui nécessitent une Mézouza à leur entrée. Entre autres, les entrepôts de vin et d’huile. Otsarot Yaine Véchémène.
Certains posent la question suivante : dans les lois du ‘Erouv (O.H. chap. 398) le Choul’han Aroukh présente le cas d’une série de maisons dont la première se trouve dans les 70 amots de la ville, et les suivantes dans les 70 amots de la maison qui la précède chacune. On considère que la ville (concernant les lois du ‘Erouv) se prolonge jusqu’à la dernière maison. De plus, s’il y a des entrepôts qui sont habitable, ils sont aussi associés au territoire de la ville. C’est-à-dire que si ces entrepôts contiennent une pièce habitable, ils font partie de la ville. Or, pourquoi à propos de la Mézouza n’y a-t-il pas cette exigence d’un entrepôt habitable ?
Le Beer Moché (du Rav Moché Stern), l’un des décisionnaires des dernières générations répond qu’effectivement, ce n’est que dans la mesure où les entrepôts d’huile ou de vin servent directement les résidences principales qu’ils doivent avoir une Mézouza. Ou encore, s’ils sont habitables. Mais s’ils ne servent pas les maisons principales ou qu’ils n’ont pas de pièce habitable, ils sont exemptés de Mézouza.
Le Beer Moché, toutefois, pose une autre question : le Choul’han ‘Aroukh stipule que les magasins se trouvant sur les marchés (il s’agit en fait de « stands ») sont exemptés de Mézouza. La raison, précise le Taz, est que ces « magasins » ne sont pas des lieux d’habitation : on y réside uniquement le jour, et ils ont donc un caractère provisoire. Contrairement aux entrepôts de foins ou aux autres réserves, qui servent aussi la nuit. Or, quelle différence entre le magasin, où la marchandise est entreposée la nuit également, et les réserves, qui relèvent du même modèle ?
Pour le Ohalé Chem (Rav Perets du Mexique) la question n’a pas lieu d’être : les entrepôts servent la maison, contrairement aux magasins, c’est cela la différence. Or ce qui sert la maison est comme le prolongement de la maison est doit être pourvu d’une Mézouza.
Quoi qu’il en soit, pour le Béer Moché, la différence entre l’entrepôt et le magasin et que le premier est proche, géographiquement, de la maison. Il est possible que ce critère ne soit pas radicalement différent du premier : généralement, ce qui est proche de la maison sert la maison. Un entrepôt proche de la maison servira souvent d’approvisionnement régulier pour les membres de maison.
Selon le Beer Moché, le garage est comparable au magasin : on n’y réside pas constamment. Le Rav Perets est fort étonné de cette considération. En effet, la voiture n’est elle pas par excellence ce qui sert régulièrement les résidents de la maison ? Et le garage n’est t il donc pas comparable aux lieux qui sont à rattacher à la maison elle-même ? D’ailleurs, la Halakha considère que l’étable à chevaux est « au service » de la maison. Pourquoi en serait-il autrement pour le garage ? (Apparemment, le Beer Moché compare davantage le garage au magasin qu’à l’entrepôt. Tout comme le magasin ne sert pas de lieu d’habitation mais sert à garder la marchandise la nuit, ainsi le garage abrite la voiture la nuit mais ne sert pas la maison elle-même.)
C’est pourquoi le Rav Perets préconise d’apposer une Mézouza à l’entrée du garage, certes sans dire lé bénédiction. Il se réjouit d’ailleurs d’avoir trouvé un grand décisionnaire qui va dans ce sens : le Min’hat Itskhak (tome 10).