Question :
J’ai appelé un ami pour m’aider à repeindre ma maison. Il s’est garé dans la rue en bas de chez moi puis a reçu une contravention. Qui doit payer ?
Réponse :
Il semble évident que dans le cas que vous présentez, c’est à la personne à qui appartient la voiture de payer la contravention. Il n’y a pas de raison de rendre l’autre personne redevable de quoi que ce soit.
En effet, même si celui qui a sollicité son ami savait pertinemment que celui-ci risquait de recevoir cette contravention, nous ne pouvons le rendre responsable. C’est au propriétaire de la voiture de prendre ses dispositions, puisqu’il est renseigné sur le fait que le stationnement est payant. A fortiori si le solliciteur ignorait où son ami s’est garé. Il peut très bien imaginer que la voiture est garée à une place non payante, où que son ami a payé suffisamment pour un stationnement prolongé.
D’autre part, quand bien même il y avait une responsabilité de la personne ayant sollicité son ami pour la peinture, il n’est pas évident que cette responsabilité aurait entrainé un paiement, car le dommage est trop indirect (grama). Mais c’est une problématique qu’il est bien long d’aborder, et de toutes les manières elle ne touche pas votre cas, comme je l’ai dis au début du propos.
Voilà pour la Halakha. Si, en revanche, le solliciteur souhaite participer aux frais de son ami, par amitié et par reconnaissance, puisque cet ami est venu l’aider, il est évident que cela va dans le sens du ‘Hessed, de la générosité.
S’il s’agit d’éviter une dispute ou même un malentendu, là aussi, une participation est la bienvenue. Il est conseillé, lorsque cela est possible et que le contexte s’y prête, de faire des efforts, y compris financier, pour obtenir ou maintenir la paix entre les personnes.
Les exemples ne manquent pas de maitres de toutes les générations qui ont agi dans ce sens.
Ci-dessous, deux ou trois références qui montrent l’importance du Chalom aux yeux de la Torah, comme l’indiquent les Sages.
Dans le Sefer de Hoché’a au chapitre 10 verset 2, le prophète annonce que le peuple s’est séparé de D. et que cela engendrera la destruction. » ‘Ata Yéchamou » : Maintenant ils seront détruits. Rachi rapporte un Midrach : Grande est la paix, car même si Israel se livre à l’idolâtrie, si la paix réside parmi eux, le Satan ne formule pas d’accusation entre eux…quant à la dispute elle est détestable comme il est dit : leur cœur s’est séparé, maintenant ils sont accusés.
Nous apprenons donc de cet enseignement que la paix entre les membres d’Israel a une valeur propre, susceptible de les protéger y compris des conséquences qu’aurait pu engendrer une faute telle que l’idolâtrie.
On peut donc en déduire que même dans le cas où la loi nous donne raison, il est souhaitable, si cela est possible, de faire le nécessaire pour préserver la bonne entente.
On pourrait citer aussi la toute fin du traité de Michnayots de Ouktsin: Rabbi Chimon Ben ‘Halafta a dit: Hakadoch Baroukh Hou n’a trouvé comme récipient susceptible de recevoir la bénédiction que la paix, comme il est dit: Hachem donnera la force à son peuple, Hachem bénira son peuple par le Chalom.
Autrement dit : lorsqu’Hachem veut envoyer la bénédiction à son peuple, le rendre fort et valeureux, il lui donne auparavant la paix, seule capable d’être un vecteur de bénédiction. On voit effectivement dans la Paaracha de Bé’houkotay que si nous sommes fidèles à la Torah et à son étude, D. envoie l’abondance alimentaire, et promet le Chalom sur le pays. Ce qui signifie, disent les maitres, que l’abondance ne suffit pas : si la paix est absente, plus rien n’a de valeur. Le Chalom équivaut à tous les bienfaits.
On pourrait rapporter encore bien des sources concernant l’importance de la paix. Celles rapportées suffiront.