Question :
Ma rue porte le nom d’une divinité étrangère, ais-je le droit d’y habiter et de prononcer le nom de cette rue ? Quelle est la Halakha, de manière générale, pour les marques qui portent des noms de ce genre ?
Réponse :
Vous avez raison de penser que la Halakha interdit parfois de mentionner le nom d’idolâtries ou de divinités. Mais cela est valable dans un cadre bien précis. Par exemple, si je demande à une personne de m’attendre ou de me garder un objet, ou une place de parking tous près d’une idole, et qu’il est patent qu’en mentionnant le nom de cette idole, et surtout en la prenant comme référence, je lui donne une certaine importance, alors, oui, la chose est interdite. Cela est dû au fait que l’idole sert de repère, comme si elle était suffisamment importante pour que l’on s’en serve à cette fin.
Mais dans les contextes que vous mentionnez, rien de tout cela. En effet, nous ne mentionnons des noms de rue qui font référence à des divinités que par facilité, car nous ne pourrions pas communiquer autrement. D’ailleurs, la plupart du temps, ces divinités sont tombées dans l’oubli et peu se souviennent de quoi il s’agit.
(il y a une problématique dans la Halakha quant à la mention d’idoles en tant qu’idoles, et le principe général est que ce que la Torah mentionne elle-même, nous pouvons le mentionner, comme le culte de Pé’or, etc., mais d’autres idoles non. Mais ce n’est pas le cas ici où l’idole est passé du caractère d’idole à celui de nom de rue ou de nom d’une marque, etc.)
Il n’y a pas de problème à habiter dans une rue qui porte le nom d’une ‘Avoda Zara quelconque. Et ce, bien que l’on soit amené évidemment à prononcer le nom de cette divinité de temps à autre.
Il existe des marques de produits, en particulier des produits de luxe, qui portent des noms de divinités étrangères. C’est le cas par exemple de la marque Hermès. Il sera autorisé d’acheter des vêtements de cette marque, de les porter, et de prononcer le nom de la marque.
Dans le domaine de la pâtisserie, on peut citer le Salambo, qu’on peut trouver en cacher dans les pâtisseries juives (mais on l’appelle généralement d’un nom plus connu : le gland). A l’origine, ce nom est celui d’une divinité babylonienne. Il n’y a aucune interdiction de vendre ou d’acheter ce gâteau, son nom n’évoque plus rien.
Comme nous l’avons dit, lorsque l’utilisation du nom n’est qu’à titre indicatif, sans aucune intention de lui donner de l’importance, cela est permis. Ce n’est pas pour honorer cette divinité que l’on donne ce nom. La preuve en est que la plupart des consommateurs ignorent complètement l’origine du nom de cette pâtisserie.
Ce sujet est lié en partie avec l’utilisation de la date civile. On pourra consulter le Yabi’a Omer, volume 3, Yoré Déa, réponse 9.
J’ai constaté également que certaines personnes ont attiré l’attention sur la marque d’appareil photo Canon. Or ce nom provient de celui d’une divinité bouddhiste : « Kwanon ».
De toutes les manières, diront certains, le bouddhisme n’est pas vraiment une religion, mais est considérée généralement comme une philosophie de vie, etc. C’est possible, je ne suis pas un connaisseur du bouddhisme.
On peut voir des gens religieux porter des vêtements de la marque Nike. Or, le nom « Nike » fait référence à une déesse grecque du nom de « niké », déesse très rapide dans son mouvement. La Halakha sera la même que la précédente. Avec en plus le fait que la prononciation n’est plus tout à fait la même, entre la déesse et la chaussure de sport !
Consulter si vous pouvez le Yéreyim Siman 75, Agahot Maïmoniot chapitre 5 Halakhot de ‘Avoda Zara Darké Moché Yoré Déa Siman 147 ‘Havot Yair Siman 1, Michné Halakhot tome 9 chapitre 169, Yossef Omets Siman 11, responsa du Rav Ezriel Edelsheimer tome 1.
Voir également Rama (Ora’h ‘Haïm Siman 156). Il s’étend sur le sujet de la ‘Avoda Zara tel que cela se présente aujourd’hui.
Quant aux personnes que vous connaissez qui se nomment Christophe etc, il évident que nous ne sommes plus dans le domaine de l’idolâtrie mais des noms propres.
Voir Biour Hagra, sur Choul’han ‘Aroukh, Yoré Déa, chapitre 147, Halakha 2.