Question :
Il m’arrive de boire de l’eau pour des raisons de santé, y compris avant la prière. Est-ce autorisé ? dois-je faire la bénédiction ?
Réponse :
La Halakha n’interdit pas a priori de boire de l’eau avant la prière du matin. Au contraire, le Choul’han ‘Aroukh (chapitre 89) interdit de se livrer à des occupations à ce moment ainsi que de manger et de boire, mais autorise l’eau uniquement.
Le Kaf Hah’ayim explique que l’eau ne procure pas un sentiment d’orgueil, ce qui est à l’origine des interdictions d’avant la prière. De plus, il prouve que même d’après le Zohar, ce sont uniquement les boissons qui ajoutent un élément nutritif ou qui procurent un certain orgueil qui sont interdites. A l’exclusion de ce que l’on boit uniquement pour se sentir en équilibre. Certes, celui qui se montre strict et évite l’eau est digne de bénédiction, d’autant que certains interdisent l’eau également, mais ce n’est qu’une mesure de piété.
Le Sdé ‘Hémed évoque le cas de celui qui boit de l’eau uniquement pour le transit intestinal, sans soif particulière. Il stipule que dans ce cas-là, on ne récite pas de Bérakha sur l’eau car elle ne vient pas étancher une soif. Certes, certains décisionnaires ont voulu considérer que boire avant la prière n’étant pas recommandé selon la Halakha, on ne récite pas de bénédiction même si l’on boit par soif. Mais ce raisonnement a été repoussé par les autres décisionnaires. Si l’on boit parce que l’on a soif, il faut dire la Bérakha.
Autre cas évoqué par les décisionnaires (voir Piské Téchouvot chap. 204): celui qui boit non par soif immédiate, mais parce qu’il va voyager et qu’il craint d’avoir soif par la suite. Donc, il anticipe. Dans le même esprit, celui qui boit parce qu’il ne pourra pas boire par la suite pour cause d’examen médical. Ou celle qui boit juste pour pouvoir allaiter. Dans tous ces cas-là, on ne fait pas la Bérakha. A moins que la soif participe aussi au désir de boire.
Voir le Chout Beer Moché (tome 4, chap. 102) qui évoque le Rachba pour qui celui qui boit uniquement pour ajouter du liquide à ce qu’il a mangé fait la Bérakha. Cela semble contredire ce que nous venons de dire, puisqu’il s’agit a priori de quelqu’un qui n’a pas soif. Mais la contradiction n’est qu’apparente. En réalité, le Rachba considère que celui qui boit pour « liquéfier » les aliments qu’il a ingurgité, est généralement pris de soif également.
En revanche, comme le démontre le Birkat Hachem (tome 2, chapitre 1) du rav Moché Lévi, celui qui boit uniquement pour ne pas s’assécher, parce que son corps manque de liquides, lui, ne fera pas la Bérakha. Car il ne vient étancher aucune soif. Il est comparable à celui qui boit de l’eau pour ne pas s’étouffer.
Celui qui boit avant le jeûne pour ne pas trop souffrir, mais qui n’a pas soif, selon ce qui vient d’être dit, ne devra pas non plus faire la bénédiction. Bien que certains décisionnaires aient recommandé de dire la bénédiction en ce cas, il vaut mieux s’abstenir en vertu du principe qui veut qu’en cas de doute sur une bénédiction, on s’abstient, pour ne pas risquer de dire le Nom en vain.
Nous avons évoqué plus haut ceux qui considèrent que boire le ventre vide, le matin, n’est pas bon pour la santé, et qu’on ne récite donc pas de bénédiction. Nous avons souligné que les décisionnaires ne sont pas d’accord. Pourtant, pourrait-on objecter, la Halakha dit de ne pas faire de Brakha sur l’huile d’olive parce qu’il est nocif d’en boire tel quel. Mais la comparaison n’est pas exacte. Car l’eau ne fait pas de mal à tous et à toutes, uniquement à certaines personnes dans certaines circonstances. Alors que l’huile d’olive fait du mal lorsque l’on en boit.
Soulignons que les décisionnaires actuels considèrent que celui qui boit du soda doit faire la bénédiction car cela procure un certain plaisir que l’eau ne procure pas forcément.
Enfin, concernant celui qui doit boire de l’eau pour avaler un comprimé, la règle est la suivante : s’il ne tire aucun plaisir, il ne fait pas la Bérakha. Mais s’il boit également pour étancher quelque peu sa soif, il devra réciter la Bérakha pour ce profit tiré.