Question :
Est-on obligé de dire la phrase « Zé Hakissé Chel Eliahou Hanavi » lors de la Brith Mila ?
Réponse :
On trouve dans les Pirké Dérabi Eliézer (chap. 29): que lorsque Eliahou a fui Erets Israel pour s’échapper, et D. se dévoila à lui, et lui dit: que fait- tu là Eliahou ? Il répondit que les Bné Israel avaient abandonné l’Alliance. Il entendait venger l’honneur de D. , si l’on puit dire. Mais D. lui dit que désormais il verra de ses propres yeux les Bné Israel accomplir la Brit Mila. De là vient la coutume de préparer une chaise pour l’Ange de l’Alliance.
On trouve aussi dans le Zohar une injonction de préparer une chaise pour Eliahou. Si ce n’est pas fait, dit le Zohar, la Chékhina est absente.
D’autre part, il ressort du Zohar, ainsi que de son commentaire écrit par le Ramak (Rabbi Moché Kordovéro), ainsi que du Bénéyahou de Rabbi Yossef de Bagdad, qu’il est bon de préparer cette assise avec la parole, comme nous le faisons généralement en clamant : Zé Hakissé Chel Eliahou Hanavi. Ou: ceci est la chaise du prophète Eli. Ils expliquent cela de la manière suivante: la personne d’Eliahou n’étant pas évidemment matérielle, puisqu’il n’est pas là « physiquement », il n’est pas concevable qu’il s’asseye sur une chaise bien matérielle. C’est pour cela que l’on clame cette parole, car la parole, parce qu’elle est également au croisement du matériel et du spirituel, permet à Eliahou de ne pas incarner cette contradiction. La parole est immatérielle, mais le corps qui lui permet d’apparaitre est bien matériel. Ainsi en est-il d’Eliahou sur sa chaise.
C’est donc ces textes qui sont à l’origine de la coutume de préparer une chaise pour Eliahou Hanavi.
Cela est rapporté dans le Choul’han Aroukh (Yoré Déa chapitre 265, 11) : il est d’usage de préparer une chaise pour Eliahou que l’on appelle « l’ange de l’Alliance », et quand il le pose il dira de sa bouche: ceci est la chaise d’Eliahou.
Les gens croient que l’intérêt de la chaise d’Eliahou est d’honorer une personne à poser l’enfant sur la chaise et dire « c’est la chaise d’Eliahou Hanavi ». Pourtant, en lisant le Zohar on s’aperçoit que l’essentiel est la préparation de cette chaise. C’est ce qu’à compris également le Rav Yaakov Hillel dans son ouvrage ‘Atéret Chalom (11). Il en ressort d’ailleurs qu’il est bon, du coup de dire la phrase à deux reprises: la première lorsque l’on prépare la chaise, et la seconde, comme cela est connu, lorsque l’on pose l’enfant.
Concrèremen, c’et le Mohel qui peut dire cett phrase lorsqu’il prépartr la chaise et tout ce qui est nécéssaire à la circoncision. Dans le livre Notser Habrit (Daouki) l’auteur rapporte une phrase plus sophistiquée : « Zé Hakissé Chel Eliahou Hanavi Zakhour Létov , Malhakh Habérith, Chéyitgalé Elénou Bimhéra Béyaménou Amen » .
La raison pour laquelle on rajoute des mots invitant Eliahou à se dévoiler rapidement de nos jours, alors que ces mots n’apparaissent pas dans la phrase initiale telle que rapportée par les Richonims et le Zohar, apparait dans le livre « Maamar Kissé Eliahou Hanavi Zakhour Létov » du Rav Margalit. Eliahou ne viendra qu’ une fois toutes les âmes à venir épuisées, et la dernière néchama provoquera donc la venue d’Eliahou. On souhaite donc que ce bébé soit la dernière néchama.
Certains préparent deux chaises : l’une pour le Sandak, et l’autre pour Eliahou. Cette coutume n’apparait pas chez toutes les communautés, mais c’est une bonne coutume, appuyée par le Zohar, comme le démontre le Rav Daouki dans son Notser Habrit. Les autres utilisent la même chaise.
Il faut embellir cette chaise de manière à ce qu’elle soit bien différente d’une chaise normale. Le Rav Mordekhay Eliahou était attentif à ce que la chaise où se fait la Brith Mila ne soit pas plus haute que celle d’Eliahou. Le Rav Moché Chapira avait la même conduite. Aujourd’hui encore, le Rav Moché Tsadka refuse que la circoncision soit faite lorsqu’il voit que la chaise d’Eliahou est médiocre par rapport à la chaise du Sandak. Il préfère alors s’asseoir sur une table plutôt que sur une belle chaise !