Question :
Nous avons appris, lors d’un cours, qu’il y a une Brakha à réciter lorsque l’on voit un Sage d’Israel. Sur qui exactement doit-on faire cette Brakha, vu qu’il y a beaucoup d’érudits aujourd’hui ?
Réponse :
La Guémara dans Bérakhot (58a) enseigne que celui qui voit les sages d’Israel dit la Brakha de « Ché’halak Mi’hokhmato Liréav », c’est-à-dire : « qui a partagé de Sa sagesse à ceux qui le craignent ».
Cela a été retenu par les Richonims et les décisionnaires. Que désigne t on par « sage d’Israel » ? il s’agit évidemment de celui qui connait la sagesse d’Israel c’est-à-dire la Torah. On peut ajouter que l’on parle d’une personne qui, non seulement a des connaissances, mais est aussi emplein de la crainte de D., puisque cela fait parti de la formule même de cette bénédiction. Voir également Tossefot page 54a et le Choul’han ‘Aroukh chapitre 224,6.
Quant à celui qui voit un sage des nations, expert dans les sciences, il dira : « Qui a donné de sa Sagesse aux êtres de chair et de sang. »
Quant à la Brakha pour celui qui a un savoir toranique hors du commun, à savoir la Brakha de ‘Hakham Harazim, il semble qu’elle ne soit pas d’actualité puisque le Choul’han ‘Aroukh ne la rapporte pas. Plus personne ne serait digne de cette bénédiction.
D’autres éminents décisionnaires rapportent la Brakha à dire sur les Sages d’Israel, il n’est pas nécessaire de tous les citer.
Dans l’ouvrage ‘Hessed Léalafim (chap. 224) l’auteur recommande de réciter cette Brakha sans le Nom d’Hachem et sans le Malkhout. Il n’y aurait plus de Talmid ‘Hakham tel que la Halakha le conçoit, de nos jours. Cela s’inspire certainement de ce que tranche le Rama dans Yoré Dé’a au chapitre 243. Il y est question là-bas de ce que rapporte le Talmud Yérouchalmi, à savoir que celui qui humilie un Talmid ‘Hakham doit payer un Litra d’or. Le Rama dit que cela n’est plus appliqué aujourd’hui car il n’ya plus de Talmid ‘Hakham. La source du Rama est le Troumat Hadéchène. On trouve cela aussi au nom du Mahari Mouline. Mais le Maharit (‘Hochen Michpat, 47) repousse totalement ces considérations.
Le ‘Hida (Birké Yossef ‘Hochen Michpat chapitre 15), quant à lui, explique que les propos du Rama ne concernent que certains domaines halakhiques mais pas tous. Il n’y a plus de Talmid ‘Hakham pour ce qui est de faire payer celui qui a humilié un Talmid ‘Hakham, ou pour ce qui est de juger en tant que juge unique, ou encore concernant les lois de l’annulation des vœux. Mais concernant le devoir de trouver des arguments susceptibles d’innocenter le Talmid ‘Hakham, ou encore pour ce qui est de restituer un objet trouvé sur simple reconnaissance de l’objet par son propriétaire Talmid ‘Hakham, rien n’a changé.
La preuve : le Rama est exempté, même de nos jours, des impôts.
Comme le dit encore le ‘Hida, ces différences sont nécessaires uniquement pour justifier les propos du Rama. Mais le Choul’han ‘Aroukh, lui, n’a pas tenu compte de ces mises à jour concernant le Talmid ‘hakham, et il considère apparemment que les lois concernant le Talmid ‘Hakham sont valables de nos jours dans leur intégralité !
D’autres sages se sont joins à ces relativisations des propos du Rama.
Un des domaines où ce point a particulièrement été discuté est celui du Tsidouk Hadin ou le Hesped à ‘Hol Hamoed et Roch ‘Hodech, qui n’est dit que pour un Talmid ‘Hakham. Bien que le Maguen Avraham semble considérer qu’il n’y a pas de Talmid ‘Hakham aujourd’hui, beaucoup ne son pas d’accord. Certains craignent aussi le manque de respect vis-à-vis des sages que cela peut engendrer.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet. Concluons simplement en nuance: celui qui voit un sage d’Israel expert en Halakha, bien au-dessus du niveau de ses confrères, pourra dire cette Brakha, en particulier s’il est séfarade, car il n’est pas concerné par la mise à jour du Rama. (Même s’il est Achkénaze, il aura sur qui s’appuyer).
Mais il ne faut pas exagérer et réciter cette Brakha sur qui ne le mérite pas vraiment, ou la réciter à tout bout de champ.