Réponse :
Le Choul’han Aroukh (E.H, 22, 8) écrit : « une femme dont le mari est en ville, il n’ya pas lieu de craindre de s’isoler avec elle, car la crainte de son mari l’habite. Mais s’il a une familiarité avec elle, par exemple si elle a grandi avec lui ou qu’elle est un proche, ou que son mari l’a averti de ne pas s’isoler avec cet homme, il ne s’isolera pas avec elle bien que son mari soit en ville. »
Lorsque le Choul’han Aroukh dit qu’on a le droit de s’isoler avec une femme dont le mari est en ville, il s’agit en principe d’une autorisation a priori. Certes, selon Rachi il ne s’agit que de dispenser les personnes qui s’isolent de la peine des coups, mais ce n’est pas une autorisation. Mais ce n’est pas l’avis des autres Richonims, comme le Rambam, le Smag, Tossefot, le Méiri, et d’autres.
C’est pour cela que l’avis du Choul’han Aroukh est conforme à l’avis de cette majorité de Richonims qui autorisent sans réserve.
Il est possible cependant que celui qui souhaite maintenir une conduite pudique évitera ce genre de situations, comme il en ressort du ‘Hida dans Chiouré Brakha (chap.22) et dans Yossef Omets (chap. 97).
Certains décisionnaires se sont posés la question de savoir s’il est permis de s’isoler avec deux femmes, dont l’une a son mari en ville. Le ‘Hokhmat Adam (126) l’autorise, car selon lui l’isolement avec deux femmes est une interdiction d’ordre rabbinique et dans le cas présent la présence d’une femme qui a peur de fauter du fait de la présence de son mari en ville va dissuader l’autre femme de fauter de peur que la première raconte ce qu’elle a vu.
Il y a un autre sujet de discussion à ce sujet : l’autorisation est-elle valable lorsque la femme n’est pas chez elle. Si le mari sait exactement où se trouve sa femme, il semble que tous s’accordent à autoriser car il n’y a pas lieu d’établir une différence avec le cas où la femme est chez elle. En revanche, si le mari est certes en ville mais il ne s’est pas où se trouve sa femme (par exemple elle se trouve dans un magasin ou dans un bureau, ou chez un voisin) il y a lieu de s’interroger. Le ‘hokhmat Adam (156) semble interdire. Et le Radbaz (partie 3, 481) semble autoriser. Au final, la majorité des décisionnaires penchent pour l’autorisation. Voir à ce sujet le livre Richon Létsion (Yoré Déa, 245,21).
Il est possible que l’autorisation lorsque le mari est en ville est valable y compris lorsque la personne qui s’isole est réputé « parouts » c’est-à-dire enclin à la débauche ou ayant peu de retenue. Cela se déduit du fait que le Rambam et le Choul’han Aroukh ont interdit à une femme de s’isoler avec plusieurs hommes car en général ils sont débauchés, et ont pourtant autoriser à s’isoler dans les cas généralement interdits lorsque le mari est en ville.
Toutefois, il est bon de ne pas se reposer uniquement sur cette autorisation du « mari en ville » mais si possible de ne pas verrouiller la porte, ou de la laisser entre ouverte, ou même de demander à une voisine de pénétrer à la maison à l’impromptu.
On peut se demander si l’autorisation du « mari en ville » est valable lorsque la femme est réputée pour être suspecte sur le plan des mœurs. En effet, bien qu’une femme ait généralement la crainte de son mari lorsque celui-ci est en ville, il est possible qu’une telle femme n’ait aucune crainte à ce niveau, surtout si elle a déjà commis une faute de ce genre dans le passé. C’est l’avis du Rav Moché Feinstein (Igrot Moché tome 4, E.H. 65,6). Toutefois, le Dvar Halakha n’est apparemment pas de cet avis, d’autant qu’il est possible que sa faute commise dans le passé se soit déroulée alors que son mari n’était pas en ville, alors que là il y est. Dans la pratique, le Rav Paniri dans son Michnat Hayi’houd préconise de se montrer strict si possible (surtout s’il y a possibilité de ne pas fermer la porte à clé etc.) car l’expérience a montré que nombres d’évènements dramatiques se sont produits en de telles situations. Il est difficile de ne pas être d’accord.
Il y a encore nombre de situations et de cas pratiques que nous aurions pu développer en rapport avec cette halakha, mais nous nous contenterons des données présentées ici qui répondent à la question posée. |