Il y a au départ une discussion entre nos maitres pour savoir si l’on peut réaliser la Mitsva de Chiloua’h Haken dans le cas où nous n’avons pas besoin des œufs ou des oisillons. Nous partons du principe, dans cette réponse, que l’on peut réaliser la Mitsva uniquement pour réaliser la Mitsva même si nous n’avons pas besoin de quoi que soit.
Seconde introduction, on pourrait comprendre que la pertinence de cette Mitsva apparait uniquement lorsque l’on rencontre un nid « par hasard », sur notre chemin. Mais qu’il n’y a pas de Mitsva lorsque celle-ci se réalise chez nous à la maison ou dans notre cour. Là aussi, nous partons du principe qu’il n’y a pas de problème, excepté celui évoqué par les maitres, c’est-à-dire le fait que notre propriété est susceptible de nous faire acquérir le nid etc., qui, du coup, ne peut servir pour faire la Mitsva. Il faudra donc faire un Hefker.
Lorsqu’un oiseau susceptible de couver des œufs apparait dans le balcon ou la cour d’une personne, on observe différentes attitudes : certains ne réalisent pas la Mitsva de Chiloua’h Haken en invoquant, à juste titre, que la Torah et la Guémara exigent que la rencontre avec le nid ne soit pas à portée de main, au sens où la rencontre ne se fasse pas avec les oisillons qui sont la propriété de celui qui souhaite accomplir la Mitsva. Ce qui exclue donc de réaliser la Mitsva dans son propre balcon, puisque ce balcon permet l’acquisition automatique des oisillons.
D’autres adoptent donc une solution pour pouvoir réaliser la Mitsva : ils abandonnent leur propriété avant que la mère ne quitte les oisillons, par le procédé du Hefker. A priori, c’est une bonne solution. C’est ce que font la plupart des gens, y compris de grands érudits.
Toutefois, comme le montre le Rav Brakha dans son ouvrage Birkat Yéhouda (tome 6), il est possible que qu’un problème subsiste.
En effet, en scrutant les termes employés par la Guémara et le Choul’han Aroukh, il apparait qu’ils évoquent des nids que l’on trouve en hauteur, ou, au contraire, au fond d’un trou, comme un puit.
Or ces exemples ne sont pas fortuits. Il se peut que ce qu’entend le Choul’han Aroukh est que le nid doit être situé à un endroit où l’accès n’est pas facile. Il faut monter une échelle ou bien descendre au fond d’un puit. La raison de cette exigence est que lorsque la Torah exclue « ce qui est disponible » (Mézouman) elle exclue aussi ce qui est à portée de main, c’est-à-dire facile d’accès.
Cette compréhension est celle notamment du Kapé Aharon (Yoré Siman 10). Mais aussi du fameux Rabbi Yéhouda ‘Ayache. C’est aussi celle a priori du Choul’han Gavoa, qui évoque l’usage répandu à son époque qui consistait, plutôt que de chercher dangereusement un nid à l’extérieur la nuit, de « monter une échelle » chez soi pour chercher le nid. L’on voit donc que les nids n’étaient pas à portée de main.
Si l’on suit cette compréhension, celui qui dispose d’un petit balcon dans lequel le nid est à portée de main sans trop d’effort, n’est pas tenu de réaliser la Mitsva, encore moins avec la bénédiction.
Il est certes vrai que beaucoup n’agissent pas ainsi et réalisent la Mitsva y compris lorsque le nid est relativement facile d’accès, y compris des grands maitres. Mais le Rav Brakha affirme que s’ils avaient eu vent des sources qui indiquent le contraire, ils se seraient surement abstenus.
On peut donc dire en conclusion, que la coutume répandue est de réaliser la Mitsva dans son balcon ou dans sa cour, après avoir renoncé à la propriété qui permet d’acquérir. Toutefois, selon de grands maitres, ce n’est pas suffisant et il faut que le nid soit en hauteur ou en profondeur, de manière à ce qu’il ne soit pas accessible facilement. |