Réponse :
Nous allons présenter les règles sur ce sujet, en se basant sur les halakhots telles que présentées par le Rav Mordekhay Eliahou.
De la même façon qu’il y a une Mitsva d’honorer le Chabbat et d’y prendre plaisir, ainsi en est-il concernant les jours de Yom Tov. En particulier la fete de Chavou’ot, fête du don de la Torah.
Bien que manger et boire pendant les fêtes constitue une Mitsva positive, il n’est pas bon de manger et boire toute la journée, car le verset attribue la fête à Hachem. Il faut donc aussi se livrer à des activités d’ordre spirituelles. Et ce, bien que par ailleurs le verset attribue la fête aussi aux enfants d’Israel ( ‘Atseret Tihyé Lakhem), les Sages finirent par déclarer qu’il faille partager la fête entre activités qui procurent un plaisir direct à l’homme (manger et boire) et les activités spirituelles (l’étude de la Torah).
D’autant plus, comme nous l’avons dit, que la fête de Chavou’ot vient fêter le don de la torah: il est donc normal de privilégier l’étude de celle-ci.
L’un des plus grands maitres du Talmud, Mar le fils de Ravina, jeunait tout au long de l’année excepté le jour de Chavou’ot, car c’est le jour où la Torah a été donnée. Rav Yossef, quant à lui, préparait un plat spécial, un veau parmi les meilleurs sélectionnés, car il attribuait son érudition au don de la Torah. Sans ce jour, disait-il, on peut trouver beaucoup de prénommés Yossef au marché de la ville !
Ceci pour montrer l’importance que les maitres du Talmud accordaient à ce jour particulier, importance qu’ils manifestaient par les repas.
On ne jeunera donc pas en ce jour, cela va sans dire.
L’usage est de consommer des mets lactés le premier jour de Chavou’ot. La raison essentielle est qu’il faut consommer deux mets, pour célébrer les deux pains offerts au Temple, et qu’on montre cela en mangeant un plat de lait et l’autre de viande, accompagné de pain à chaque fois. (Rama)
D’autres avancent une autre raison : en mangeant d’abord des plats de lait et ensuite des plats de viande, on se distingue des anges qui, eux, invités par Avraham dans sa tente, et n’étant pas soumis aux lois de la torah, mangèrent de la viande et du lait sans respecter l’ordre qu’impose la Torah. Cela vient donc mettre en évidence le fait que nous avons le privilège d’avoir reçu la Torah, privilège que même les anges n’ont pas eu ! (Beer Hetev)
D’autres encore avancent comme raison de cet usage, que les enfants d’Israel après avoir reçu la Torah, n’ont pas pu manger immédiatement de la viande puisqu’ils avaient à peine reçu les lois contraignantes de l’abattage des animaux et ce qui s’en suit. Ils consommèrent donc des produits laitiers, le temps de s’organiser.
D’autres encore rapportent une raison se basant sur les dires du Zohar, qui compare le compte du ‘Omer aux sept jours de purification auxquels les femmes procèdent pour se purifier du sang impur. Ainsi, les Bné Israel se nettoient du sang d’Egypte, et quand ils accèdent à un état de pureté, le sang se transforme en quelque sorte en lait (tout comme celui de la femme se transforme en lait pour allaiter son petit), dont la couleur est symbole de pureté. (Maguen Avraham)
On peut aussi rapporter la raison suivante : le lait, ‘Halav en hébreu, a la valeur numérique du nombre de jours que Moché a passé au ciel pour recevoir la Torah : 40.
Certains mangent du lait mais aussi du miel, car la Torah est le miel et le lait sous ta langue. (Chir Hachirim, 4,11). On peut respecter cet usage en mangeant un gâteau à base de miel et de beurre.
Le vin et la viande permettent la joie, et donc il ne faut pas se contenter uniquement de produits lactés : on mangera aussi de la viande, sauf si celle-ci ne nous procure aucune joie.
On pourra manger le soir de la viande, et le matin des produits laitiers. Il n’est en effet pas nécessaire que ces deux types de nourritures soient consommés le jour.
Plusieurs usages existent concernant le partage des mets laitiers et carnés, certains partagent le ou les repas en deux moments ; si c’est le cas voici les recommandations à suivre.
Les lois de consommation de lait et de viande le jour de Chavou’ot sont identiques aux autres jours de l’année. Si l’on souhaite manger du lait puis de la viande durant le même repas, il faudra respecter les consignes suivantes. Tout d’abord, il faudra évidemment manger d’abord les produits laitiers et ensuite seulement les produits carnés. Ensuite, il faudra nettoyer la table ou changer la nappe. Il faudra d’autre part se rincer la bouche et manger un morceau de pain, ou un fruit qui ne colle pas aux dents et au palais. Il faudra également se laver les mains. Enfin, il faudra faire le Birkat Hamazon après le repas de lait, pour bien séparer les repas. Voir Choul’han Aroukh Y.D. 99,2, et Ben Ich ‘Hay seconde année Chélakh Lékha 14) .
Si l’on a consommé du fromage « jaune » tel qu’il est souvent vendu en Israel, ou tout autre fromage « léger », on peut consommer de la viande par la suite immédiatement (en ayant respecté les consignes précédents). Mais certains maitres demandent une heure de séparation.
Le rinçage de la bouche peut se faire en se brossant les dents mais il faut veiller à ce que le brossage ne fasse pas saigner les gencives, comme pour chabbat.
S’il n’est pas possible de se laver les mains, et qu’on constate leur propreté, cela est suffisant. |