Question :
Mon fis de 10 ans doit être baby sitter et garder une fille de 4 ans, est-ce permis, où y a-t-il un problème de Yi’houd ?
Il semble, au vu des décisionnaires, que la situation ne pose aucun problème.
Pour répondre de manière précise, nous allons tout d’abord donner quelques notions de base, ensuite seulement nous proposerons notre conclusion.
Les Sages ont étendu l’interdiction d’isolement aux célibataires. C’est-à-dire qu’un homme, par exemple, ne peut pas s’isoler avec une fille, même si celle-ci n’est pas mariée.
Toutefois, cette interdiction n’est valable que si la fille a trois ans et un jour. A partir de cet âge, même si évidemment la jeune fille (ou plutôt l’enfant) ne se donne pas ou ne propose pas de participer à une relation, il y a lieu de craindre des cas de viol ou ce qui s’en rapproche.
Le Tour n’a toutefois pas mentionné cet âge. Il est possible qu’il considère qu’il n’y a pas lieu de craindre l’isolement tant que la fille n’atteint pas l’âge où il est possible qu’elle puisse consentir à une relation. Selon cela, l’âge de la fille à partir duquel il est interdit de s’isoler avec elle serait plutôt 9 ans et un jour, comme pour les garçons.
Le Maharchal (Yam Chel Chlomo Kidouchin chap. 4, 22) rapporte que selon le Smag, l’interdiction pour un homme, de s’isoler avec une fille, n’est valable que si celui-ci est Bar Mitsva, donc à partir de 13 ans et un jour. Le Maharchal s’étonne de cette position du Smag : puisque l’âge à partir duquel on ne peut pas s’isoler avec une fille est lorsqu’elle a 3 ans et un jour, pourquoi repousser celui du garçon à 13 ans ? pourquoi ne pas lui interdire de s’isoler dès qu’il peut avoir une relation c’est-à-dire 9 ans ?
En fait, la réponse à cette question est assez simple : il n’y a pas d’éducation aux lois d’isolement. C’est-à-dire qu’on n’interdit pas à celui ou celle qui n’est pas Bar ou Bat Mitsva de s’isoler avec qui que ce soit. Cela n’a rien à voir avec l’âge de la personne avec laquelle on n’a pas le droit de s’isoler, qui, lui, est 3 ans pour les filles et 9 ans pour les garçons. Autrement dit, il y a l’âge de celui qui s’isole et l’âge de celui avec lequel on s’isole. C’est différent.
La question, toutefois, demeure : pourquoi n’y a-t-il pas un devoir de ‘Hinoukh aux lois d’isolement, qui exigerait que même les enfants, dès qu’ils sont en âge de comprendre un tant soit peu ce que représente l’isolement, devraient respecter ces lois ?
Il faut souligner que cette exemption ne fait pas l’unanimité. Il y a des décisionnaires qui n’établissent pas une telle différence. Mais l’usage chez les décisionnaires contemporains est bel et bien de considérer que les enfants non majeurs ne sont pas concernés par les lois d’isolement.
Celui qui veut se montrer strict pour respecter les opinions qui le sont, pourra toujours user des permissions qu’ont proposé nos Sages pour éviter les situations d’isolement. Une de ces permissions consiste à laisser la porte non verrouillée, même si elle est fermée, ainsi, toute personne peut pénétrer de l’extérieur. Le mieux étant qu’une personne, un voisin étant le plus pratique, soit chargé de faire une intrusion à un moment non convenu. On considère alors que l’endroit n’est pas isolé puisqu’une personne peut y entrer quand elle le souhaite. Certes cela dépend des immeubles et des résidents. Si l’on ne fait pas confiance aux voisins, ou que l’immeuble ou le quartier est mal fréquenté et qu’il est dangereux de laisser la porte non fermée à clef, on ne fera pas preuve d’excès de zèle et on se fiera aux décisionnaires qui disent qu’il n’y a pas de devoir d’éducation en matière de lois d’isolement. |
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