Question :
J’ai commencé à manger un gâteau dans un autocar. Puis, arrivé à destination, je n’avais pas terminé ma consommation et je l’ai continué à la maison, sans refaire la bénédiction. Ais-je bien agi ?
Le Choul’han Aroukh (178,1) écrit que celui qui mange (repas avec du pain) dans une maison, puis fait une interruption et se rend dans une autre maison, puisqu’il a changé d’endroit, il doit faire la Bérakha finale sur ce qu’il a déjà mangé, puis doit de nouveau faire le Motsi pour continuer son repas.
Le Maguen Avraham précise qu’a priori il doit faire la Bérakha finale dans le premier lieu qu’il s’apprête à quitter, et après seulement se rendre là où il veut et de nouveau faire la bénédiction sur son nouveau repas. Le Taz écrit la même chose. Le Kaf Ha’hayim (Sofer) précise quant à lui que tout cela suit l’avis du Choul’han Aroukh, mais selon le Rama du moment qu’il mange des aliments qui nécessitent une Brakha sur place (par exemple du pain), il peut continuer son repas ailleurs et on considérera qu’il ne fait que continuer le repas commencé dans le premier endroit. Or, les maitres tardifs font valoir le principe de Safek Brakhot Léhakel. C’est-à-dire que lorsqu’il y a plusieurs avis concernant la nécessité ou pas d’une Brakha, on suit l’avis qui en exempte. Il en sera donc de même ici.
Le Ben Ich ‘Hay (Paracha Béha’alotekha) écrit aussi que s’il a pris un repas dans un lieu (avec du pain) et a changé de lieu au milieu du repas, il ne devra pas refaire la bénédiction sur les éléments de ce repas, et a fortiori s’il revient à son lieu d’origine, il continuera sans faire de nouvelles bénédictions. La raison, dit-il, est que le repas composé de pain doit normalement se réaliser dans un unique endroit. Du coup, on ne considère pas que lorsqu’il quitte les lieux il ait opéré une véritable interruption. Comme si le caractère fixe du repas à base de pain rendait les diverses interruptions qui le ponctuent comme insignifiantes. Certes, l’avis du Choul’han Aroukh est différente, comme nous l’avons évoqué. Mais le Ben Ich ‘Hay invoque lui aussi le principe du doute dans les Brakhots et tranche donc pour s’abstenir.
Il est important de préciser que ce que nous venons d’écrire concerne des aliments comme le pain ou les gâteaux, qui nécessitent normalement une bénédiction sur place. C’est là que l’on considère que les interruptions n’en sont pas. A cause de la fixité. Mais concernant des aliments sur lesquels on ne fait pas de longue Brakha ou qui ne font pas partie du repas (comme des Chips, des fruits, etc.) là le changement d’endroit entraine la nécessité d’une nouvelle Brakha.
Voir aussi le Birké Yossef (7,3) qui va dans le même sens, concernant le fait de ne pas suivre le Choul’han Aroukh en cas de doute sur les Brakhots (il y a des exceptions). Ainsi que le Erets ‘Hayim Sitehon (Kountrass Haklalim, Klal 10).
Voir aussi le Kaf Ha’hayim (Sofer) qui écrit que selon certains les 7 espèces (d’Israel) sont considérés comme nécessitants une Brakha sur place (c’est-à-dire que l’on considère qu’ils sont consommés avec fixité, comme le pain ou les gâteaux.) d’autres limitent le caractère fixe aux seuls pains et gâteaux. D’autres encore, au seul pain !
Conclusion :
Celui qui mange une quantité de gâteaux dans la voiture ou dans le bus, doit a priori réciter la bénédiction finale lorsqu’il est encore dans la voiture ou le bus. S’il ne l’a pas fait et qu’il souhaite poursuivre sa consommation une fois arrivé à la maison, il ne lui sera pas nécessaire de dire la bénédiction finale sur ce qu’il a déjà mangé en voyage. Il ne devra pas non plus dire la bénédiction sur les gâteaux qu’il s’apprête à consommer à présent. Il se contentera donc de la bénédiction finale sur les gâteaux, qui portera aussi bien sur ce qu’il a consommé à la maison que sur ce qu’il a consommé pendant la route. Certes, cette Halakha n’est pas conforme à celle tranchée par le Choul’han Aroukh pour les Séfarades, mais, comme l’on dit tous les maitres postérieurs au Choul’han Aroukh, en cas de doute sur les Brakhots on agit comme ceux qui en dispensent. |
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