La source de cette loi figure dans la Guémara de Bérakhot. Il y a une discussion : selon le premier avis toute Brakha qui ne contient pas le Nom n’en est pas une, et selon la seconde opinion toute Brakha qui ne contient pas le Royaume (divin) n’en est pas une.
Le Choul’han ‘Aroukh a consacré un Siman, composé d’un unique article, sur la nécessité que soient mentionnés le Nom et la Royauté dans le vocable de la Bérakha. Il écrit (O.H. chap. 214) : Toute Bérakha qui ne contient pas les mentions du Nom et de la Royauté n’est pas une Bérakha. Et s’il a omis (de mentionner) le Nom ou la Royauté, il fera la Bérakha de nouveau. Même s’il n’a qu’omis le mot « Ha’olam » uniquement, il devra de nouveau faire la Bérakha. Car Mélekh (le roi) n’est pas Malkhout (la Royauté).
Le Michna Béroura donne quelques précisions :
– Il s’agit aussi bien des bénédictions dites pour une jouissance que celles dites à l’occasion de la réalisation d’une Mitsva. (Au sujet celui de celui à qui on fait une saignée, il est dit qu’il dit après l’intervention : Baroukh Rofé ‘Holim, c’est-à-dire qu’il bénit celui (D.) qui guérit les malades. Le Michna Broura dira qu’il n’est pas d’usage de dire cette bénédiction avec le Nom et le Malkhout. Et même s’il y en a qui disent le Nom, il n’est pas nécessaire qu’ils mentionnent le Malkhout. En effet, il ne s’agit pas vraiment d’une Brakha, au sens légal, puisqu’elle ne débute pas par Baroukh mais par Yéhi Ratson qui est dit avant l’intervention. Pareil pour la bénédiciton du voyage, Téfilat Haderekh, dans laquelle on ne dit pas le Malkhout car ce n’est pas une Bérakha mais plutôt une demande et une prière).
– Il s’agit aussi bien d’une Bérakha longue, incluant une ouverture et une conclusion qu’une Bérakha qui ne contient que des mots d’ouverture. A moins qu’il s’agisse d’une Bérakha juxtaposée à une autre Bérakha, auquel cas on considère que la seconde Bérakha est le prolongement de la première, qui elle, contient en son ouverture le Nom et la Royauté.
– La raison pour laquelle la prière de la ‘Amida ne contient pas, dans ses bénédictions, la Royauté, est donnée par le Roch (rapporté par le Beth Yossef) : la première de ces bénédictions dit » Hakel Hagadol », expression évoquant la grandeur du Tout Puissant et pouvant se confondre avec la notion de Royauté. Or, les autres bénédictions de la ‘Amida sont la suite de cette première bénédiction. Il y a d’autres réponses à cette question.
(Selon le Rav Chlomo Zalman Auerbach (Halikhot Chlomo Téfila, 22) , quelqu’un qui remplacerait le Malkhout par une expression du genre « Avinou Hagadol », qui évoque le fait que D. soit notre père, est acquitté de sa bénédiction. Car cette idée du D. qui est notre père est proche de celle de Royauté. Il faudrait développer davantage cette idée, qui n’a pas l’air évidente de premier abord.)
– S’il n’a fait qu’omettre le mot « Ata », on considère, a postériori, que la Bérakha a été faite. (en revanche, les décisionnaires disent que de celui qui n’a pas dit le mot Baroukh n’est pas quitte car il n’a pas dit un mot clé de la bénédiction.)
– Lorsque l’on dit que la mention du Nom est rédhibitoire, on veut dire que celui qui n’a pas du tout prononcé de nom divin n’est pas acquitté. Mais s’il a mentionné l’un des noms, comme Adnout ou Elokénou, il est quitte.
– L’omission du Nom qui compromet l’acceptation de la Bérakha, est aussi bien l’omission du Nom dans l’ouverture de la Bérakha que dans sa conclusion, si elle en a une. |