Réponse:
Bien que certaines personnes pensent par erreur que le Chnayim Mikra n’est pas une obligation mais juste une recommandation facultative, il ressort des décisionnaires qu’il s’agit bien d’une obligation à ne pas négliger.
Dans la Guémara de Brakhots nos maîtres enseignent l’obligation de dire deux fois le Mikra et une fois le Targoum. Il est même dit que celui qui agit ainsi, on lui rallonge sa vie.
Le Choul’han Aroukh (O.H 285,1) reprend cette injonction. Même celui qui entend la lecture de la Torah de l’officiant doit néanmoins dire deux fois le Mikra et une fois le Targoum.
Rien n’est anodin chez les Sages, et la nécessité de dire deux fois le Mikra, et une fois le Targoum de Ounkélos contient des secrets qui nous échappent, du moins pour la plupart d’entre nous.
Certes, le Roch considère que le commentaire de Rachi peut faire lui aussi office de Targoum. Il est vrai que le commentaire de Rachi ne recouvre pas tous les mots de la Torah mais uniquement ce que Rachi considérait comme nécessitant commentaire. Toutefois, il semble que pour le Roch le Targoum de Ounkélos ne soit pas obligatoire dans la mesure où un commentaire permettrait de comprendre de Mikra.
Pourtant, le Smag, aux noms de Rav Amram Gaon et Rav Nétronay Gaon semble insister sur la nécessité de dire aussi le Targoum d’Ounkélos car celui-ci prévient du Sinay. Ce n’est pas une simple traduction mais un texte qui contient un souffle sinaïtique, pour ainsi dire.
Le Choul’han Aroukh, que nous avons mentionné plus haut, propose de dire, pour une personne ayant la crainte du Ciel, aussi bien le Targoum d’Ounkélos, que le commentaire de Rachi. Ainsi, si l’on suit cette recommandation, on y gagnera et la dimension sinaïtique du Targoum, et la vraie compréhension du texte grâce au commentaire de Rachi.
Cf. également le Maharchal sur Kidouchin (chapitre 2, 14).
Quant au Ari Zal, il enseigne l’importance du Targoum d’Ounkélos selon la Kabala. Cf. aussi le Birké Yossef du ‘Hida qui va dans le même sens.
Dans la pratique, il est donc fortement recommandé, y compris pour celui qui ne comprend pas le Targoum, de le réciter tout de même. Car la portée du Targoum dépasse, comme le disent nos maîtres, la simple traduction. Le but affiché est de comprendre davantage le texte de la Torah, mais d’autres avantages que les kabbalistes connaissent sont attribués au Targoum.
Rappelons ce que rapporte le Pri Méguadim (Michbétsot Zahav, début du chapitre 285) que le début des mots de la Paracha de Chémot contient en allusion l’injonction de Chnayim Mikra etc. Chose rapportée également par le ‘Hida dans ‘Homat Anakh au nom de Rabénou Efrayim.
Cf. également Maharal le Prague qui explique ce qui se cache derrière cette triple lecture.
Bien que le sujet ne soit pas évoqué dans la question, il est bon de rappeler qu’il existe différentes coutumes quant à la manière réaliser cette triple lecture. Certains disent deux fois chaque verset, puis disent le Targoum correspondant. D’autres procèdent de la même manière mais au lieu d’avancer verset par verset, ils lisent section par section (non pas forcément toute la Paracha lue à la Torah mais divisent la lecture selon les paragraphes internes). Il y a encore d’autres façons de lire. La plus admise étant verset par verset.
Conclusion:
Celui qui ne comprend pas le Targoum peut user d’une autre traduction pour comprendre le texte. Si possible le commentaire de Rachi, s’il le comprend. (il existe aujourd’hui des bonnes traductions en français du commentaire de Rachi sur la Bible.). Mais tout cela se fera en plus de la traduction araméenne d’Ounkélos, qui a une valeur propre, mis à part sa fonction de traduction. |