Réponse:
Le développement qui suit s’inspire largement d’une Téchouva du Birkat Yéhouda.
Voir Yérouchalmi (Brakhot chapitre 2, Halakha 7). Il y est dit que dans les endroits où l’on a l’usage de demander Chalom aux endeuillés, on peut le faire. Le Rambam écrit que l’endeuillé donne le Chalom à chacun car il s’agit d’un geste public. Le rama précise qu’il est interdit d’envoyer des mets à l’endeuillé de père ou de mère dans les 12 mois. Et ce, y compris le Chabat dans les endroits où il n’est pas coutume de dire Chalom aux endeuillés.
Mais par ailleurs le Rama interdit l’envoie de mets le Chabat, ce qui indique qu’il est de ceux qui interdisent la demande de Chalom le Chabat.
Certains ouvrages indiquent que la coutume est de dire Chalom le Chabat, du moins pour les Achkénazims. Toutefois, a priori la coutume Achkénaze ancestrale était plutôt le contraire. Il faudrait vérifier. Concernant la coutume sépharade, il y a le même problème. Puisque certains décisionnaires interdisent l’envoient de Michloa’h Manot à l’endeuillé, et que cette loi va de pair avec celle de dire ou de ne pas dire Chalom à l’endeuillé, tant que l’on n’a pas vérifié qu’effectivement l’usage est d’autoriser le Chalom il faut a priori s’abstenir.
Dans l’ouvrage Ich Matslia’h du Rabbi Matslia’h Mazouz (Yoré Déa chapitre 51) il est écrit que la coutume à Djerba et à Tunis est d’envoyer des mets à Pourim aux endeuillés et il compare cela au fait d’envoyer Chalom aux endeuillés le Chabat.
Dans l’ouvrage Guédoulat Mordekhay (tome 2, Yoré Déa, chapitre 21) il y a une analyse semblable, c’est-à-dire une comparaison entre la coutume de Tunis d’envoyer des Michloa’h Manot à Pourim et celle de dire Chalom aux endeuillés.
(il faut toutefois peut être établir une différence entre dire Chalom et s’enquérir de l’état de quelqu’un, ce que l’on appelle généralement Dérichat Chalom et qui est une action davantage problématique qu’un simple bonjour.
Le ‘Hazon Ovadia (Avélout; tome 2) permet de demander Chalom aux endeuillés sur base du Raavan qui le permet. Mais, comme le fait remarquer le Birkat Yéhouda, cela est étrange car le Raavan étudie le problème sans en conclure clairement que cela est permis. Quant au Rambam, que le ‘Hazon Ovadia rapporte également comme allant dans son sens, il n’a permis qu’à l’endeuillé de dire Chalom mais n’a pas autorisé à tous de demander de ses nouvelles. (Toutefois, concernant cette dernière critique du Birkat Yéhouda, on pourrait rétorque que puisque la raison de l’interdiction du Rambam de dire Chalom et que l’endeuillé ne doit pas manifester son deuil le Chabat publiquement, il devrait en être de même concernant les proches de l’endeuillé qui risquent de manifester des expressions de deuils s’ils ne demandent pas de ses nouvelles alors que d’habitude chacun demande le Chalom des autres.
Le ‘Hazon Ovadia s’appuie également sur les propos du Misguéret Hachoul’han qui autorise, sur base du Rambam, à l’endeuillé, de répondre Chalom à chacun, car ne pas répondre constituerait une manifestation de Avélout publique le Chabat, ce qui est évidemment interdit.
Là aussi, le Birkat Yéhouda opère la même critique que précédemment. A savoir que ce n’est pas parce que le Rambam autorise à l’endeuillé de dire Chalom qu’il autorise forcément aux autres de lui demander Chalom. Ne pas demander Chalom n’est pas forcément un signe manifeste de Avélout, alors que ne pas répondre Chalom à celui qui l’a demandé est clairement un signe de Avélout. La preuve est que le Rambam, concernant les Michloa’h Manot, interdit la chose, et nous avons déjà dit qu’a priori les deux sujets vont de pair.
On pourrait encore amener quelques preuves mais ce qui a été dit est suffisant pour établir la conclusion qui s’impose : les séfarades, sauve coutume contraire clairement établie, de demander des nouvelles de l’endeuillé. En revanche, ceux qui veulent simplement dire Chabat Chalom en signe de politesse, pourront le faire car ce n’est a priori qu’un simple bonjour. |