Réponse :
Il faut d’abord rappeler le principe de base, à savoir que toute personne qui procède à la Ché’hita d’un animal est a priori considérée comme faisant la chose conformément à la Halakha, et on peut donc manger l’animal qu’il a abattu. (Choul’han Aroukh Y.D. 1,1). Si toutefois il est présent devant nous, on doit vérifier qu’il est bien expert en la matière. (Id.)
Pour le Rama, on ne se repose sur la présomption d’expertise que si l’on n’a pas le choix, c’est-à-dire si l’on ne peut pas vérifier la qualité du Cho’het. Mais a priori, il faut aller la vérifier et ne pas se fier à sa présomption.
Aujourd’hui aussi, où la quasi-totalité des Ché’hitot se réalise à de grandes échelles de production, on peut se reposer sur ce principe de présomption, à savoir que la plupart de ceux qui s’occupent de Ché’hita sont des experts. D’autant plus que les Cho’hatims sont testés et contrôlés.
On pourrait objecter que si l’abattage lui-même est une chose relativement facile et qu’il est rare qu’un Cho’het ne sache pas abattre l’animal selon les règles (ne pas s’interrompre dans la coupure avant d’avoir terminé de couper le nécessaire, ne pas appuyer avec le couteau en profondeur, etc.), en revanche l’aiguisage du couteau est un travail beaucoup plus difficile et minutieux, et il est possible que le Choul’han Aroukh n’autorise pas à se reposer sur le couteau d’une personne dont on a pas la certitude qu’il soit un expert.
Mais le Rav Ben Tsion Aba Chaoul ne fait pas la différence. En effet, la Péguima (c’est-à-dire le fait que le couteau ne soit pas parfaitement aiguisé à un certain endroit) qui est réellement interdite selon la loi est celle qui se repère nettement en la touchant, donc repérable par tous. Mais le fait qu’il y ait une Péguima qui ne se repère au toucher que par des professionnels très sensibles, ne remet pas en question la cacheroute du couteau. Bien que bien entendu, on évite autant que possible toute Péguima, y compris les très fines.
Du coup, comme nous allons le voir, cela permet de déclarer cachère y compris les animaux provenant des grands abattoirs.
En effet, Généralement, lorsqu’un Cho’het exerçant dans un abattoir sent avoir touché l’os de l’animal (pouvant endommager le caractère aigu ou lisse du couteau), il vérifie son couteau. Si celui-ci souffre d’une très légère Péguima, il se repose généralement sur un Safek Séféka, c’est-à-dire un double doute (qui entrainera l’autorisation de l’animal) : premièrement, il est possible que ce soit la Roch qui ait raison, lorsqu’il autorise les très légères Péguimots, c’est-à-dire celles qui n’arrêtent pas le passage de l’ongle lorsque celui-ci longe la lame du couteau. Second doute qui vient s’ajouter au premier : il est possible que la lame ait été endommagée par l’os, donc après avoir abattu la bête (qui, du coup, a été coupée par un couteau cachère).
Ce raisonnement, souligne le Rav Ben Tsion Abba Chaoul, n’est valable que pour les bovins, etc. mais pas pour la volaille. En effet, dans le cas de la volaille, les Cho’hatims ne vérifient pas le couteau à chaque animal abattu mais après une grande quantité de volailles abattues. Donc, si le couteau souffre d’une Péguima, toutes les volailles abattues après ne sont pas cachère.
En conclusion, on peut manger une viande certifiée par un bon organisme de Cacherout, en se reposant sur le principe qu’une personne compétente fait correctement son travail. Si l’on ne connait pas la qualité de la cacherout de la viande qui nous est servie, si on peut éviter de manger sans vexer personne ce sera le mieux. Sinon, il est possible, parfois, de se reposer sur la présomption de savoir faire des Cho’hatims. Dans la mesure, bien sûr, où on ne craint pas que l’on soit abusé par les organisateurs/cuisiniers etc. sur la provenance de la viande. |