Est-il préférable d’organiser une Brith Mila dans une synagogue plutôt que dans une salle ?
Il y a un usage assez répandu consistant à réaliser la Mitsva de la Brith Mila dans une synagogue. Il y a à cela de multiples raisons, que le Rav Ben Tsion Moutsafi a recensé dans son ouvrage sur la Brith Mila: Brith Tsion. (Chapitre 6 article 6).
On trouve une source à cette coutume dans le fameux Ma’hzor Vitri (chapitre 505) : on lave le bébé à l’eau chaude, on le vêtit de beaux vêtements,… comme s’il entrait à sa ‘Houpa, on le porte avec majesté à la synagogue après la prière, et les fidèles se lèvent lorsqu’ entre l’enfant, et disent: Baroukh Haba. Celui qui fait entrer l’enfant répond : Béchem Hachem.
Dans un responsum du Rachba (tome 7, 536) celui-ci explique que la synagogue est destinée à la prière et à l’étude, et qu’y réside la Présence divine, et qu’il sied donc de réaliser cette Mitsva honorable en ce lieu. Il donne une allusion à cela dans un verset de Chmouel (1,23,18).
Dans l’ouvrage Zékher Lédavid il est écrit qu’il est préférable de faire la circoncision à la synagogue qui se nomme « petit Mikdach » en notre temps d’exil. De la même façon que les sacrifices étaient amenés au Beith Hamikdach, ainsi la brith Mila est comme un sacrifice et il est bon de la réaliser à l’endroit qui prend la place du temple.
On trouve aussi dans le Choul’han Aroukh de Rabbi Chnéour Zalman le Laydi cet usage. Il le justifie par la nécessité de trouver dix personnes, ce qui est plus facile de trouver à la synagogue. Selon cette raison, il semble que si l’on est certain d’avoir Minyan dans une salle en dehors de la synagogue on pourra tout aussi bien réaliser la Mitsva dans cette salle.
Dans le Séfer Habrith (265,154) cette coutume est justifiée par la volonté de ne pas vouloir fatiguer les invités à se déplacer trop loin, alors qu’à la synagogue tous sont déjà présents. Car, dit-il, tous veulent participer à cette Mitsva, et il faut leur en donner l’occasion.
Autre raison invoquée par les commentaires : la synagogue est ouverte à tous, ce qui permet à tout à chacun de s’y trouver pour le Brith. Or la lumière divine qui émane de cette Mitsva est très grande, et quiconque se trouve présent bénéficie de cette énorme lumière, qui ne sera plus aussi intense une fois le bébé rentré à la maison. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle on fait la Brakha pour sentir des plantes odoriférantes, c’est pour conserver cette lumière. Cette raison ressemble à la précédente, mais elle insiste davantage sur le fait que même celui qui n’a pas été convié à la Brith Mila veut et doit si possible y être présent, chose possible lorsqu’elle se réalise dans un lieu ou chacun peut s’y trouver.
On trouve d’autres raisons dans l’ouvrage Zekher David de Rabbénou David de Modina. Selon lui, non seulement la sainteté de la synagogue donne préséance à celle-ci, mais d’autre part, alors que dans les maisons individuelles les hommes et les femmes sont souvent mêlés -surtout si le foyer est pauvre et que la maison est petite-, à la synagogue la cérémonie se déroule dans l’ordre et la dignité.
D’autre part, dit-il, il est à craindre que la Pria prenne plus de temps que prévu, ou qu’un autre incident perturbe la circoncision, et si la maman du bébé est présente, elle risque d’être prise d’une grande peur, ce qui n’est jamais bon. (Apparemment, selon le rav de Modina, à la synagogue la maman n’était pas présente, sinon j’ai du mal à comprendre son argument. A moins que le fait qu’elle se trouve dans la partie de la synagogue réservée aux femmes diminue sa peur car elle regarde l’évènement de relativement loin ? c’est là un point à vérifier.)
Voir aussi le Tossefot dans Pessa’him (101a) duquel il ressort qu’on buvait le verre de vin de la Brith Mila à la synaguogue.
Il est possible aussi que l’usage de ne pas faire les supplications dans toutes les synaguogues de la ville car on ne les disait pas à la synaguogue où se réalisait la Brith Mila soit un appui à cet usage.
Cet usage apparait aussi chez le Rama (Y.D. 265) et du Chakh, chez le gaon de Mounkatch (Ot Chalom,265) et le Névé Chalom (Y.D. Brith Mila 26) ainsi que dans le Chout Michné Halakhot (tome 12, chapitre 186) .
D’autres préfèrent faire la Brith à la maison pour y faire venir Eliahou Hanavi.
On trouve cet usage dans le Pélé Yoets (entrée Va’ad) pour la raison que nous venons d’évoquer.
C’est apparemment aussi l’usage Yéménite.
Si la Brith se réalise à la maison, on veillera à ce qu’elle se réalise dans la propreté aussi bien physique que spirituelle. Consigne valable pour la synagogue également ou malheureusement il arrive parfois que les règles de décence et de respect de ce lieu ne soient pas respectées.
Quant au Rav Moutsafi, au vu du caractère festif exagéré et déplacé que l’on observe ces dernières années dans les Brith Mila faites dans des salles, il opte largement pour la synagogue. |
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