Celui qui a une plaie à la main, entourée d’un bandage, doit-il faire la Brakha sur la Nétila ?
Le Ben Ich ‘Hay écrit que celui qui a une plaie à la main, couverte d’un bandage, il ne lui est pas nécessaire de retirer ce bandage pour procéder à la Nétila. Il veillera simplement à verser un Révi’it d’eau sur ses mains en une fois, autrement l’eau provenant du bandage risque d’impurifier à nouveau la main. De plus, il est bon qu’il couvre le bandage d’une serviette ou d’un tissu. Si, au cours du repas, il a retiré son bandage ou qu’il est tombé de lui-même, il faudra procéder à une nouvelle Nétila, sur toute la main cette fois, car celle-ci n’a été lavé qu’à moitié. Voilà donc les propos du Ben Ich ‘Hay.
Dans le livre Halikhot ‘Olam, il est écrit que celui qui a un bandage qui dépasse la plaie à proprement parler, s’il lui est possible de retirer ce bandage pour la Nétila, il le fera, pour laver toute sa main et faire la Bérakha habituelle. Mais s’il ne lui est pas possible de retirer ce bandage, il ne pourra pas dire la Bérakha, car le bandage ne couvre pas uniquement la zone de la plaie (ce qui aurait permis de considérer que toute la partie pouvant être lavée est disponible au lavage, et la Brakha aurait pu être dite.) mais aussi une petite zone devant normalement être découverte.
Enfin, poursuit le Halikhot ‘Olam, si l’une des mains est remplie de plaies et qu’il n’est possible de laver que la seconde main, alors on pourra faire la Brakha puisque l’on a lavé toute la partie disponible au lavage.
Le Halikhot ‘Olam apporte une preuve à ses dires du Michna Broura (162, Cha’ar Hatzioun 57) qui écrit que l’on a autorisé à renoncer à la Nétila que concernant la zone douloureuse, et qu’il n’est pas possible de couvrir avec une précision totale uniquement cette zone sans dépasser !
Au final, le Halikhot ‘Olam ne permet pas la bénédiction, contrairement au Ben Ich ‘Hay.
Le problème est que le Michna Broura, justement, n’a été strict que concernant une serviette qui entoure le bandage lui-même pour le protéger de la saleté. En effet, si cette serviette dépasse le bandage, on ne pourra pas faire la Brakha car la serviette couvre une zone normalement lavable. Mais concernant le bandage lui-même, dans la mesure où il est impossible de couvrir avec une précision totale la plaie, on peut considérer que toute la partie lavable est découverte. Le Halikhot ‘Olam semble donc s’être appuyé sur une source qui dit le contraire de qu’il en a déduit. Cette remarque est celle posée par le livre Ossé Chalom, du Rav Perets (Mexique), dans lequel il tente de mettre de l’ordre dans les oppositions entre le Rav Ovadia Yossef et le Ben Ich ‘Hay.
Il ajoute que même sans convoquer le Michna Broura, il est assez logique de considérer qu’un bandage n’étant jamais posé avec une totale précision uniquement sur la zone touchée, les Sages ne se sont pas montrés stricts en ce cas.
D’autre part, poursuit le Rav Perets, la seconde source sur laquelle se base le Halikhot ‘Olam (le Chiouré Tahara) parle également d’un bandage posé sur un premier bandage ! Si bien que la remarque précédente est valable également concernant l’appel à la seconde source!
Le Rav Perets propose donc une manière ingénieuse de justifier cette glose du Halikhot ‘Olam qui parait ignorait quelque chose de simplissime : au départ, lorsque l’auteur a écrit son livre dans sa jeunesse, c’est sur la seconde partie des propos du Ben Ich ‘Hay, celle recommandant de poser une serviette sur le bandage, qu’il avait écrit sa remarque. Mais pas sur le premier cas, celui d’un simple bandage posé sur la plaie. Ce qui est, du coup, compréhensible : concernant la serviette sur le bandage, le manque de précision empêche la Brakha. Par la suite, lors des impressions successives de l’ouvrage Halikhot ‘Olam, la remarque a été placé comme se rapportant au début des propos du ben Ich ‘Hay, traitant de l’unique bandage. Depuis, personne n’y a prêté attention ou n’a pris la peine de rectifier l’erreur.
En conclusion, si l’on a un bandage que l’on ne peut pas retirer, même s’il n’est pas posé avec exactitude sur la plaie mais dépasse légèrement, on lavera le reste de la main, d’une traite, et on pourra faire la Brakha, comme l’indique le Ben Ich ‘Hay, de mémoire bénie. |
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