Réponse :
Il est interdit de préparer des pains ou des gâteaux avec du lait de peur de les manger avec de la viande. Si cela a malgré tout été fait, on ne peut pas non plus les manger seuls.
Le Tour rapporte une discussion entre le Rif et Rachi si la permission de cuire des petits pains aux lait consiste a faire une petite quantité, ou de réaliser un changement dans leur forme, qui les différencie des pains ordinaires. Selon Rachi il s’agit de préparer une petite quantité de pains ou de gâteaux, qui se mange immédiatement. Il n’y a donc pas à craindre de les manger avec de la viande à cause de l’oubli. Selon le Rif il s’agit de leur donner une forme différente, là aussi pour éviter l’oubli.
Le Rambam aussi rejoint l’avis du Rif.
Au final les décisionnaires ont retenu les deux avis, comme deux solutions pour parer au problème précité.
C’est la raison pour laquelle on mangeait de la Pachtida, qui était de la pate fourrée à la viande, parce que cela était préparé en petite quantité.
Certains décisionnaires justifient ainsi le fait que certains cuisent les ‘hallot de Chabat avec de la viande dans le même four. Si leur nombre n’est pas important, c’est parce que de toutes les façons le pain sera terminé dans son intégralité pendant Chabat.
Et si la quantité est importante et qu’il est certain qu’il va rester du pain après Chabat, l’autorisation repose sur le Rif puisque ces pains de Chabat ont généralement une forme particulière qui les différencie des pains ordinaires.
Le Darké Téchouva s’interroge sur la nature du changement à réaliser, doit-il être grand, c’est-à-dire important, ou un petit changement est également autorisé.
Nous n’allons pas rapporter l’intégralité de son développement ni des autres décisionnaires sur ce sujet, mais allons simplement rapporter ce qui nous semble être la conclusion de ceux-ci. A savoir que la question n’est pas de savoir si le signe distinctif doit être grand ou peut être petit. L’important est que ce signe puisse être reconnaissable par tout un chacun pour éviter de le manger avec l’élément opposé, lait ou viande.
S’il est patent que le pain ou le gâteau est différent, alors on se souviendra qu’il n’est pas ordinaire. Mais s’il porte un changement qu’on peut retrouver parfois dans d’autres pains ou d’autres gâteaux, il y a lieu de craindre que cela ne suffise pas à nous écarter du risque. En effet, puisqu’il existe d’autres préparation à base de farine qui ont la même forme, on ne va pas se dire automatiquement qu’il y a lieu d’être vigilant.
Le Maharit (Chout tome 2, chapitre 18) a écrit que le changement ne fonctionne que pour une préparation domestique, mais lorsqu’il s’agit d’une vente, cela n’est pas efficace car les acheteurs ne seront pas assez renseignés. Et même si on les prévient, le risque d’oublier de prévenir persiste.
Ceci dit en jetant un regard sur les écrits des décisionnaires, on se rendra compte que beaucoup n’ont suivi le Maharit que dans la théorie mais pas dans la pratique. Car souvent, les pains vendus dans les villes étaient connus comme étant à base de lait et il n’y avait pas lieu de craindre que les acheteurs ne soient pas au courant.
On peut donc en conclure que les choses dépendent en grande partie de la réalité des choses. S’il y a une réelle crainte que les gens se trompent, il faudra être prudent.
S’agissant de beignets que l’on a pétri avec du lait ou que l’on rempli avec du caramel à base de lait, il semble que là aussi cela dépend des us et coutumes. Si nous sommes dans un lieu où les gens n’ont pas l’habitude de manger des beignets avec de la viande, ou que tous savent que les beignets qui ne sont pas « natures » peuvent être à base de lait, il semble que l’on puisse les vendre parce que le risque n’est pas grand. A la condition aussi qu’il y ait une petite différence avec les beignets nature. (Aujourd’hui les beignets à base de caramel etc. sont reconnaissables de l’extérieur). Mais si nous sommes dans un lieu où les beignets se mangent par exemple dans un repas, il faudra interdire. |