Question :
Est-il préférable de faire la prière seul au moment de Hénets Ha’hama, ou en communauté mais plus tôt, dans un Minyan d’employés ?
Réponse :
Donnons d’abord ce qui sera notre conclusion :
Selon ce qu’on dit les décisionnaires, la Téfila en communauté est très importante, mais elle a un statut de commandement midérabanane, rabbinique. Il est donc préférable de prier seul au moment optimal plutôt que de prier certes en communauté mais à un moment qui n’est le bon qu’ne cas de grande nécessité. Dans le cas où sa présence permet au Minyan des aurores de fonctionner, et qu’il est donc sollicité, il s’associera à leurs minyan mais uniquement pour obtenir l’effectif requis, en revanche, sa prière personnelle il la fera plus tard, à Hénets Ha’hama.
Le Tour (58) écrit au sujet du Chéma que la Mitsva de choix est de le lire à Vatikin, donc au Hénets, c’est-à-dire, en réalit,é de commencer un peu avant ce moment pour le finir avec le Hénets, et joindre immédiatement la Téfila. C’est aussi ce qu’écrit le Rambam (lois du Chéma 1,11).
Du Rif et du Rambam il ressort que die le Chéma au Vatikin est la Mitsva telle qu’elle doit se réaliser a priori, ce n’est pas seulement une Mitsva embellie ou un « plus ». Mais le Choul’han Aroukh écrit comme le Tour, à savoir que prier Vatikin est une Mitsva Min Hamouv’har.
L’un des maitres des dernières générations, le Rav Matslia’h Mazouz dans Ich Matslia’h (tome 1, 15), a longuement traité du sujet, embrassant, il faut le dire, tous ses aspects. Il apparait de son développement que le Rif et le Rambam sont loin d’être les seuls parmi les Richonims qui pensent le Vatikin comme Mitsva a priori. Parmi eux, le Ramban ou le Rits Guiyat.
La question est pourquoi le Choul’han Aroukh n’a pas suivi son habitude, c’est-à-dire trancher selon les deux colonnes de la halakha que sont le Rif et le Rambam. Le Birké Yossef (58,2) a traité de cela, ainsi que le Ich Matslia’h. L’hypothèse de celui-ci est que le C.A devait trancher selon le Rif et le Rambam, mais finalement a préféré trancher selon l’usage généralisé qui est de prier un peu plus tard. En effet, il est impossible de statuer que tous les juifs qui ne prient pas Vatikin sont des fauteurs ou des gens qui négligent la loi. Mais, reconnait le Ich Matslia’h, là où l’on peut revenir à la loi optimale, il est certain que c’est préférable.
Le Or Létsion, lui, pense qu’il est mieux de prier en communauté après Alot Hacha’har que seul au Vatikin. Mais tous ne sont pas d’accord. En effet, la possibilité qui est donnée de prier à l’aube est exceptionnelle pour les employés qui n’ont pas le choix à cause de leur travail. Voir notamment Yabia Omer (9,108).
Cf. également le Min’hat Its’hak (9,9) qui écrit clairement qu’entre prier à 10 à l’aube ou seul au Vatikin, c’est le second choix qui est préférable.
Il est bon de rappeler l’importance et la valeur de la prière à Hénets Ha’hama, voir à ce sujet le Talmoud Brakhots (9b) au nom de Rabbi Zéra. On lit là-bas au nom d’une sainte assemblée de Yérouchalaim que celui qui juxtapose la délivrance (Gaal Israël) à la Téfila il ne lui arrivera aucun dommage tout au long de la journée. Les Tossefot s’étonnent d’une telle valorisation qui est somme toute l’apanage de tout un chacun. Quelle est la nouveauté de cet enseignement ? en réalité, disent-ils, nous parlons ici de celui qui juxtapose la Guéoula à la Téfila au moment précis de Vatikin. C’est lui qui se voit béni à ce point.
Plus loin dans la Guémara (10b) il est question du roi ‘Hizkiyahou qui agissait de la sorte et qui louait fortement cet usage. Là-bas aussi, il est question de juxtaposer la Guéoula à la Téfila, et le Maharcha, après s’être étonné de la grandeur accordée à la chose, propose de dire, à l’instar de Tossefot une feuille plus haut, que le roi priait précisément au Vatikin.
Il apparait donc que la chose la plus souhaitable est de prier seul au Vatikin. |