Question :
J’aimerai savoir si Chabbat l’on peut verser de l’eau sur de la poudre de pomme de terre ou des flocons, afin d’obtenir de la purée.
Réponse :
Le C.A tranche que celui qui met des graines de lin ou des graines de sésame, ou toute chose semblable, dans de l’eau, est coupable de l’interdit de Lach, c’est-à-dire de pétrir, car les graines se mélangent et s’accrochent l’une à l’autre.
Cette loi est inspirée de la Guémara de Zéva’him. La nouveauté de cet enseignement, c’est que d’ordinaire, il faut opérer à un mélange actif pour enfreindre l’interdit de Lach. Celui qui met de l’eau à de la farine, n’est pas encore coupable. Cela fait l’objet d’une discussion dans la Guémara, et l’avis qui a été retenu par l’ensemble des décisionnaires jusqu’au Choul’han Aroukh est que celui qui met de l’eau à de la farine n’est pas encore passible de la Mélakha, jusqu’à ce qu’il procède à un mélange réel.
Or, les Amoraim ont constaté que le mélange de certaines graines comme les graines de lin s’opère sans même qu’on ait besoin de mélanger. Il suffit d’ajouter l’eau aux graines.
(cf. l’ouvrage Mé Tal du Rav Kalmenson, à la rubrique Lach, rapportant une analyse du Rogotchover sur la Mélakha de Lach, de laquelle il ressort que cette Mélakha, selon l’avis retenu, ne consiste pas en l’association d’éléments mais en leur fusion.)
La question est de savoir quels sont les aliments qui, lorsqu’on leur ajoute de l’eau, obéissent au même propriétés ?
Les Richonims écrivent que lors du le contact de l’eau et des graines évoquées créent une substance qu’ils appellent Rir. Il s’agit, semble-t-il, d’un liquide visqueux qui est facilement observable à l’œil nu.
Certains ouvrages veulent voir dans tout contact qui engendre un agglomérat des éléments au points qu’ils ne sont plus séparables, quelque chose de semblable au problème des graines de lins que nous venons d’évoquer. C’est pour cela qu’ils interdisent, par exemple d’ajouter du lait à certains céréales fibreux, lorsque cela entraine une formation de grumeaux inséparables ou presque. Ils interdisent également, et c’est notre sujet, d’ajouter de l’eau à de la poudre ou des flocons de pomme de terre afin d’obtenir de la purée. Dès que l’eau est versée, disent-ils, il y a formations de petites masses sans même que l’on ait mélangé quoi que ce soit.
Le Or’hot Chabbat se montre apparemment plus circonspect et indique qu’il faut voir au cas par cas pour décider de l’éventuel problème.
Pour notre part, il nous semble que s ‘il est vrai que des formations de grumeaux s’opèrent immédiatement, il ‘n’apparait pas ce qui a été appelé précédemment le Rir, c’est-à-dire une nouvelle substance crée. (Nous ne parlons pas selon des définitions chimiques ou microcosmique, évidement, mais selon ce qui est visible.).
D’autre part, contrairement au contact des graines de lin avec l’eau, ou, semble-t-il , on obtient déjà le mélange souhaité, dans le cas des flocons de pomme de terre ce qui et obtenu par le contact avec l’eau n’est pas du tout le but recherché et tant que l’on a pas mélangé activement on a pour ainsi dire, rien obtenu de satisfaisant. Ce dernier point est toutefois à éclaircir car il n’empêche qu’une partie du processus de fusion est déjà en marche lors de la formations de ces masses et il est possible que cela soit suffisant pour enfreindre la Mélakha de Lach, au moins au titre de ‘hatsi Chiour.
Toutefois, même si la chose était permise, il n’empêche que pour obtenir la purée il faille mélanger activement, et cela est interdit si cela ne se fait pas selon les modalités autorisées pour le chabbat, un peu comme lorsque l’on prépare de la té’hina le chabbat, si l’on ne l’a pas préparé avant Chabbat. C’est-à-dire qu’il faut changer par rapport à la manière habituelle de mélanger, de manière verticale et horizontale plutôt que de manière circulaire.
Il y a aussi le problème de la cuisson, qu’on ne peut résoudre qu’en prenant de l’eau en Kli Chélichi, c’est-à-dire non pas déversée directement de sa source de chaleur, mais dans un premier récipient, puis dans un second, et verser depuis ce second récipient. |