Question :
J’ai oublié d’éteindre la lampe du réfrigérateur avant Chabbat. Si j’ouvre le réfrigérateur le Chabbat, la lumière va s’allumer. Ais je le droit de faire appel à un non juif pour ouvrir le réfrigérateur et le laisser ouvert par la suite ?
Réponse :
Bien entendu, l’allumage de la lumière lorsque le réfrigérateur s’ouvre, s’appelle Davar Chééno Mitkaven, c’est-à-dire qu’on considère que je n’ai pas eu l’intention d’allumer. Malgré cette absence d’intention, puisque la lumière s’allumera forcément, nous sommes dans un cas de Psik Réché, ce qui rend l’action d’ouvrir le réfrigérateur finalement interdit.
Le principe général est que ce qui est interdit pour soi, on ne peut pas demander à un non-juif de le réaliser. Mais il y a lieu de se demander si dans le cas où le geste n’est interdit qu’au nom de Psik Réché on peut demander au non juif de le faire. En effet, ce n’est l’interdit que nous commandons au goy dans ce cas mais juste l’action que l’on souhaite, qui, elle, est permise. Voir à ce sujet les explications que donne l’excellent ouvrage Chalmé Yéhonatan pour expliquer en quoi le Psik Réché pourrait être autorisé par l’intermédiaire d’un goy, bien qu’il soit interdit pour un juif.
Les décisionnaires dans leur majorité on déduit de décisions du Michna Broura à plusieurs reprises que la chose est permise. Par exemple, lorsque l’on demande à un non juif de sortir la marmite du four, mais qu’en sortant la marmite, des braises vont s’enflammer et d’autres vont s’éteindre, le Michna Broura autorise, certes lorsqu’il y a nécessité. Autre exemple : lorsque le non juif va allumer une source de chaleur pour chauffer la pièce, ce qui est autorisé parce que « tous sont considérés comme malades vis-à-vis du froid », et que cet allumage va permettre de chauffer une marmite posée près de cette source de chaleur, là aussi le Michna Broura autorise.
Le Michna Broura n’a évidemment pas « inventé » ces permissions, elles sont tirées des décisionnaires les plus classiques tels que le Maguen Avraham ou le Elia Raba, eux-mêmes puisant chez les Richonims tels que la Maharil. Certes, certains Richonims interdisent d’utiliser les services du non juif pour un acte « Psik Réché ». Mais ce sont les autres Richonims qui, apparemment, ont été suivis. A noter que le Gra interdit lorsqu’il s’agit d’un Psik Réché Délo Ni’ha Lé, c’est-à-dire lorsque l’interdiction accomplie procure un bénéfice souhaité.
Revenons au réfrigérateur : en ouvrant le réfrigérateur, la lampe installée à l’intérieur s’allume. Mais ce n’est pas mon intention, qui était simplement d’ouvrir la porte de ce réfrigérateur pour sortir les aliments que je souhaite. Nous sommes donc dans un cas de Psik Réché. Il sera donc normalement autorisé de demander à un non juif d’ouvrir le réfrigérateur. Même selon le Gra qui n’autorise que dans le cas où la transgression n’apporte pas de bénéfice, il est probable que la chose soit permise. En effet, je ne souhaite pas particulièrement que la lumière s’allume. Non pas parce que c’est un problème halakhique : ce ne serait pas un argument tenable puisque nous jugeons d’un bénéfice au sens strict et pas d’un évitement de problème halakhique. Mais parce que s’il est indéniable que la présence de lumière constitue un plus, cela est loin d’être indispensable, surtout si la pièce est éclairée.
Même selon ceux qui se montrent strict et qui évitent le Psik Réché y compris par l’intermédiaire d’un non juif, ils reconnaissent que la chose sera permise en cas de grande nécessité. Ainsi, même selon eux on pourra faire ouvrir le réfrigérateur s’il y a un malade ou un très jeune enfant à la maison. Peut-être vaudra-t-il mieux selon eux, demander la chose au non juif de manière allusive.
Il ne faut pas oublier également que les repas du Chabbat sont une Mitsva et que pour une Mitsva on se montre moins strict qu’à l’habitude.
Pour toutes ces raisons, il semble qu’il soit permis de faire appel à un non juif pour ouvrir la porte du réfrigérateur. Si on peut la laisser ouverte ensuite, cela vaudra mieux, car la refermer n’est pas vraiment utile pour le chabbat. |