Question :
Bonjour rav j’aimerais savoir si lors de l’accouchement la femme devient-elle nida? Si oui, ai-je le droit d’y assister sachant que quand la femme est nida on a pas le droit de la voir pas tsniouth et ai-je le droit de lui donner la main ?
Réponse :
Effectivement l’accouchement rend la femme Nida. La femme devient nida selon le Rav Eliahou dès qu’il y a une ouverture de 4 centimètres. (même s’il n’y a pas de sang).
Le Rav Eliahou précise aussi que si personne ne peut l’aider à monter dans l’ambulance, son mari peut la toucher, si possible avec un vêtement qui fera écran.
Mais l’on peut rester dans la salle d’accouchement sans regarder les parties du corps habituellement couvertes.
Le Rav Eliahou dans Darké Tahara parle d’une situation où la femme est malade et qu’elle demande l’aide urgente de son mari. Il dit que si personne d’autre ne peut l’aider, y compris en payant quelqu’un, ceux qui tranchent comme le Rama autorisent. Et que même parmi ceux qui tranchent comme le Choul’han Aroukh, il y en a, en cas d’extrême nécessité, qui s’appuient sur le Rama. Certes, rappelle-t-il, le contact de la femme Nida est une transgression qui ne souffre d’aucune exception, mais dans le cas où ce n’est pas un contact qui entraine le plaisir, c’est une interdiction rabbinique, autorisée en cas de maladie comportant un danger.
Normalement on ne peut pas donner la main pendant l’accouchement, puisque la femme est Nida. Ceci dit, si elle en éprouve particulièrement le besoin, on pourra autoriser .
Il est préférable qu’elle donne la main à une femme comme sa mère, par exemple, mais s’il n’y a que le mari ou si elle ne veut que son mari, il sera toléré de lui donner la main.
Après l’accouchement, il sera interdit de se toucher jusqu’à ce que la femme se trempe au Mikve, une fois purifiée.
Il est vrai que parfois c’est une situation de ‘hola shéyesh ba sakana et on craint que la femme perdre toute lucidté. Là, c’est déjà un cas de danger et il est même obligé de l’aider. Certes le Beth Yossef laisse entendre qu’il faut suivre le Troumat Hadechen et d’autres qui considèrent que même en cas de danger on ne peut pas enfreindre l’interdit d’être en contact avec une femme qui nous est considérée comme Erva. Mais beaucoup de maitres ont plutôt suivi l’opinion du Chakh’ qui permet certains contacts en cas de danger lorsqu’il ne s’agit pas de véritable plaisir.
Certains séfaradim aussi suivent le Cha’h.
Même s’il n’y a pas de réel danger de vie, si elle tient absolument à ce que son mari (et personne d’autre) lui tienne la main, c’est toléré selon certains. Cf. Rama (Yoré Déa,195, 16), Chout Aradbaz (4,2, soit le siman 1076) cité par le Pit’hei tshouva (yoré déa, 195, sk.15).
Même d’après les décisionnaires ashkenazims il est préférable de minimiser le contact autant que possible et si on dispose de gants pour cela, c’est mieux qu’un contact direct.
Il faut préciser à nouveau qu’il ne s’agit pas d’autoriser Lekhat’hila de donner la main à sa femme qui accouche, mais uniquement en cas de grand besoin, c-à-d qu’elle se sent paniquée et ressent le besoin d’être rassurée par son mari uniquement, et en lui tenant la main uniquement .
Cela ne veut pas dire que toutes les femmes qui accouchent ont besoin d’etre soutenue par la main, certaines peuvent parfaitement s’en passer. Mais une femme qui en éprouve le besoin et dont la main de sa mère ne fait pas l’affaire et que le lui refuser lui ajouterait à son stress, c’est différent. Et bien entendu, comme mentionné plus haut, s’il est possible de la rassurer tout en ayant un gant, il faudra le mettre. Ou si l’on peut la rassurer par la seule parole, sans contact, il sera interdit de prendre sa main. On se base essentiellement sur le Chakh et sur d’autres arguments halakhique liés à la réalité de la situation. |