Question :
Dans certaines communautés, les cohanim attendent le mariage pour faire birkath cohanim. Pourtant l’opinion prédominante aujourd’hui est de bénir la communauté même en étant célibataire. Des fois cela entraine des désaccords, voire des conflits !
Réponse :
La Halakha ne dit pas qu’il faille être marié pour bénir les fidèles. Un célibataire peut tout aussi bien le faire. Mais il est vrai que certaines communautés séfarades ont cette coutume et réservent la Birkat Cohanim aux mariés. Cela était répendu en Afrique du Nord, comme chez les marocains ou les Djerbiens (Brit Kehouna, Noun, 2), mais à Tunis les célibataires faisaient la Birkat Cohanim (Zé Hashoul’han p.212)
L’argument avancé est que le célibataire n’est pas encore plongé dans la joie, ce qui est contraire à l’esprit de la Birkat Cohanim qui doit être faite dans la joie. On trouve de telles considérations chez le Mordekhi (Meguila,815), chez le Maharam de Rothenbourg (345) et chez le Shibolei Haléket (23) , qui affirme que l’endeuillé qui change de place à la synagogue ne devra pas faire Birkat Cohanim car il lui manque la joie, tout comme les célibataires.
Pour ceux origianires dAfrique du nord il faut donc a priori garder ce Minhag. Ceux qui habitent désormais en Israël, peuvent changer de coutume.
Il y avait une coutume, encore répandue en dehors d’Israel, chez les Ashkenazim, de ne pas faire la Birkat Cohanim du tout ni en semaine ni à shabbat, mais seulement à Yom Tov. Le Rama (Darkei Moshé OH,128) l’explique en disant qu’en semaine on n’est pas assez joyeux, occupés par le travail. Et pour Shabbat, on est encore dans l’ « ambiance » du stress de la semaine. Mais à Yom Tov, on est forcément joyeux et c’est même une Mitsva.
En Israël , cette coutume est de moins en moins répandue. L’importance de la Birkat Cohanims y est pour quelque chose. On raconte que le Rav Steiman lorsqu’il avait voyagé à l’étranger, déjà très vieux, s’efforcer de trouver un Minyan Séfarade pour ne pas perdre l’occasion d’être béni par les Cohanims….
Même dans les communautés séfarades en France et ailleurs, il est fréquent que les communautés soient assez mélangées avec des personnes d’origines diverses. Et que donc les jeunes célibataires fassent également la Birkat Cohanims.
Quoi qu’il en soit, il est évident qu’on évitera absolument toute dispute liée à ce sujet (et à d’autres). En effet, une coutume, aussi importante soit elle, ne justifie pas que l’on se dispute pour elle. Le Maguen Avraham dit qu’on ne se dispute pour aucune Mitsva. Il vaut mieux renoncer à sa coutume que de participer à toutes les transgressions liées généralement aux disputes : Lachon Hara’, mépris d’autrui, transgression de l’injonction « tu aimeras ton prochain comme toi-même », perte de temps et d’énergie, manifestation de colère, etc. Sans parler du ‘Hiloul Hachem que provoquent généralement ce genre de situation où jeunes et moins jeunes ne comprennent pas pourquoi on se dispute dans un endroit où doit régner la sérénité.
Mais, point important, ce serait absurde de se disputer au sujet de la Birkat Cohaninms, qui, justement, doit être vécue avec joie et amène la paix, comme le texte même l’indique clairement. Ce serait manifester tout le contraire de ce que cette Mitsva propose !
Il est donc indispensable, comme nous l’indiquons généralement pour ce genre de situation, de consulter et surtout d’écouter le Rabbin de la communauté. C’est justement son rôle que d’indiquer la voie à suivre lorsqu’il y a désaccord. Le problème est que souvent les gens ne savent pas se plier aux directives de leur rabbin.
Si le rabbin lui-même pose la question, et qu’il n’y a pas de coutume bien ancrée dans cette communauté, il semble que celle-ci doit rejoindre le Minhag classique de laisser les Cohanims célibataires dire aussi la Birkat Cohanims, il n’y a pas de raison de les en empêcher. |