Question :
Dans les kollelim ou dans les lieux de travail, où chacun amène son repas, et le mange à la pause de midi dans le réfectoire ou dans un lieu commun, comment doit-on procéder pour le zimoun, dans la mesure où chacun mange sans attendre les autres, et les différentes personnes ne se mettent pas à table ensemble ?
Réponse :
La guémara dans Brakhots 45a dit que trois personnes qui mangent ensemble doivent faire le Zimoun. Le Ritva explique qu’il s’agit de personnes qui se réunissent ensemble pour le repas, en se disant « allons manger notre pain ensemble » ou qui simplement se réunissent, ce qui est une manière de fixer un repas ensemble. Il écrit également que ce n’est pas le fait d’être assis ensemble qui est déterminant, puisqu’il arrive que des personnes s’assoient l’une à côté de l’autre sans pour autant avoir l’intention de se lier l’une avec l’autre et sans s’attendre mutuellement pour manger. Mais c’est la décision de fixer un repas ensemble et de s’attendre, comme le font des personnes formant un groupe, qui est décisive.
Le Réhé, le Or Zaroua (150), ou encore le Méiri, ont des définitions qui vont dans ce sens également.
Pourtant, le Or Zaroua a l’air de se contredire puisqu’il écrit (204) également que dans une maison unique, il n’est point besoin que les personnes entrent ensemble. Ce qui sous-entend qu’il n’est point nécessaire qu’ils aient une intention commune. On peut répondre que lorsqu’il n’y a qu’un seul groupe effectivement il n’est pas nécessaire d’avoir une intention commune. Mais lorsqu’il y a deux groupes, ils ne peuvent être réunis que par l’intention de fixer leur repas ensemble. Il y a d’autres réponses mais nous nous contenteront de celle-ci.
Le Choul’han Aroukh tranche (195, 1) que deux groupes qui mangent dans une maison ou deux maisons, s’ils peuvent se voir ne serait-ce que partiellement, ils peuvent s’associer au zimoun. Et que s’il y a un serveur commun, celui-ci constitue également un facteur de réunion, à condition qu’ils soient entrés au départ dans le but de se réunir.
Le Maguen Avraham comprend des propos du Choul’han Aroukh que même dans une seule maison, on ne peut pas s’associer sans intention commune au départ de se réunir.
Le Or Létsion (tome 2, 13) va dans ce sens. Selon lui, le Choul’han Aroukh suit l’avis de la majorité des Richonims pour qui il n’y a pas de différence entre une maison ou deux, l’essentiel étant de s’être réunis dès le départ pour manger ensemble.
Le Péta’h Hadévir rapporte la coutume de ne pas faire le Zimoun à 3 la veille de Tichea Béav. Dans son développement, il ressort que la raison principale en est que les personnes ne souhaitent pas manger ensemble la veille de Tichea Béav, meme si concrètement ils sont assis ensemble. Selon lui, même le Roch serait d’accord avec cela, bien que d’ordinaire le Roch se contente d’une décision de s’associer ensemble au milieu du repas. Ici, il manque cette volonté.
Le Graz (195,2) traite du cas où plusieurs groupes entrent les uns après les autres, sans que les premiers aient eu l’intention de s’associer avec les suivants. Dans ce cas, même s’ils se sont réunis par la suite, ce n’est pas suffisant et chaque groupe devra faire le zimoun pour lui-même. Cette situation est fréquente lors de grandes réceptions tels que des mariages, ou les convives n’arrivent pas tous ensemble. Ceci n’est pas l’avis du Echel Avraham (Boutchatch 193) qui stipule que ceux qui sont attablés à une table commune peuvent faire le zimoun ensemble.
Conclusion : dans l’ouvrage ‘Hiyitani Nafchi (Brakhot 195), l’auteur, au vu d’une certaine ambiguïté concernant l’avis du Choul’han Aroukh, opte pour l’explication qui lui semble la plus juste : le Choul’han Aroukh établit une différence entre le cas où les groupes entrent dans deux maisons différentes, où il est nécessaire qu’ils aient eu l’intention dès le départ de s’associer. Et le cas où ils entrent dans une maison, où on peut se reposer sur l’avis du Roch et décider de se réunir même avant la fin du repas. Ce qui veut dire que dans un kollel ou dans un lieu de travail, si chacun mange dans son coin mais dans une pièce, ils pourront s’ils le souhaitent se réunir pour faire le Zimoun. Mais l’auteur précise qu’il ne parle que du Zimoun à trois. Pour le Zimoun à 10, où il y a mention du Nom de D., il faudra s’abstenir là où il y a divergence d’opinion et le seul cas qui fera l’objet d’un consensus pour faire le Zimoun à 10 est celui où dès le départ ils se sont réunis pour manger ensemble. |