Question :
Puis-je avoir des précisions concernant l’interdiction de parler aux toilettes ?
Réponse :
Nous allons répondre en reproduisant un texte écrit par le Rav Cohen Arazi dans l’un de ses ouvrages à paraitre, et traitant précisément de ce sujet.
Interdiction de parler :
Le Rama énonce : « On devra s’abstenir de parler [dans les toilettes] et il conviendra de fermer la porte pour des raisons de pudeur ». Les Cabalistes ont ajouté une autre raison : selon eux, un démon, « présent » dans les toilettes, incite à fauter si l’on y parle. Dans le même ordre d’idées, il ne faut pas donner l’occasion aux forces extérieures (les ‘Hitsonim) d’exercer une emprise sur la voix de l’homme, censée être dirigée vers ce qui est saint.
De façon pratique, cela se traduit de la manière suivante ainsi que l’indique le Michna Beroura : « Si l’on doit parler pour une raison urgente, il semble que la chose soit permise tant que l’on n’a pas commencé à faire ses besoins . En revanche, si l’on est en train de les faire, il ne faut pas parler, y compris pour une raison très urgente. Si la porte des toilettes n’est pas fermée à clé et qu’une autre personne souhaite y entrer, l’occupant poussera un ronflement afin de faire savoir que les toilettes sont occupées mais il s’abstiendra de parler. Si les Sages ont permis aux femmes de parler dans des toilettes publiques se situant dans des champs, dans la cour d’une synagogue, etc., c’est parce que tel était leur emplacement dans les temps anciens et il fallait, en parlant, que les femmes puissent avertir qu’elles occupaient les toilettes afin que nul n’y entre et ne commette l’interdit de s’isoler avec l’une d’elles (Yi’houd) ».
Dans le cas d’un enfant assis sur le pot ou dans des cas similaires de nécessité, il sera permis à la mère de lui parler lorsqu’elle-même se trouve dans les toilettes, puisqu’elle n’y est pas pour elle-même.
Certains décisionnaires ont indiqué que l’interdiction de parler aux toilettes ne s’applique que lorsqu’on y pénètre dans l’intention d’y faire ses besoins. En revanche, si l’on y entre afin de chercher du papier toilette ou de nettoyer le sol par exemple, parler est permis . Rappelons qu’il est autorisé de parler dans une salle de bains.
De nos jours, l’hygiène des toilettes a beaucoup progressé et il semble qu’y parler – tant que l’on n’y fait pas ses besoins – soit beaucoup plus facilement autorisable et ce, d’autant plus que le Or Létsion estime que le statut de « toilettes » ne s’applique pas à toute la pièce mais uniquement au siège proprement dit et à la surface se trouvant au-dessus. Ainsi, certains décisionnaires autorisent même d’y prononcer brièvement quelques mots si se taire doit entraîner une perte d’argent. De même, y parler au téléphone est autorisé dans le cas où l’on attend un appel important et que l’on risque des pertes financières en n’y répondant pas.
D’autre part, il y a quelques règles de comportement aux toilettes, comme suit :
Le Choul’han Aroukh établit qu’« on doit se comporter avec pudeur dans les toilettes et ne se découvrir qu’une fois assis ».
En regard de cette prescription, il nous apparaît important de préciser deux éléments. De nos jours, les toilettes ne sont en rien semblables aux lieux d’aisances d’antan qui ne comportaient souvent ni fermeture ni clôture. De plus, les populations de l’époque portaient, en pays musulmans, de longs vêtements appelés « Djélaba » que l’on pouvait soulever facilement. Or, de nos jours, la façon de s’habiller diffère considérablement et les toilettes se situent en des lieux clos. C’est pourquoi de nombreuses prescriptions halakhiques ont dû, elles aussi, subir des modifications à ce sujet ; par exemple, on ne pourra plus demander de retirer son pantalon une fois assis car la chose est impossible.
Le Rama indique qu’il convient de fermer la porte après être entré dans les toilettes afin que nul n’y pénètre pendant qu’on les occupe. Il faudra également veiller à fermer la porte à clé pour ne pas risquer que quelqu’un l’ouvre subitement . Si une odeur nauséabonde envahit les toilettes et que ces derniers sont plongés dans l’obscurité, on sera autorisé à laisser la porte ouverte pour aérer la pièce . Il apparaît évident que si l’on sait que l’on se trouve seul dans la maison, on pourra ne pas fermer la porte à clé.
Le Choul’han Aroukh recommande de ne pas s’asseoir avec trop de précipitation et de ne pas trop « forcer » car c’est nuisible à la santé. De plus , il ne faut pas montrer d’empressement à vouloir sortir des toilettes ; au contraire, on s’assurera que l’on s’est totalement soulagé avant de les quitter.
Nous constatons qu’il existe, dans nombre d’endroits, des urinoirs non clos. Est-il permis de s’y rendre sans que cela porte atteinte aux lois de la pudeur ? Les décisionnaires rapportent à ce sujet les propos du traité Bekhorot 44b où les Sages vont jusqu’à interdire de se comporter avec pudeur dès lors qu’il s’agit d’uriner et ce, afin de ne pas se retenir et mettre sa santé en danger en l’absence d’urinoirs clos.
Il serait théoriquement possible d’installer des séparations entre chaque urinoir mais on perpétue la pratique d’antan où cela n’était pas faisable. De plus, sur le plan technique, si l’on prenait le soin d’installer des séparations et des clôtures, on perdrait en quantité d’urinoirs et cet état de fait entraînerait qu’on se retienne d’uriner. Bien entendu, il est fortement indiqué de construire des urinoirs clos si cela n’entraîne pas de perte sur leur quantité. Aussi, si l’on a le choix entre des urinoirs clos et des urinoirs non clos, on préfèrera ceux qui le sont à ceux qui ne le sont pas . |