Question :
Celui qui ne se souvient plus s’il a éteint la lampe du réfrigérateur avant Chabbat, peut-il ouvrir la porte du réfrigérateur dans le doute, pour se servir de ce dont il a besoin ?
Réponse :
Nous sommes dans un cas de figure qui s’appelle Safek Psik Réché Léchéavar.
C’est-à-dire que même si le principe de Pssik Réché interdit d’opérer une action si celle-ci va indubitablement entrainer un interdit, dans le cas précis qui nous concerne, nous ne sommes pas certains de l’interdit.
Le cas qui peut nous servir de référence est celui d’une boite ouverte autour de laquelle tournent des mouches. En fermant la boite, nous ignorons si nous enfermons les mouches, ce qui est normalement interdit. Pourtant, certains autorisent de fermer la boite. L’une des raisons évoquées par le Taz est que si nous ignorons si des mouches se trouvent effectivement à l’intérieur, nous sommes dans un cas de doute, et l’action n’est pas interdite parce qu’elle n’entraine pas à coup sur un interdit.
Le Biour Halakha traite longuement de la décision du Taz. Elle lui parait de premier abord étonnant : nous sommes dans un cas de doute. Or nous avons un principe qui dit que dans un doute qui concerne un interdit de la Torah il faut se montrer strict. Il en est de même ici où nous ignorons si des mouches se trouvent à l’intérieur de la boite. Certes, on autorise une action qui n’entraine pas à coup sur un interdit. Car l’intention n’y est pas. Mais cela est dit lorsqu’il n’est pas certain que l’action amène un interdit. Alors que dans notre cas l’action entraine à coup sur un interdit, et le doute ne porte que sur la réalité que nous ignorons : y a t-il des mouches ou pas ?
Mais, finalement, le Biour Halakha apporte des soutiens à l’avis du Taz, notamment chez le Ramban.
A priori, on pourra donc ouvrir la porte du réfrigérateur en se basant sur cette analyse du Taz et du Biour Halakha.
On peut trouver des considérations semblables dans le Ménou’hat Ahava du Rav Moché Lévy (1,24,20). Il autorise à ouvrir le réfrigérateur en pareil cas car dans le doute il ne s’agit pas d’une action voulue (celle d’allumer). Il rapporte le Taz en précisant certes que le chassage de mouche en pareil cas est de toute façon un interdit rabbinique. Mais il prétend que cela sera valable aussi pour un interdit d’ordre toranique, puisque la logique reste la même : une absence d’intention.
Il est évident également que si nous sommes en présence d’un non juif on pourra lui demander d’ouvrir le réfrigérateur sans problème. Même s’il était certain que la lumière s’allumerai, il y aurait des raisons d’autoriser par l’intermédiaire d’un non juif. A fortiori dans le cas où il y a un doute. Même s’il n’y a pas de non juif à notre portée mais un jeune enfant, on pourra se servir de lui pour ouvrir la porte du réfrigérateur lorsque nous avons un doute sur un allumage éventuel de la lampe.
Si la porte a été ouverte et qu’il s’avère que la lumière s’est allumée, les décisionnaires précisent qu’on pourra également se servir d’une jeune enfant avec un chinouy, c’est-à-dire de manière inhabituelle, ou d’un non juif pour refermer. Eteindre une lumière est en effet moins grave que d’allumer.
Conclusion :
Si l’on ne se souvient plus si l’on a éteint la lampe du réfrigérateur avant l’entrée du chabbat, on pourra ouvrir la porte sans craindre d’enfreindre un interdit. Nous sommes en effet dans un cas Psik Réché incertain, c’est-à-dire que nous avons un doute si l’action que nous accomplissons entrainera une autre action interdite. Cela revient à dire qu’il y a une absence d’intention dans cette action et elle sera permise. |