Question :
J’ai entendu dire que durant les Chovavims il est bon de dire, chaque jour, un livre de Téhilim (c’est-à-dire une partie des Téhilims, qui est divisé en plusieurs sfarims). Dois-je le faire y compris si, à la place, je peux étudier d’autres choses comme la Michna ou la Guémara ?
Réponse :
Cf. le livre Yessod Tsion du Rav Ben Tsion Moutsafi. Les sources qui suivent sont tirées de cet ouvrage.
Le Midrach (Cho’har Tov Téhilim, 1) raconte que le roi David a demandé à ce que son livre soit lu à toutes les générations et que cette lecture soit considérée comme l’étude des lois de Négaims et Ohalots, c’est-à-dire comme l’étude de sujets pointus touchant à la pureté et son contraire. En effet, il y a dans la récitation des Téhilims une dimension en rapport évident avec le chant et la prière. Malgré cela, David souhaite que cette lecture soit considérée comme une véritable étude de la Torah.
Le ‘Hida en vient à dire, s’appuyant sur ce Midrach, que les Téhilims sont favorables à la réparation de la grave faute du Pgam Habrit, tout comme l’étude des traités de Taharots touchants aux lois de pureté. (cf. Pné David Chémot, une allusion à cela dans le premier verset du livre de Chémot). Il recommande donc de dire chaque jour un sefer tiré du Téhilim, pendant la période des Chovavims, déjà propice au pardon.
Rabbi ‘Hayim de Faladji (Moed Lekol ‘Hay 28) écrit également que la récitation des Téhilims est propice au pardon de la faute de Kéri.
Le Rav Ben Tsion Moutsafi dans son ouvrage Yessod Tsion (1,16) rapporte que cela amène la Guéoula, la Délivrance et rapporte également plusieurs allusions à cela, comme les initiales du verset « Zakhor Hachem Mé Haya Lanou » (Ekha 5,1) qui forment le mot Mila : on voit que le pénible exil raconté dans Ekha est conséquence des fautes dues à la Mila. La réparation de ce type de faute amènera donc la Guéoula.
Le ‘Hida (introduction à Yossef Téhilots, 2), au nom de Rabbénou Efrayim, nous apprend que celui qui dit les Téhilims est considéré comme ayant non seulement prié mais aussi étudié !
Le Echel Avraham de Boutchat (O.H 238) avance que puisque dire les Téhilims est considéré comme l’étude de Michnayots, on pourra le faire la nuit. Et ce, bien que d’ordinaire on considère qu’il n’est pas recommandé de réciter des passages de Torah écrite la nuit. (Selon le Arizal, on ne mêle pas l’étude du Mikra, qui procède du principe de rigueur, le Din, avec la nuit, qui procède également du Din : ce serait un cumul trop important de Din). Ceci dit, le Rav BT Moutsafi, dans l’ouvrage précité, se montre plus prudent : il est de notoriété que l’on ne déduit pas une conduite halakhique à partir de propos de Agada. Or le Midrach qui met sur un pied d’égalité la récitation des Téhilims et l’étude des Michnayots est une Agada. Son enseignement est davantage moral que pratique. Il ne faut donc pas en déduire, selon le rav Moutsafi, une autorisation à dire les Téhilims la nuit. (il arrive parfois que l’on autorise à réciter des Téhilims la nuit pour la guérison d’un malade, etc., mais c’est une autre affaire. ). En fait, même si le midrash compare les Téhilims à la Michna, ce n’est pas la même chose. Pour preuve, ce que dit Rabbi ‘Hayim de Volozin : il veut prouver que la recherche du Lichma, c’est-à-dire du désintéressement dans l’étude, n’est pas la Dvékout. Autrement dit, dans l’étude on ne recherche pas l’extase de l’intimité avec le Très Haut. La preuve, dit-il, c’est que David a souhaité que les Téhilims soient considérés comme les Michnayots. Or si le but recherché était la Dvékout, les Téhilims sont déjà un moteur de Dvékout par excellence. Puisqu’ils stimulent moins l’effort intellectuel que la sensation de rapprochement avec le Créateur !
Nous voyons donc que si les Téhilims sont loin de constituer une simple prière mais sont aussi considérés comme une étude, ils ne peuvent pas remplacer complètement celle-ci. C’est pour cela que la conduite à adopter durant les Chovavims pour ceux qui le souhaitent devrait être celle-ci : en plus de l’étude quotidienne classique de la Tora, réserver un temps à la lecture des Téhilims pour le pardon des graves fautes.