Question :
Lorsque j’achète un vêtement et que j’ignore la présence éventuelle de Chaatnez, puis je me fier à l’étiquette collée/cousue au vêtement et indiquant les différents composants et tissus utilisés ?
Réponse :
Nous allons donner quelques éléments de réponse, valables pour la situation qui prévaut actuellement. Certaines données peuvent changer, il est donc toujours bon de se renseigner avant de décider d’envoyer ou non le vêtement à la vérification.
Beaucoup parmi les informations qui suivent sont tirées d’un ouvrage récent, le Diné Chaatnez du Rav Ades, qui a apparemment mené une petite « enquête » dans le domaine.
– Il faut savoir que ces dernières années le contrôle exercé sur les vendeurs/importateurs etc. en ce domaine est très faible, parfois absent. A cela diverses causes : le manque de personnel pour effectuer ces contrôles, le manque d’intérêt de la part du ministère responsable, l’absence d’un budget conséquent octroyé à ces mêmes agents, etc. quoi qu’il en soit, il arrive souvent qu’un costume étiqueté 100 % laine soit en réalité composé à 100% de matières synthétiques !
– Un étiquetage correct devrait prendre en considération les différentes compositions de chaque modèle de costume. Or cela s’avère fastidieux voire couteux pour les importateurs : ceux-ci préfèrent faire imprimer deux ou trois sortes d’étiquettes qui seront collées à tous les costumes avec, évidemment, une grande approximation. D’autres, pour pallier au problèmes des étiquettes couteuses, adoptent une autre solution : ils font imprimer un seul type d’étiquette avec l’ensemble des matières utilisées, puis complètent manuellement l’étiquette en indiquant, en face du composant, sa proportion dans l’ensemble du vêtement. Mais ce procédé s’avère tout aussi problématique : par manque de temps et par manque d’espace entre les différents composants indiqués sur l’étiquette, de très nombreuses erreurs sont effectuées. Il est fréquent, par exemple, que le responsable se trompe de ligne…
– Même en considérant que chacun effectue son travail correctement, il ne faut pas oublier que la loi oblige à noter un composant uniquement si celui-ci représente 15%, au moins de l’ensemble du vêtement. Dans la mesure où le mélange Chaatnez peut poser problème y compris lorsque le lin ou la laine sont présents en proportion moins grande que cela, l’étiquetage n’aide pas toujours.
– D’autre part, la loi n’oblige qu’à préciser les matières qui constituent l’essentiel du vêtement. A l’exclusion de certaines parties du vêtement qui sont là pour comme renfort, comme certaines doublures, fils de bouton, etc. là aussi, le Chaatnez n’a pas ces indulgences. Pour exemple, il arrive parfois qu’un pantalon contienne de la laine au niveau de sa « ceinture », ou que des boutons soient cousus avec des fils de lin, sans que cela soit précisé.
Il arrive souvent, dans les endroits peuplés de juifs religieux, en Israel comme ailleurs, que les magasins procèdent à une vérification d’échantillons, pour faciliter la vie aux acheteurs et les attirer. Peut ton se fier à ces vérifications ?
Là aussi, notre réponse se veut dépendante de la situation actuelle : évidemment, si des échantillons ont été vérifiés, le problème est beaucoup moins lourd. Mais malheureusement, tous les vendeurs ne sont pas emprunts de yirat chamayim. On ne peut donc pas toujours leur faire confiance. Envoyer un échantillon n’est pas aussi simple que cela puisse paraitre : chaque modèle de costume est différent, il faudrait donc faire vérifier de nombreux modèles. Le problème est accru lorsqu’il s’agit de vêtement pour dames : ils sont tous différents ! si nous parlons de crainte du Ciel du vendeur c’est bien parce que faire vérifier sérieusement tout ce qui doit l’être demande un investissement en temps et en argent !
Enfin, peut-on se fier tout simplement aux dires du vendeur qui certifie connaitre les différents composants du vêtement ?
Là aussi, les choses ne sont pas simples : les procédés de fabrication mais aussi le nombre de matières utilisées a nettement augmenté depuis les temps « anciens ». Ne croyons pas que les commerçants connaissent précisément ce qu’ils vendent. Même s’ils sont armés des meilleures intentions, ils ignorent parfois ce qu’ils ne savent pas ! Quant à la reconnaissance des matières composant le vêtement, là aussi, difficile de se fier aux dires du vendeurs : certaines matières sont bien cachées. Même si ce n’est pas le cas, qui sait aujourd’hui distinguer le lin d’autres matières à vue d’œil, alors que notre rapport avec la nature est de plus en plus aléatoire ?
Conclusion : se fier à l’étiquette ou au vendeur n’est pas conseillé. Les vérifications d’échantillons sont parfois bonnes, il faut évaluer la fiabilité du vendeur. Le mieux est de faire vérifier le vêtement, ou au moins de questionner un professionnel du Chaatnez sur la nécessité d’une telle vérification.