Question :
une fille qui a fait Téchouva et s’apprête à se marier, et qui n’est pas vierge, que doit t- on écrire dans sa Kétouva ?
Réponse :
Cette question doit être traitée au cas par cas. Cela dépend du contexte, de l’usage en vigueur, et de l’appréciation du Rav qui s’occupe de ce mariage.
Quoi qu’il en soit, les lignes qui suivent ont un caractère purement indicatif, pour saisir quel est l’enjeu de la question.
On trouve chez le Maharam Minz (109, remarque 7) des considérations sur ce problème : puisque l’usage Ashkénaze est d’écrire dans la Kétouva la formule « Bétoulta Hadin » (« cette femme vierge ») que fait-on lorsque ce n’est pas le cas, et que la femme n’est pas vierge ?
Il rapporte que certains écrivent tout simplement le nom de la femme sans aucune précision (par exemple : « Léa ») car ils considèrent comme un Gnay (une formule méprisante) d’écrire Béoula (non-vierge). Mais il préfère un autre usage, celui d’écrire Béoula, car l’omettre pourrait amener à un problème dans le futur : celui que cette femme soit amenée à se marier dans le futur (par exemple, après le décès de son mari actuel) à un cohen. Or on ne connait pas l’identité de celui qui lui a fait perdre sa virginité. Il peut s’agir d’une personne qui rende interdit le mariage de cette femme à un cohen. Quant à se fier au dire de cette femme quant à l’identité de ce monsieur, ce n’est pas évident, halakhiquemant parlant.
Le Ba’h aussi, comme le Maharam Minz, opte pour la formule « Béoula ».
Mais un grand maitre, le Na’halat Chiva, (12,15,3) préconise de ne rien préciser. Qu’en est – il de la crainte qu’elle se marie avec un Cohen ? il est possible qu’il considère que le fait de n’avoir justement rien précisé, c’est-à-dire de n’avoir ni écrit Bétoula ni Béoula, mais simplement « itéta » (femme) devrait être suffisant pour que les Dayanims comprennent qu’il ne s’agissait pas d’une femme vierge à son mariage et qu’ils doivent par conséquent vérifier la possibilité d’épouser un cohen, si le cas se présente !
En fait, écrire « Bétoula » poserait plusieurs problèmes :
– Le montant de la Kétouva d’une Bétoula est supérieur à celui d’une Béoula et la Kétouva se voit donc être un document mensonger (Mézouyaf Mitokho).
– Le montant de la Kétouva d’une Béoula n’est pas une obligation de la Torah même, contrairement à ce que laisse entendre la formule employée pour la Bétoula.
– Le problème du mensonge (cette fille n’est pas vierge)
– Le problème du mariage au cohen, évoqué plus haut.
Le problème du montant de la Kétouva, qui est l’un des plus critiques dans cette affaire, peut être résolu de la manière suivante : le ‘hatan s’engage à un montant supplémentaire à ce qu’il est obligé (tossefet kétouva) et il englobe dans une même formule le montant obligatoire et le supplémentaire : ainsi, on ne peut plus distinguer par la somme même s’il s’agit d’un Bétoula ou d’une Béoula, puisque la somme de base est noyée dans une somme plus globale. Ceci dit, le fait de mêler dans une même formule la somme obligatoire avec la somme supplémentaire fait l’objet d’une discussion entre les richonims (le Ran le permet, le Mordekhay l’interdit, et le Rama rapporte les deux avis).
Quoiqu’il en soit, nous trouvons chez l’un des grands maitres médiévaux, le Tachbets (partie 3 , 178) qu’il permet de s’engager à plus et d’écrire Bétoulta y compris pour une femme qui n’est pas vierge. C’est l’opinion également du Igrot Moché (OH 4,118) : le h’atan, dit-il , peut s’engager à une kétouva de la somme d’une bétoula, même si celle qu’il épouse ne l’est pas. Il pourra alors aussi écrire « bétoulta » dans da kétouva.
Il faudrait réfléchir au problème du mariage avec un cohen, selon le Igrot Moché. Il est possible que le Igrot Moché considère que de toutes les manières on ne se fie pas trop à la Kétouva aujourd’hui pour vérifier si un mariage futur est légal. Il est possible aussi, comme le suggère le Maharcham (partie 7,152) de prévenir solennellement la femme de ne pas épouser un Cohen. A réfléchir.
Certains maitres récents avancent une autre raison d’autoriser le terme Bétoulta : puisque la plupart des jeunes filles laïques aujourd’hui ont eu des relations sexuelles avant le mariage, le ‘hatan, conscient de cette réalité, renonce implicitement à épouser une femme vierge et ne voit aucun inconvénient à ce que sa femme ne le soit pas. Il peut donc écrire « Bétoula ». Ceci dit, à cause des problèmes mentionnés plus haut, ces mêmes maitres disent qu’il est préférable d’écrire simplement « itéta » sans précision aucune, et de lire, lors du mariage, la kétouva à voix basse de sorte à ce que personne ne fasse attention.