Question :
Puis je porter mon talith katan directement sur ma peau ?
Réponse :
Le Chaar Hakavanot (Drouch Vav de Drouché Hatsitsit) dit écrit que la Ari zal portait le talith sous ses vêtements (mais) sur sa ‘halouk, c’est-à-dire sur l’habit de base qui le couvrait.
Il semble cependant qu’il ne faut pas en déduire une interdiction de mettre le talith katan directement sur la peau. Il se peut que le Ari zal agissait ainsi pour d’autres raisons qu’une interdiction.
Il y aurait un argument en faveur de l’interdiction : un vêtement destiné à absorber la transpiration est davantage considéré comme un sous vêtement plutôt qu’un vêtement au sens strict, au sens où la halakha l’entend. Mais cet argument n’est pas évident, et a été rejeté par le livre Halakha Béroura. En effet, même si le talith absorbe effectivement la transpiration, ce n’est pas l’intention de celui qui le porte. Celui-ci le porte pour accomplir simplement la Mitsva du Tsisit, il ne l’aurait jamais mis pour une autre raison. Et même s’il le porte directement sur son corps, c’est pour ne pas avoir chaud en devant porter un vêtement supplémentaire. On ne peut donc pas considérer que ce vêtement est porté « pour » absorber la sueur !
De plus, même un vêtement qui serait conçu uniquement pour absorber la sueur n’est pas forcément exclu de la catégorie des vêtements. Cela n’est pas évident.
Un des décisionnaires contemporains, le Rav Efrayim Grinblat, dans son Rivévot Efrayim (4,15) interdit pour une autre raison : il considère que coller le talith directement sur son corps est un Bizouy Mitsva, c’est-à-dire une manière méprisante de traiter la Mitsva. Là aussi, cela n’a rien d’évident. D’ailleurs, le Rav Ben Tsion Abba Chaoul (Or Letsion tome 2) est d’avis que l’on peut faire d’un sous vêtement (un tricot) un talith Katan s’il a 4 coins et qu’on lui appose des tsisits. Il exclut le fait qu’il s’agisse d’une Bizouy Mitsva.
Mais il semble que la preuve la plus convaincante soit une autorisation explicite de l’un de nos maitres les plus anciens, le Or’hot ‘Hayim (chap. 4) qui écrit que celui qui n’a d’autres vêtements pour la Mitsva du Tsitsit que son ‘halouk (c’est-à-dire le vêtement le plus intérieur) devra poser des tsisits à ce vêtement. Si ce ‘halouk est bien l’équivalent du sous vêtement d’aujourd’hui, il en ressort que qu’il faut y apposer des fils lorsque les conditions s’y prêtent et que celui qui le fait réalise pleinement la Mitsva du Tsisit. Il en ressort aussi que celui qui souhaiterait poser sont Talith Katan directement sur sa peau, puisque c’était le cas du ‘halouk.
On pourrait toutefois objecter qu’il y a une différence entre le ‘halouk et le talith katan d’aujourdhui : alors que le ‘halouk n’est pas à proprement parler un objet de Mitva mais un simple vetement auquel la Torah enjoint d’attacher des fils, le Talith Katan, lui, est devenu un réel objet de Mitsva. On ne se vêtit d’un Talith Katan que pour la Mitsva et pas pour autre chose. (C’est d’ailleurs la raison pour laquelle celui qui n’a pas eu l’intention explicite de s’acquitter de son devoir du Talith, selon certains, est néanmoins quitte. Car il est évident que celui qui se vêtit d’un Talith Katan aujourd’hui ne le fait qu’en vue de réaliser une Mitsva. ) Il se peut donc que le mettre directement sur la peau soit un acte de mépris envers cet objet de Mitsva.
Mais il semble que nous ne devons pas retenir ce dernier argument : comme nous l’avons dit et rapporté plus haut, laisser le vêtement absorber la sueur n’est pas forcément un acte de mépris.
Celui qui veut se montrer pieux mettra néanmoins son talith Katan sur un sous vêtement et pas directement sur la peau, et sera assurément digne de bénédiction.