Question :
concernant l’interdiction de mélanger le lait et la viande, j’aimerai savoir qu’en est-il s’il s’agit du lait d’amande ?
Réponse :
Le Rama dans Darké Moché et Torat ‘Hatat (62 8) dit que certains interdisent dans du lait d’amande avec de la viande à moins de mettre des amandes à cause du M.A (Marit Ain, suspicion : on risque de croire qu’il consomme du lait et de la viande) : la preuve c’est qu’on permet de cuire avec de la viande d’un animal impur sans crainte de M.A.
Apparemment c’est parce que ce n’est que lorsque l’on peut en venir à manger le mélange que c’est interdit de le cuire. Alors que dans l’animal impur on ne le mange pas de toute façon. La cuisson qui n’est pas en vue d’être mangée, selon cette conception, n’est pas interdite.
Selon cette opinion, le M.A n’est que dans le cas où l’on peut en venir à une transgression de la Torah.
Le Pri ‘Hadach questionne le Rama : pourquoi dis-tu que concernant la bête impure, il n’y a pas de crainte de le manger, il se peut pourtant que la personne ne sait pas de quel animal il s’agit ? On pourrait répondre que ce n’est que dans quelque chose de fréquent que les Sages ont décrété l’interdit. Mais dans les choses peu courantes, non. Or la cuisson d’une bête impure n’est pas quelque chose de fréquent, contrairement à la consommation. (Rav Blikstein).
Dans le Choul’han Aroukh, pourtant, le Rama interdit !
Si on lit le Rachba dans le texte, c’est un peu différent de ce qui est cité de lui dans le Beth Yossef. Il dit que la raison pour laquelle cela est permis (dans l’animal impur), c’est parce que la permission n’est que selon la stricte loi d’origine. Mais il est évident, dit-il, qu’il y a une interdiction de M.A ! et donc le lait de femme est aussi interdit, dit le Rachba. En fait, cela est aussi le raisonnement du Chakh.
On comprend mieux le Rama. Il est interdit selon lui de cuire l’animal impur à cause de ce qui est écrit dans le Rachba. Bien que cela contredise ce qu’il écrit dans le Darké Moché et le Torat ‘Hatat il faut dire qu’il a changé d’avis.
Le Rama toutefois s’oppose au Maharchal.
Le Kréti dit que le lait d’amande n’est tout simplement pas du lait à proprement parler. Il n’y a donc pas lieu de décréter quoi que ce soit. Contrairement au lait de femme etc. C’est une nouvelle conception.
Le Rachba a toutefois l’air de se contredire. Dans le Torat Habayit Haarokh, il permet la cuisson et le profit de l’animal impur avec du lait. Ce n’est pas ce qui est dit dans ses Téchouvot. C’est pour cela que le Chakh et le Taz s’opposent au Rama qui avait interdit. Ils se reposent sur le Rachba dans le Torat Habayit, qui a surement changé d’avis par rapport à ce qu’il a écrit dans les Responsa.
Le Taz et le Chakh s’opposent donc au Rama sur ce point.
Donc on peut compter trois avis :
– Darké Moché et Torat ‘Hatat
– Rama dans Choulkhan Aroukh
– Chakh et Taz.
Le Choul’han Aroukh dit (chap. 87 ,3) que l’interdit ne concerne que la viande pure avec le lait d’une viande pure. Mais la viande pure avec le lait impur ou la viande impure avec le lait pur sont autorisés à la cuisson et au profit. Quant à la viande d’animal « sauvage » (‘haya) ou la volaille avec du lait pur, ils sont autorisés à la cuisson et au profit, et même leur consommation est une interdiction rabbinique. Le Rama ajoute qu’il est d’usage de faire du lait d’amande et d’y mettre de la volaille, puisque l’interdiction même avec du véritable lait n’est que rabbinique. En revanche, s’il s’agit de viande bovine avec du lait d’amande, dit-il , on mettra des amandes pour éviter le Marit Ain.
Du fait que le Kaf Ha’hayim rapporte des opinions plus stricts qui nécessitent d’introduire des amandes y compris lorsqu’il s’agit de volaille, il semble que cela soit sa propre opinion également.