Question :
celui qui n’était pas chez lui le premier soir de ‘Hanouka pour le premier allumage, et que ce sont les membres de sa famille qui ont allumé, doit il réciter la Brakha de Chéhé’hiyanou lorsqu’il va allumer le 2e soir ?
Réponse :
Le premier soir de ‘hanouka on dit trois bénédictions : « léhadlik ner ‘hanouka », « ché’assa nissim », « chéhé’heyanou ». Les autres soirs de ‘hanouka, on ne récite que les deux premières bénédictions mais pas celle de Chéhé’hiyanou. Mais s’il n’a pas dit Chéhé’hiyanou le premier soir, il le dira le deuxième soir ou après, dès qu’il se souvient qu’il doit dire cette bénédiction. D’autre part, s’il se souvient ne pas avoir dit Chéhé’hiyanou alors qu’il est encore dans la demie heure depuis le début de l’allumage, il peut encore le dire.
Quant à la question posée, c’est une très bonne question, traitée par plusieurs autorités. Dans le célèbre Choel Vénichal (premier tome chap. 13) le Rav Moché Kalfon Hakohen répond qu’il est davantage logique de faire la Brakha. Il compare cela à celui qui a allumé le premier soir sans dire Chéhé’hiyanou, qui devra le dire le deuxième soir.
Certes on pourrait objecter que le cas qui nous concerne est différent car le membre de la famille qui a allumé a bel et bien dit Chéhé’hiyanou, contrairement au cas de comparaison ou le Chéhé’hiyanou n’avait pas été dit ! Mais le Rav repousse cette objection : le Chéhé’hiyanou du membre de la famille ne concerne en rien le maitre de maison absent puisque celui-ci n’était même pas là pour l’entendre. Or celui qui n’entend pas une bénédiction ne peut pas s’en rendre quitte ! Contrairement à l’allumage même, qui , lui, rend quitte y compris le maitre de maison absent. Cela est dû à la simple raison que l’allumage est une action qui peut être déléguée, alors qu’une bénédiction ne peut pas être prononcée pour quelqu’un si ce quelqu’un n’est pas là pour l’entendre.
Il repousse aussi un argument qui consisterait à comparer notre cas avec celui qui se contente de voir l’allumage de son épouse, qui, selon l’avis retenu, ne doit pas dire de bénédiction.
Toutefois, le Rav conclut que la conduite à adopter en tel cas mérite encore réflexion. (il est étonnant que l’auteur n’ait pas rapporté l’opinion de son propre père, dans son ouvrage Brith Chalom, qui préconise de dire la bénédiction ! remarque du commentaire sur le livre ‘Hanoukat Habayit, recueil de décisions et autres développements liés à la fête de ‘hanoukka ).
D’autres maitres contemporains partagent l’opinion qui préconise la récitation de Chéhé’hiyanou : le ‘Hazon Ovadia (page 138) le Rav Eliachiv (rapporté dans Rivévéot Efrayim tome 6 chap 410 artc. 5, mais cf. le Hanoukat Habayit cité plus haut qui pense avoir entendu d’autre échos sur l’avis du Rav Eliyachiv), le Chévét Halevy (tome 4 chap 68).
On pourrait recommander à celui qui se trouverait dans telle situation, d’acheter un nouveau vêtement et de penser à être acquitté du Chéhé’hiyanou sur ce vêtement en récitant le Chéhé’hiyanou sur les lumières. Ainsi, le Chéhé’hiyanou n’est de toutes les façons pas récité en vain. C’est ce que préconise le Rav Méir Mazouz (dans ses annotations sur un ouvrage intitulé Chémo Avraham. )
Enfin, terminons avec la décision de notre maitre le Rav Mordekhay Eliahou qui écrit dans son livre sur les fêtes de l’année que si la femme a allumé le premier soir en ayant eu l’intention de rendre quitte son mari , celui-ci ne pourra pas dire Chéhé’hiyanou lorsqu’il allumera le second soir.
Conclusion : dans un cas classique ou l’on n’a pas dit Chéhé’hiyanou le premier soir, si l’on s’en souvient dans la demie heure depuis le début de l’allumage on le dira alors. Sinon on le dira le soir où en s’en souviendra. Mais si sa femme ou quelqu’un d’autre l’a rendu quitte de l’allumage le premier soir, il ne devra pas dire cette bénédiction puisque quelqu’un l’en a acquitté le premier soir.