Question :
Celui qui prononce une Brakha en faveur de la guérison d’un malade doit il user obligatoirement du Lachon Hakodech ou peut-il user de la langue qu’il comprend ou qui lui est familier ?
Réponse :
La Guémara Massekhet chabbat (12b) raconte que lorsque Rabbi Eliezer allait visiter un malade, il disait parfois : Hamakom Yadkerinakh Lechalom. Donc, en araméen.
La Guémara s’interroge sur ce fait, car on nous a dit par ailleurs qu’il ne faut pas prier pour demander ce que l’on a besoin, en araméen ! Rabbi Yo’hanan explique que les anges de service ne se préoccupe pas de faire entrer cette prière devant le Saint Béni soit -Il, car ils ne comprennent pas cette langue.
La Guémara dans Sota 33 précise qu’il en va autrement de la prière publique car elle ne nécessite pas l’intervention des anges.
Selon Tossefot, les anges ne connaissent que le Lachon Hakodech. A l’exclusion de toutes les autres langues. Mais selon le Roch (Brakhot 13a) les anges comprennent toutes les langues. En revanche ils ont une aversion pour l’araméen qui est considéré par eux comme une déformation de l’hébreu. Ces deux avis sont rapportés dans le Choul’han Aroukh 101 4. Signalons encore l’interprétation d’un des Richonims (Raavad, in Temim Déim 184) selon lequel ce que les anges ignorent ce n’est pas la langue, mais la personne qui s’exprime dans une autre langue, c’est-à-dire qu’ils ne se préoccupent pas de présenter sa prière devant le Tout Puissant.
Le ‘Hatam Sofer explique que la langue du saint est celle que préfère le Tout Puissant, c’est par elle qu’Il a créé le monde, qu’il s’adresse à ses prophètes, qu’il a donné la Torah, etc.
Revenons à la Guémara. Pour répondre à la question, elle explique que le cas du malade est différent des autres contextes de prière, en cela que la Chékhina , Sa Présence, accompagne le malade.
L’intervention des anges se service n’est donc pas nécessaire, la prière arrive directement devant le Saint Béni soit -il.
Le ‘Hatam Sofer, fidèle à son explication rapportée plus haut, explique par une parabole. Un homme envoie une requête au roi par un intermédiaire nommé au palais pour ce genre de choses. Il ne convient pas à ce préposé de présenter la requête au roi dans une autre langue que celle du roi. En revanche, si un homme s’exprime directement au roi sans passer par qui que ce soit, le roi le laissera s’exprimer dans la langue qu’il veut.
Le Choul’han Aroukh tranche (Y.D 335,5) que lorsque l’on souhaite invoquer la Ra’hamim, si cela se fait devant le malade lui-même on peut le faire en toute langue. Mais en l’absence du malade, on ne priera pour lui qu’en Lachon Hakodech.
Le Chakh explique que lorsque l’on est près du malade, c’est à la Chékhina elle-même que l’on s’adresse !
Certes le Maharil Diskin (184) encourage à se montrer strict et ne prier qu’en Lachon Hakodech y compris lorsque l’on est à proximité du malade. Il explique que lorsque l’on prie pour une personne en particulier on l’inclue dans l’ensemble des malades d’Israel et que pour ceux-ci il est possible que les langues étrangères ne soient pas efficaces.
Mais l’on pourrait objecter à ce raisonnement qu’étant donné que l’on prie à la Chékhina elle-même, même si l’on inclue d’autres malades, la prière est entendue !
Autre précision : si l’on bénit le malade en présence de 10 personnes, puisque la Présence divine réside en ce quorum, on pourra aussi user des langues étrangères.
Conclusion : lorsqu’on est à proximité du malade, certains préconisent de dire la prière en Lachon Hakodech pour inclure les autres malades qui ne sont pas là. Mais a priori on pourra la dire en toute langue. Si l’on n’est pas à proximité du malade, il faudra dire la prière en lachon hakodech. Si l’on est en présence de dix personnes, on pourra également dire la prière en toute langue.