Question :
il arrive parfois que je doive fixer un rendez-vous d’affaires dans un restaurant. Là où je travaille, il n’y a pas vraiment de restaurant cacher. Dans la mesure où je ne compte pas manger du tout dans le restaurant ai-je le droit de fixer rendez-vous avec un homme d’affaires non- juif dans le restaurant?
Qu’en est il s’il s’agit juste de boire un café dans un bar café ?
Réponse:
Le sujet a été traité entre autres par le rav Acher Weiss. Des hommes d’affaires de Johannesburg lui ont posé exactement la même question. Le rav a rappelé que la question avait été traitée dans le dans le Chout Igrot Moche du rav Moché Feinstein (ora’h ‘hayim deuxième partie chapitre 40).
Le rav a interdit à cause de l’interdiction de la suspicion. Marit Ain. Ce n’est qu’ en cas de grande nécessité qu’il a permis d’y rentrer, par exemple lorsque l’on a très soif. Il a amené la Guemara de Ktouvot 60 2 dans laquelle on voit qu’en cas de souffrance on a permis d’enfreindre l’interdiction. de Marit Ain si cela s’opère en toute discrétion. Donc il a permis d’entrer dans le restaurant à la condition que l’on soit dans une grande souffrance , et qu’il n’y ait aucun juif dans les alentours.
Toutefois le rav Weiss fait remarquer que dans la Guemara on a pas autorisé à transgresser le Marit ain, on juste autorisé à le faire un de manière différente. Certes dans les deux cas il s’agit d’une interdiction rabbinique ,cependant il n’est pas toujours pertinent de comparer les interdictions rabbiniques les unes avec les autres. Mais le rav Weiss considère que dans la pratique on peut autoriser la chose pour d’autres raisons : premièrement lorsque les rabbins non pas interdit quelque chose on ne doit pas l’interdire de notre propre initiative. Certes il y a à ce sujet une discussion chez les maitres plus tardifs : peut t on interdire des choses qui n’ont pas été interdites par les anciens, mais qui relèvent de la même cohérence. En cas de nécessité on pourra donc se reposer sur les avis les plus souples à ce sujet. Deuxièmement, le Marit Aïn est quelque chose qui varie en fonction des endroits et des époques : il y a à ce sujet de nombreux exemples telle que la perruque, qui autrefois etait assimilée au cheveux naturels alors qu’aujourd’hui la plupart des gens font la différence entre une perruque et les cheveux naturels. (mais beaucoup interdisent la perruque pour d’autres raisons)
La conclusion du Rav Acher Weiss est que dans la mesure où l’on peut éviter le rendez vous dans ce restaurant il vaut mieux le faire, surtout s’il y a des juifs aux alentours qui pourraient voir. Mais s’il s’agit d’un restaurant tout prêt du lieu de travail et qu’il est patent qu’il s’agisse d’un rendez vous d’affaire on pourra se montrer indulgent, comme le suggèrent les considérations évoquées plus haut.
En ce qui concerne boire un café, deux problèmes sont à prendre en compte : le café doit être évidemment cachère à tous les niveaux. Généralement, s’il s’agit de pur café sans ingrédients supplémentaires, il est consommable. Reste que pour certains décisionnaires, et non des moindres, le café est suffisamment « important » pour être considéré comme une boisson qui nécessite une cuisson juive. Cf. Ben Ich ‘Hay parachat Matot. D’autres décisionnaires se montrent plus permissifs et même ceux qui sont stricts habituellement permettent en cas de nécessité, de se montrer indulgent. Par exemple si l’on est invité chez une personnalité très importante et qu’il se fait très mal voir de refuser de boire quoi que soit, on pourra boire un café. Dans notre cas, celui qui se montre strict comme le Ben ich ‘Hay, est évidemment digne de bénédiction. Reste le problème d’entrer dans le bar café : là aussi, s’il est difficile d’éviter, on pourra s’attabler avec le non juif d’autant plus que les aliments proposés dans ce genre d’endroits sont pour certains d’entre eux cachers, comme beaucoup de boissons et que donc le problème de Marit Ain est moins évident.