Q:
Je me suis trompé et j’ai récité la bénédiction de « Boré Miné Mézonot » sur un légume. Me suis-je acquitté ou dois-je recommencer la bénédiction?
R:
Il faut tout d’abord savoir que la bénédiction de Chéakol Nihya Bidvaro dispense tous aliments a posteriori, Bédiavad. De même en cas de doute, par exemple un aliment à propos duquel il y a une controverse entre les décisionnaires concernant sa bénédiction qui n’est pas tranchée, on pourra reciter la bénédiction de Chéakol même Lé’hat’hila, a priori, et ce à condition d’avoir étudié et de savoir qu’il y a une controverse. Mais si on ne connait pas la bénédiction de l’aliment par ignorance, on ne le consommera pas jusqu’à ce qu’on étudiera le sujet: on ne pourra pas se fier uniquement à la bénédiction de Chéakol à l’emporte-pièce.
Concernant la bénédiction de Mézonot sur un aliment qui ne contient pas de céréales, il existe une controverse entre les décisionnaires. Le Michna Broura rapporte les paroles du Eliya Rabba au nom du Dricha que la bénédiction de Mézonot est une bénédiction générale qui dispense tous les aliments à l’exception de l’eau et du sel comme précisé par le ‘Hayé Adam. Et effet, le mot Mézonot provient de la racine zoun qui signifie nourrir. Cette bénédiction dispense donc tout aliment nourrissant et nutritif, qui a un apport calorifique, sauf l’eau et le sel qui ne sont pas considérés comme nourrissants. Bien que le Rav Yossef Karo ne se soit pas penché sur la question dans son code de lois, le Choul’han Arou’h, ainsi il écrit dans son commentaire du Rambam, le Kessef Michné (Bra’hot 4, 6). De même écrit le ‘Hida que la bénédiction de Mézonot dispense le pain car c’est une bénédiction générale. De même tranche le Ben Ich ‘Hay que la bénédiction de Mézonot dispense tout aliment.
D’un autre côté certains décisionnaires comme le Sédé ‘Hémed pensent que la bénédiction ne dispense, à part les céréales, que le vin et les dates, car bien que tout aliment soit inclus linguistiquement dans le mot Mazon, concernant les lois des bénédictions, tous les aliments ne sont pas inclus dans la bénédiction de Mézonot. Seuls le vin et les dates qui sont mentionnés dans la Torah comme nourrissant sont exemptés grâce à la bénédiction de Mézonot. Et ainsi tranche le Arou’h Hachoul’han et le Rabbi Akiva Eiguer.
Le Rav Moché Feinstein pense que bien que l’on tranche comme l’opinion que la bénédiction de Mézonot dispense tout aliment, cependant on ne consommera qu’un petit morceau de cet aliment afin que la bénédiction ne soit pas en vain, mais on ne continuera pas à le consommer car on craint l’opinion selon laquelle il ne s’est pas dispensé avec la bénédiction de Mézonot. On ne peut pas non plus reciter la bénédiction adéquate, car on s’est déjà dispensé d’après certaines opinions. Pour pouvoir continuer à manger on changera d’endroit afin de devoir recommencer la bra’ha.
En conclusion, d’après le Rav Mordé’hay Eliyaou Zatsal, si on a récité la bénédiction de Mézonot sur tout aliment, à part l’eau et le sel, on s’est acquitté de la première bénédiction et on n’aura pas besoin de recommencer la bénédiction adéquate, mais on pourra manger l’aliment en se basant sur la bénédiction récitée par erreur.
Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 202, 18 Rama; Michna Broura 84; 204, 13; Michna Broura 60
Biour Hala’ha 167, 10, Bimekom, au nom du ‘Hayé Adam 58, 3
Arou’h Hachoul’han 167, 19
Birké Yossef Ora’h ‘haim 167, 10
Ben Ich ‘Hay Chana Richona Balak 13
Kaf Ha’haim 167, 75; 202, 9; 206, 6
Igrot Moché Ora’h ‘Haim vol. 4, 40, 1
Vézot Habra’ha chap. 24, 1; 7
Chaaré Habra’ha 11, note 27
Hil’hot Birkot Hanéénim du Rav Mordé’hay Eliyaou p. 28, 9 |