Question :
Dans mon four se trouve un poulet bien enveloppé. Puis je y insérer, durant cette cuisson, des aubergines ou des olives que l’on mangera ensuite avec du poisson, compte tenu de l’interdiction connue de manger simultanément viande et poisson ?
Réponse :
Le CA (116, 2 ) recommande de faire attention à ne pas manger de la viande et du poisson simultanément car c’est un vecteur de grave maladie (Tsaraat, que l’on traduit généralement par Lèpre). Le Rama ajoute que l’on ne grille pas non plus les deux éléments ensemble à cause des vapeurs qui pourraient transiter entre les deux aliments. Mais il précise qu’a posteriori on interdit pas le produit de cette grillade.
Le CA (173, 2) stipule également que l’on est tenu de se laver les mains entre la consommation de la viande et celle du poisson, car le danger est davantage gravissime que l’interdit. (Ce qui invite à la prudence).
Puis, le Kaf Hah’ayim (5) rapporte le Chout Beth Yéhouda (YD ,24) qui ne fustige pas ceux qui se montrent plus indulgent.
Il ya lieu de se demander si, concernant le mélange de la viande et du poisson, il y a une différence entre la viande à proprement dite et le poulet. On se rapportera également au Kaf Ha’hayim mentionné, qui rapporte aussi l’opinion du Chvout Yaakov (tome 2, 104) qui recommande de se laver les mains entre le poulet et le poisson. D’autres décisionnaires ne font également pas la différence entre la viande et le poulet. Donc, il n’y a pas de différence à établir.
Le Michna beroura (OH, 3), traitant du lavage de main entre les deux aliments, précise que la coutume est de ne pas trop faire attention à cette recommandation (le lavage entre les deux consommations), le risque de maladie ayant apparemment disparu, peut-être parce que notre corps est différent de celui des anciens. Quoi qu’il en soit, même lui conclue qu’il faut au moins manger et boire entre les deux aliments, procédé efficace pour effacer toute trace de mélange. Il en ressort que même si selon une certaine approche les effets de certains mélanges sur notre corps n’obéissent pas aux mêmes règles qu’à l’époque de la Guémara, ce n’est pas une raison pour faire l’impasse sur cette recommandation qui se trouve à la frontière entre la loi et la prudence en matière de santé.
Le Kaf Hah’ayim rapporte aussi les opinions (principalement le Ba’h et le Maguen Avraham) considérant que la nature a changé et que nombre de dangers repérés par la Guémara ne constituent pas un réel danger aujourd’hui. Selon eux, normalement, on pourrait ne pas se montrer strict puisque nous ne connaissons pas de maladies suite à ce genre de mélanges. Mais il rapporte aussi des avis (Sdé ‘Hemed, Malbouché Yom Tov, Yafé Lalev) s’opposant à cette différenciation entre les époques, et finit par conclure que dans les domaines touchant à la santé il y a lieu de se montrer particulièrement strict.
Concernant les vapeurs qui passent d’un met à l’autre pendant la cuisson, le Gaon de Vilna (YD, 3) n’interdit pas les aliments a posteriori. En particulier, dit le Kaf Hah’ayim, si l’un des deux aliments est recouvert. De plus, le Kaf Hah’ayim rapporte que les pains cuits dans un four au côté de la viande peuvent être consommés avec du poisson et que cela ne représente aucun danger. (Issour Véhéter, Knesset Haguédola, Min’hat Yaakov, Beth Lekhem Yéhouda, ‘Hokhmat Adam).
Conclusion : dans le cas exposé dans la question, il n’y a aucun problème. Non pas que le poulet soit différent de la viande concernant le danger évoqué, mais compte tenu que le poulet est couvert on peut se reposer sur les opinions les moins stricts en matière de transfert de vapeurs. |