Question :
Concernant la bague de mariage, j’aimerais savoir s’il faut qu’elle soit en or, en argent, circulaire ou carrée ? J’aimerais savoir aussi pourquoi a-t-on l’habitude de se marier en donnant une bague puisque selon la Torah il suffit simplement de donner une somme d’argent ?
Réponse :
Alliance en or ou en argent :
L’usage le plus répandu est la remise d’une alliance en or. Mais selon nombres de Kabalistes, il est préférable de se marier au moyen d’une alliance en argent. En effet, l’argent (le matériau) renvoie à l’attribut de H’essed (générosité) et de Rah’amim (miséricorde). D’autres optent pour l’or blanc. Certains, enfin, font graver sur l’anneau la lettre Hé, symbolisant Sa Présence, et étant efficace contre le mauvais œil !
Circulaire ou carrée ?
Il est vrai que certains – ils ne sont pas nombreux – optent pour une alliance de forme carrée, du moins dans sa partie extérieure, donc visible. Ils se basent sur un passage du Zohar qui compare l’alliance à la lettre Mem finale, de forme carrée. C’est le cas, par exemple, des disciples de notre maitre du Rav Mordékhay Eliahou. Cet usage ne fait toutefois pas l’unanimité. (Le Rav Eliachiv par exemple, faisait remarquer que l’alliance doit servir à la femme d’apparat, or il est rare que les femmes sortent avec des bagues de forme carrée…). D’autres font remarquer que la forme circulaire a l’avantage de représenter la perfection ou l’infini, donc la Torah, par laquelle nous sommes liés à L’Eternel. Mais, comme dit, selon le Rav Eliahou s’est bien une bague carrée qui est préférable.
Peut-on utiliser, plutôt qu’une alliance simple, une bague comportant des diamants ou des pierres précieuses ?
C’est parce que l’anneau est avant tout le moyen par laquelle se fait la transaction nécessaire aux Kidouchin , que l’usage est d’acheter un anneau dépourvu de diamants ou de pierres précieuses. La raison en est que ce genre de bagues est difficilement estimable. Or, la Kala pourrait prétendre n’avoir accepté de se marier que parce qu’elle pensait que cette bague valait telle ou telle somme. Si elle avait su qu’elle valait moins, elle n’aurait pas accepté. Alors qu’en se mariant avec une « simple » bague en or ou en argent, la marge d’erreur est moins grande. A posteriori, le mariage est tout de même bon, surtout si le Rav insiste sur le fait qu’elle accepte de se marier pour la Prouta qui s’y trouve.
Dans certaines communautés, comme celle de Djerba, on gravait le nom du H’atan et de la Kala sur la bague. Cet usage ne comporte pas de problème.
Il est bon de rappeler aussi un point ou deux : On avertira les témoins qu’ils doivent observer de leurs propres yeux la mise de l’anneau au doigt de la Kala.
La coutume est de montrer aux témoins la bague de sorte à ce qu’ils puissent certifier qu’elle vaut bien une Prouta au minimum.
Pourquoi une alliance ?
Bien que les décisionnaires aient rapporté que cet usage se base sur le Zohar, on peut aussi rapporter la raison plus « classique » du Sefer Hah’inoukh, pour qui l’alliance permet à la femme d’avoir constamment en mémoire son obligation principale, celle de savoir qu’elle est désormais réservée à son mari, et qu’elle doit par conséquent veiller à lui être fidèle et dévouée.
Certains avancent d’autres symboliques : l’anneau est souvent destiné à relier fortement deux éléments (comme les anneaux dans le Tabernacle ou dans les vêtements su Grand prêtre) : ainsi en est-il de l’anneau du mariage, symbolisant le fort lien qui unit désormais les deux personnes.
On peut aussi évoquer la symbolique de l’homme qui entoure sa femme pour la protéger, et de la femme qui entoure son mari comme une muraille pour le soutenir.
Une des autorités contemporaines, appelé le « Rougochover », donnait une raison halakhique plutôt « technique » : si nous partons du principe que l’alliance doit devenir la propriété intégrale de la femme pour que celle-ci soit mariée, l’alliance s’avère l’objet le plus approprié. En effet, un époux à généralement un certain droit de propriété sur les biens de sa femme, plus précisément les bénéfices que ceux-ci peuvent générer. Alors que l’alliance, elle, a le mérite d’être la totale propriété de la femme, dans la mesure où elle est destinée à lui servir d’apparat, et qu’elle ne produit pas de bénéfices concrets !
Enfin, évoquons l’idée dévelopée par beaucoup de nos maîtres, à savoir qu’il y a une lumière infinie qui entoure désormais la femme, symbolisée par l’alliance qui entoure son doigt. Lumière divine, celle qui entoure le monde. Lumière « donnée » à l’épouse, qui sera à l’origine de son épanouissement et de son bonheur.
D’autre part, le célèbre Rabbi de Loubavitch insiste sur la proximité étymologique entre le mot « Taba’at » (anneau) et « Téva », la nature.
Ce qui peut nous conduire, sans trop nous risquer, à l’idée suivante : en combinant l’idée de la nature (donc du monde perceptible) à l’idée d’infini (que représente la forme de l’anneau) on peut dire que l’anneau de mariage exprime l’idée que le mariage permet l’expérience de l’infini spirituel porté par la nature de la vie conjugale. |