Question :
Si on me propose une jeune fille qui porte le même prénom que celui de ma mère, ou si on me présente un jeune homme dont le prénom est identique est à celui de mon père, dois-je refuser ?
Réponse ;
Il arrive souvent que l’on me pose cette question, à chaque fois sous une combinaison un peu différente. Je vais donc tâcher de vous y répondre de façon concise en vous épargnant des grandes discussions et des détails intéressants certes mais toutefois inutiles.
Dans le Sefer H’assidim, Rabbi Yéhouda H’assid écrit « Un homme n’épousera pas une femme dont le prénom est identique à celui de sa mère, ou dont le prénom de son père est identique au sien, et s’il l’a déjà épousée il changera l’un des noms, peut être auront-ils un espoir… ».
Les principales raisons de cet interdit, évoquées par les décisionnaires sont:
1- De peur que ceci provoque du Ayin Hara. Deux personnes portant le même prénom dans une même famille risque d’entraîner le Ayin Hara.
2- Le fils n’a pas le droit d’appeler sa mère par son prénom. De même, la fille n’a pas le droit d’appeler son père par son prénom. En effet la Halah’a considère cela comme étant un manque de respect à leur égard. Si le nom des parents est peu courant cette interdiction s’applique même lorsqu’il s’adresse à une autre personne qui porte ce même prénom. Or, si son épouse porte le même prénom que sa mère et vice versa, il leur sera impossible d’être en phase avec cette Halakha.
3- C’est une très bonne coutume de nommer son enfant au nom du grand père ou de la grand-mère. Or s’ils portent le même prénom que l’un des parents, il sera impossible de les nommer ainsi. Ceci peut causer préjudice à la lignée de la famille, mais constitue aussi un mépris pour les parents. C’est donc à éviter.
4- Ceci présente un danger qu’on peut expliquer selon la Kabbale.
Il m’est à présent important de rapporter quelques opinions qui ont été indulgentes à ce sujet, et qui ont autorisé de se marier entre eux :
1- Certains grands décisionnaires ont écrit que tout ce que Rabbi Yéhouda H’assid a ordonné n’engage que sa descendance et non pas les autres juifs. Or, ne sachant pas si nous provenons de lui, on peut être indulgent et supposer que nous ne sommes pas ses descendants, d’autant que d’après certains décisionnaires ces ordres ne concernent que ses dépendants et de sa propre génération.
2- Certains décisionnaires affirment que cette crainte n’est valable que pour ceux qui la prennent à cœur, mais ceux qui ne se posent vraiment de problème, ont le droit et n’auront aucun préjudice de cela.
3- Certains ont écrit que si le H’atan s’engage à ne jamais appeler son épouse par ce prénom, il peut l’épouser bien qu’elle porte le même prénom que sa maman et vice versa.
4- Si les parents qui portent le même nom que le conjoint, disent à leurs enfants que cela ne les dérangent pas qu’ils portent ce nom et qu’ils renoncent à l’honneur qui leur ai dû et en vertu duquel il ne faut pas prononcer leur prénom gratuitement, et qu’ils renoncent au fait que leur petit fils ne sera pas appelé à leur nom, certains décisionnaires ont écrit qu’il n’y a pas de problème.
De même si ce fameux prénom est courant, il n’y pas d’interdiction au fils ou à la fille de le prononcer pour s’adresser à une personne qui porte ce même prénom, et le problème est déjà beaucoup moins important.
5- Certains ont écrit que les propos de Rabbi Yéhouda H’assid ont été écrits pour un jeune homme qui cherche à se marier et qui n’a pas encore dépassé l’âge des 20 ans mais dès lors qu’il a dépassé cet âge, il ne doit plus se faire de souci du tout et doit se dépêcher de trouver sa conjointe.
6- Certains ont écrit qu’il est possible que les propos de Rabbi Yéhouda H’assid ont été écrits que pour une personne qui s’est déjà acquitté de la Mitsva de procréer, mais une personne qui ne s’est pas encore acquittée de cette Mitsva ne doit pas craindre et par le mérite de la Mitsva tout se passera bien.
7- De nombreux décisionnaires écrivent que si le jeune homme est un homme érudit en Torah il n’y a aucun problème à se marier. En effet, par le mérite de sa Torah tout ira bien.
8- De nombreux décisionnaires ont écrit que si le couple n’habite pas dans la même ville que les beaux-parents qui portent ce même nom, il n’y a pas lieu de craindre quoi que ce soit.
En pratique lorsque les prénoms sont complètement identiques, l’idéal est de demander conseil à un Rav compétent en Halakha qui pourra selon les circonstances et les différents facteurs trancher de la façon la meilleure.
Dans le cas où on souhaite accepter une telle proposition il vaudra mieux qu’elle tienne compte du conseil suivant:
Le conseil consiste à rajouter un prénom à celui du H’atan ou à celui de la Kalla de sorte à ce que les prénoms ne soient plus identiques. Il est recommandé de changer le nom au moins 30 jours avant le mariage.
Dans certains cas il n’est pas nécessaire de craindre cela:
– Dans le cas où le conjoint ou le futur beau parent porte deux prénoms dont l’un d’entre eux uniquement est commun. Si par exemple le H’atan porte le nom Réouven et que le père de la Kalla porte le nom Réouven Yaakov, il n’y a pas lieu de craindre cela.
Toutefois de nombreux décisionnaires disent que ceci est valable si on le nomme des deux noms. Mais si le monde entier le nomme Rouven, bien que son nom soit Réouven Yaakov, ceci n’est pas suffisant. Certains se montrent toutefois plus indulgents à ce sujet.
– Certains décisionnaires écrivent que si le beau parent en question n’est plus en vie il n’est pas nécessaire de craindre cela. D’autres décisionnaires craignent cela même dans un tel cas.
– Lors d’un second mariage, certains décisionnaires écrivent qu’il n’y a pas à craindre cela. D’autres se montrent plus sévères à ce sujet.
– Dans le cas où le prénom est certes identique mais où le surnom utilisé pour l’un des deux n’est pas commun, il n’y a pas à craindre. |