Question :
De quelles pâtes doit-on prélever la Halla ? D’autre part, j’ai entendu qu’il y avait une loi spéciale concernant le prélèvement d’une pate pétrie avec du jus de fruit, de quoi s’agit-il ?
Réponse :
La pâte pétrie afin d’être frite dans l’huile est l’objet d’une controverse entre les grands commentateurs du Talmud.
Celui qui prépare des beignets ou des fricassées et les cuit dans son four devra bien entendu, en prélever la Halla en récitant la bénédiction.
Si par contre, son intention est de les cuire liquide ou de les frire, ceci n’étant pas la technique habituelle de cuisson du pain, il se situe dans la controverse citée plus haut.
Le Choul’han Aroukh, tranche qu’il n’est pas nécessaire de prélever la Halla.
En revanche, le Shah, le Ari Zal, le Ben Ish Haï, les décisionnaires ashkénazes ainsi que le Rav Mordéhaï Eliahou Zatzal, tranchent qu’il faudra procéder au prélèvement de la Halla mais sans bénédiction, afin de se rendre quitte de toutes les opinions tout en respectant le principe que « on dispense de bénédiction en cas de doute ».
Concernant la pâte pétrie avec du jus de fruit etc. :
Le Choul’han Aroukh interdit de pétrir avec du jus de fruits uniquement (sans adjonction d’eau) une quantité de pâte telle qu’il aurait dû en prélever la Halla.
En effet, seule une pâte pétrie avec de l’eau est apte à recevoir l’impureté. Une pâte pétrie uniquement avec du jus de fruits nous place dans le dilemme suivant :
D’un côté, nous ne pouvons la brûler car seule une Halla impure peut être brûlée.
D’un autre côté, étant donné que de nos jours, nous même sommes considérés comme impurs, nous sommes dans l’impossibilité de l’offrir au Cohen.
En dehors d’Israël, il existe la possibilité de l’offrir à un Cohen mineur ou à un Cohen majeur venant de se tremper au Mikvé (suite à une pollution nocturne).
C’est pourquoi nous nous abstenons de pétrir de la pâte avec du jus de fruits à moins d’y avoir ajouté aussi un peu d’eau.
Cependant, les décisionnaires actuels écrivent que de nos jours, le blé ayant subi un traitement à l’eau avant d’être transformé en farine, toute pâte même pétrie uniquement avec du jus de fruits, est apte à recevoir l’impureté.
On pourrait donc autoriser de pétrir une telle pâte.
En revanche, la farine spécialement produite pour la fête de Pessah, certifiée Cacher LePessah, ne subit pas de traitement à l’eau. Il sera donc interdit de la pétrir avec du jus de fruit.
Celui qui a, malgré tout pétri de la pâte avec du jus de fruits uniquement devra, selon le Choul’han Aroukh, en prélever la Halla avec bénédiction.
Pourtant, en pratique, on prélèvera la Halla sans bénédiction étant donné que certains Richonim (décisionnaires médiévaux) dispensent tout prélèvement. Telle est la conclusion des décisionnaires autant séfarades (Ben Ish Haï, Kaf Hahaïm et autres) qu’ashkénazes (Shah’, Taz et autres)
La conduite à tenir sera identique même dans le cas d’une farine traitée auparavant à l’eau, car même si nous considérons cette pâte comme apte à recevoir l’impureté, on en prélèvera la Halla sans bénédiction.
Pourtant, dans le cas où la pâte a été pétrie non avec du jus de fruits mais avec un des sept liquides rendant apte à recevoir l’impureté : vin, miel d’abeilles, huile d’olive, lait, rosée, sang ou eau, on en prélèvera la Halla avec la bénédiction suivant ainsi l’opinion de la majorité des décisionnaires qui considèrent que telle est l’opinion unanime des Richonim dans ce cas.
Ainsi tranche le Rav Mordekhay Eliahou Zatsal, différant ici du Ben Ich Haï (qui dispense, lui, de bénédiction dans ce cas).
Cette décision se justifie encore plus dans le cas d’une farine ayant été traitée à l’eau. |