Question :« Lorsqu’Adar commence, on multiplie la joie ». Pouvez-vous me définir ce qu’est la joie ? Je ne demande pas comment atteindre la joie mais ce qu’est exactement la joie ? Réponse : La Guémara Taanit (29a) dit : « quand Av entre, on diminue la joie etc. Rav Yéhouda le fils de Rav Chmouel fils de Chilat dit au nom de Rav : de même que lorsqu’Av entre on diminue la joie, ainsi quand Adar entre on multiplie la joie. Rav Papa a dit : c’est pour cela qu’un juif qui a un litige avec un étranger (c’est-à-dire un non juif), qu’il se défile si c’est en Av, car le Mazal est mauvais. Et qu’il règle cela en Adar, car le Mazal est bon ». Et le Ritva explique que bien qu’Israel ne soit pas concerné par le Mazal, cela est valable tout au long de l’année. Mais pour ces deux mois-là il y a une influence du Mazal, car c’est le Ciel qui en a décrété ainsi. Il aussi est possible, dit-il, qu’il ne s’agisse pas vraiment d’un Mazal mais plutôt d’un décret. Il propose de répondre que le CA pense que Rav Papa est de ceux qui pensent qu’Israel est aussi sous l’emprise du Mazal. Or comme nous nous appuyons sur la Guémara de Chabat (156a) qui rapporte l’avis d’Amoraims qui pensent qu’il n’y a pas de Mazal pour Israel, nous cranions que le Mazal soit favorable aux nations en Av. Mais en Adar il n’y a pas vraiment de raison de s’empresser de régler son litige car c’est apparemment le Mazal d’Amalek qui n’est pas bon, et non celui des autres nations en général. Autre réponse, figurant dans la Responsa Itorerout Techouva (473) : dans le Talmud Bavli on permet dans certaines circonstances d’avancer la lecture de la Méguila à partir du 11 Adar. Mais dans le Talmud Yérouchalmi on permet la lecture depuis le début d’Adar. Or le CA amène aussi cet avis dans le chap. 688, appuyé par le Rama qui dit que telle est la coutume. Du coup, il est évident que l’on multiplie la joie depuis le début d’Adar, puisque l’on peut lire la Méguila. Ces deux lois sont en effet dépendantes l’une de l’autre. Dans Chéélat Yabets (tome 2, 88), on trouve une explication sur une glose de Rachi qui, curieusement, justifie le surplus de joie à l’entrée d’Adar par le fait que les jours de Pourim et de Pessah étaient des jours de joie. Cette intrusion de Pessah est expliquée par le Chéélat Yabets de deux façons : si la joie d’Adar ne provenait que du miracle de Pourim, il aurait fallu prévoir également un surplus de joie pour le mois de Nissan et celui de Kislev ! C’est pour cela que Rachi est contraint de justifier cette joie par la succession de plusieurs joies, celle de Pourim puis celle de Pessah ! Il y a une loi intéressante dans le ‘Hatam Sofer (tome 1 163) au sujet de celui à qui il est arrivé un miracle au mois de Adar, et qui voudrait marquer cela à chaque Adar : quel mois de Adar choisir lorsqu’il y en a deux ? le ‘Hatam Sofer tranche pour marquer le second Adar. Et ce, bien qu’il existe un principe interdisant de passer outre une Mitsva qui vient à nous (on aurait dû donc choisir le premier mois de Adar qui est le premier que nous rencontrons !). En effet, écrit-il, une fois que les Sages de la Grande Assemblée ont choisi le second Adar comme étant le principal, le premier ne doit pas être considéré comme un véritable Adar mais plutôt comme un prolongement du mois de Chevat. En revanche, notre maitre le Ben Ich Hay dans son Aderet Eliahou (Michpatim) affirme que l’on peut commencer les réjouissances dès le premier mois d’Adar. Il ajoute que les 60 jours qui composent les deux mois d’Adar sont autant de jours préparatifs à la Techouva et une préparation à la délivrance complète. Notre Rav (Eliahou) penche pour cette opinion. On peut trouver une idée proche de celle du Ben Ich Hay dans un passage du Méiri (Taanit 27) où il explique la recrue de joie à Adar et sa diminution à Av par le besoin de prier de manière adaptée selon la circonstance que l’on marque. C’est donc bien de prière qui qu’il s’agit. Cf. aussi le Nimouké ‘Hayim (486) pour qui chacun marquera la joie d’Adar selon ce qui lui semble le plus adapté. Il ajoute que plus on multiplie à ce moment-là les joies reliées à la Mitsva, mieux c’est. |
Le surplus de joie du mois d’Adar
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