Question :
quelle est la loi concernant la situation suivante : une femme a procédé à une Bédika (vérification interne) le premier jour après le Hefsek Tahara et le ‘Ed (tissu témoin) s’est trouvé être problématique (selon ses propres dires). Ensuite, elle a perdu son ‘Ed sans même avoir eu le temps de le montrer au Rav. Comment statuer ?
Réponse :
le CA (188 ,2) écrit : « une femme est crue lorsqu’elle dit : j’ai vu (une tache) de telle sorte et je l’ai perdue. S’il s’agit d’une tache de couleur blanche ou verte, elle est pure. En revanche, si l’on nous présente du sang, et qu’on a dû le statuer impur par présomption, ou même si nous avions un doute s’il était impur ou pas et que la femme affirme que tel sage lui a permis un élément semblable :on ne peut pas se fier à elle. »
Le ‘Hokhmat Adam (Beth Hanachim 111,3) stipule qu’une femme est crue lorsqu’elle témoigne avoir vu l’une des couleurs permises et qu’elle a perdu le support de cette couleur. En effet, la Torah a fait confiance à la femme, comme il est dit (lévitique 15 ; 28) « elle comptera pour elle », et les Sages en déduisent qu’on peut faire confiance à la femme qui compte ses jours de pureté y compris si c’est elle-même qui a procédé à ce décompte et qu’elle en est le seul témoin. Ce qui implique qu’on ne la considère pas a priori comme étant sujette à erreurs des suites de son imagination. Il semble, poursuit le Rav, qu’il en est de même si elle affirme avoir vu telle couleur et qu’elle a eu un doute s’il s’agissait d’un rouge ou pas, et qu’elle l’a perdue. Elle sera impure dans le doute car on ne considère pas qu’elle hallucine. Mais si nous même avons un doute quant au caractère impur d’une tache et qu’elle affirme que tel sage lui a autorisé une couleur semblable, on ne la croira pas. Sauf si elle affirme que c’est telle tâche précise que le sage lui a autorisé, alors on lui fera confiance.
Le Darké Techouva traite du cas où après qu’elle se soit inspectée, le tissu-témoin a été égaré, et elle ne sait plus exactement à quoi ressemblait cette tâche : on ne se montrera pas permissif. (Selon Chaaré Tohar portique 2). Le Darké Techouva est sceptique quant à cet avis, justifié, rapporte-t-il, par le fait que la « présomption de pureté » s’est dégradée à la vue de cette tâche. En effet, rétorque le Darké Techouva, en quoi une tache nous conduit elle a remettre en question le statut initial pur de cette femme, dans la mesure où rien n‘indique qu’il s’agissait d’une tache impure ? le Rav préfère donc établir une différence entre une tache apparue les trois premiers jours parmi les sept, auquel cas on se montrera strict car la femme n’a pas encore acquise son statut de femme pure. Ou encore une couleur apparue lors du Hefsek, on l’on a besoin d’une couleur propre avec certitude pour que le Hefsek soit valide. Et le cas d’une tache trouvée après les trois premiers jours, que l’on considèrera comme pure a priori, en se basant sur la présomption de pureté de cette femme. Du moins, le doute persiste-t-il dans ce dernier cas.
A noter que dans le Techouvot Vehanhaguot (2 , 429) le Rav Moché Sterenboukh Chlita se montre sceptique quant à statuer pure une femme qui a procédé à un examen interne qui, en cas de tache problématique, serait statuée impure selon la Torah elle-même. C’est-à-dire dans le cas d’un tissu témoin inséré dans le vagin, où le problème est d’ordre toranique et non seulement rabbinique. C’est pour cela que ce sera seulement dans le cas où la femme est certaine, en pointant avec certitude une couleur pure parmi une série d’échantillon que le Rav lui proposera, qu’on la considérera comme pure. Ou alors, si la vérification était a priori sans conséquence mais qu’elle a posé la question par simple surplus de zèle. Là aussi on se montrera permissif. Dans les cas contraire on se montrera plus strict.
Quoi qu’il en soit, dans le cas figurant dans la question, où la vérification s’est faite dans les trois premiers jours, il faudra se montrer strict, d’autant plus qu’aux dires de la femme elle-même, le tissu était « problématique ». |