Q:
A-t-on le droit de sortir un Sefer Torah spécialement pour les femmes pour la Parachat Za’hor, si elle ne peuvent se rendre à la lecture de la Torah du Chabbat matin?
R:
On a vu précédemment qu’il existait une controverse entre les décisionnaires quant à l’obligation pour les femmes d’écouter la Parachat Za’hor que l’on lit une fois par an le Chabbat précédant Pourim. L’habitude de nombreuses femmes Ashkénazes est de se rendre à la synagogue pour écouter cette Paracha, tandis que chez les Séfaradim cette habitude est moins répandue. La question se pose de savoir si ces femmes désirant écouter la Parachat Za’hor ne peuvent se rendre le matin à la synagogue, par exemple parce qu’elles ont des enfants en bas âge, a-t-on le droit d’organiser une lecture spéciale, dans un Sefer Torah pour celle-ci. Le problème est de sortir un Sefer Torah est d’y lire sans reciter de bénédiction si cela est permis.
Le Netsiv, rabbi Naftali Tsvi Berlin écrit (Chout Méchiv Davar Ora’h ‘haim 16) qu’il y a une interdiction de sortir un Sefer Torah et d’y lire un jour où nos Sages n’ont pas institué de lecture, comme un jour de semaine autre que le Lundi et Jeudi. Il rapporte une preuve du Maguen Avraham qui ne permet de sortir un Sefer torah pour y lire pour un ‘hatan les versets de Véavraham Zaken Ba Bayamim qu’un jour de lecture de la Torah. Cependant de nombreux décisionnaires contestent ce principe comme le Rav de Mounkatch (Nimouke Ora’h ‘Haim 669, 2 à propos de la lecture du soir de Sim’ha Torah mentionnée par le Rama, ou la lecture de Nessiim lors du mois de Nissan que certains Admourim avaient l’habitude de lire dans un Sefer Torah).
Le rav Yts’hak Weiss (Min’hat Yts’hak vol. 9, 68, 1) écrit qu’étant donné qu’il existe une controverse si les femmes sont astreintes à lire cette Paracha, et que la majorité des décisionnaires pensent qu’elles sont dispensées, même si il se trouve dix femmes dans la synagogue on ne sortira pas de Sefer Torah pour elles; et même dans les endroits où on a l’habitude de sortir un Sefer Torah pour les femmes, on lira la Parachat Za’hor sans bénédiction. Le Rav Fuks (Hali’hot Bat Israel 22, 1) rapporte également au nom du Rav Elyachiv que si on veut lire la Parachat Za’hor pour les femmes, il faut faire attention que soient présents dix hommes dans la synagogue. En effet il ressort des paroles du Roch (Bra’hot 7, 20) sur la Guémara relatant l’épisode ou Rabbi Eliezer libera son esclave afin de compléter le Minyan, que la Mitsva de Za’hor doit être accomplie en présence d’un Minyan de dix personnes, comme tout Davar Chébakédoucha, et ainsi tranche le Troumat Hadéchen (vol. 1, 108) et le Choul’han Arou’h (Ora’h ‘Haim 146, 2; 685, 7). De plus cette Mitsva doit être impérativement accomplit par la lecture dans un Sefer Torah Cacher. Donc même d’après les décisionnaires que les femmes sont astreintes à cette lecture, elles ne peuvent compléter le Minyan pour l’occasion. Le Rav Tsvi Pessa’h Frank explique (Mikraé Kodech Pourim 6) que cela est différent de la lecture de la Méguila où elles peuvent s’associer au quorum de dix personnes, car la présence des dix personnes à cette occasion est requise afin d’accomplir le Pirsoume Nissa, la publicité du miracle de Pourim, contrairement à la Paracaht Za’hor où il faut dix hommes majeurs comme tout Davar Chébakédoucha.
De même le Rav Moché Feinstein (rapporté dans le bi-annuel Kol Hatorah Nissan 5763, p. 24, cite par le Rav Akiva Maler, dans son livre Hakriyah Batorah Vehil’hoteha, 78, 12, note 32) s’oppose à cette lecture, car nos Sages n’ont pas institué de lecture de moins de trois montées. Le Piské Téchouvot (685, 5, note 18) rapporte également plusieurs opinions qui interdisent de sortir un Sefer Torah pour les femmes.
En conclusion, d’après le Rav Morde’hay Elyaou Zatsal, les femmes qui veulent se montrer strictes et écouter la Parachat Za’hor s’efforceront de venir l’écouter à la synagogue à l’heure de la lecture de la Torah car on ne sortira pas de Sefer torah expressément pour elles. |