Q:
Est-ce que les femmes doivent se rendre à la synagogue pour écouter la lecture de la Parachat Za’hor?
R:
Il ressort de la Guémara (Méguila 18a) que la lecture de la Parachat Za’hor (Dévarim 25, 17-19) dans un Sefer Torah est une Mitsva de la Torah, et non uniquement d’ordre rabbinique. Cependant le fait de la lire précisément le Chabbat Za’hor, Chabbat qui précède Pourim est une institution d’ordre rabbinique afin de juxtaposer la perte de Amalek à celle de Haman son descendant. Ainsi pense Tossafot, et ainsi tranche le Choul’han Arou’h, comme l’explique le Maguen Avraham.
Nous avons pour principe que les femmes sont astreintes aux mêmes Mitsvot que les hommes les Mitsvot Cheein Hazman Grama, qui ne dépendent pas du temps. Ainsi les femmes devraient être a priori astreintes à cette lecture car il suffit de se rappeler un fois par an de ce que nous a fait Amalek pour s’acquitter de la Mitsva de la Torah; et ce qu’on la lit précisément le jour du Chabbat Za’hor n’est que d’ordre rabbinique. Cependant, le Sefer Ha’hinou’h écrit que la Mitsva de se rappeler de ce que nous a fait Amalek dépend de la Mitsva suivante, celle d’effacer le souvenir d’Amalek, et ceci par la guerre. Or seuls les hommes vont à la guerre. Le Rav Yossef Baabad dans son commentaire Min’hat ‘Hinou’h s’étonne de cette décision, car tout d’abord il n’y a aucune allusion dans les écrits du Rambam (que le Sefer Ha’hinou’h suit dans son décompte des Mitsvot) que les deux Mitsvot sont interdépendantes. De plus, qui lui a dévoilé que la raison de se souvenir de ce que nous a fait Amalek dépend de notre vengeance envers lui: il se peut que même au temps du Machia’h, même une fois que Amalek sera vaincu et anéanti, il faudra encore se souvenir de ce qu’il nous fait. De même s’étonnent le Torat ‘Hessed, ainsi que le Rav Yaakov Etlinger, auteur du Arou’h Laner, pourquoi les deux Mitsvot seraient-elles intrinsèquement liées. De plus de nombreuses fois, le peuple d’Israel fut sauvé grâce à des femmes, comme au temps d’Esther des mains de Haman, ou bien Yael qui tua Sisra, ou encore Yéhoudit qui décapita Holopherne.
Le Rav Etlinger témoigne que le Rav Nathan Adler de Francfort, qui était également le maitre du ‘Hatam Sofer, avait l’habitude de réunir les femmes de sa maison, même les servantes afin de leur lire la Parachat Za’hor. Il explique qu’il pense que ce n’est pas une Mitsva qui dépende du temps. Le Torat ‘Hessed, ainsi que le Min’hat ‘Hinou’h écrivent, que d’après le ‘Hinou’h les femmes doivent également être dispensées de la Mitsva négative de ne pas oublier ce que nous a fait Amalek. Le Torat ‘Hessed et le Rav Chlomo Hacohen de Vilna écrivent que les femmes sont dispensées de la lecture dans le Sefer Torah, mais elles doivent au moins se souvenir de ce que nous a fait Amalek dans leur cœur. De même écrit le Kaf Ha’haim que bien que les femmes ne soient pas astreintes de venir écouter les Sefer Torah lors du Chabbat Za’hor, elles doivent quand même se rappeler de ce que nous fait Amalek.
En conclusion, le Rav Zatsal suit l’opinion du Ben Ich ‘Hay selon lequel les femmes sont exemptent d’écouter la Parachat Za’hor, et ainsi est l’habitude des Séfaradim. Cependant une partie des femmes achkenazes ont l’habitude de se rendre à la synagogue pour l’écouter. Celle qui veut s’y rendre doit faire attention de ne pas prendre cette habitude sur elle comme en vœu, en disant Bli Néder, par exemple.
Sefer Ha’hinou’h 603; Min’hat ‘Hinou’h 3
Choul’han Aru’h Ora’h ‘Haim 685, 7; Maguen Avraham 1; Kaf Ha’haim 30; Piské Téchouvot 5
Chout Binyan Tsiyon Ha’hadachot 8; Torat ‘Hessed (Loublin) Ora’h ‘Haim 37
Sédé ‘Hémed Pourim 16
Torah Lichma 187
Maamar Mordé’hay Moadim 62, 12; 14 |