Q:
Peut-on faire Erouv Tavchilin sur une boite de thon ou bien faut-il cuisiner un plat spécialement à cet effet?
R:
Bien que la sainteté du Chabbat soit supérieure à celle de la fête, nos Sages nous ont interdit de cuisiner pour le Chabbat pendant Yom Tov à moins d’avoir préparé un plat à l’avance, le Erouv Tavchilin. Deux raisons sont invoquées: pour bien faire la distinction que seul pour le Chabbat il est permis de cuisiner pendant le Yom Tov, mais pas pour les jours de semaine; deuxièmement pour réserver un bon plat pour le Chabbat et ne pas le déshonorer en se suffisant des restes du Yom Tov. Cuisiner ce plat représente le début des préparatifs du Chabbat ce qui nous permet de les continuer pendant la fête (Beitsa 15b, , Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 527, 1).
Les termes de la Michna (Beitsa 2, 1) sont: « et on cuisine un plat la veille de Yom Tov pour s’appuyer dessus pour cuisiner pour le Chabbat ». Rachi explique que l’on cuisine ce plat dans l’intention de le dédier au Erouv Tavchilin. Il ressort de là qu’il faut a priori cuisiner le Erouv la veille du Yom Tov spécialement pour celui-ci, et il ne suffit pas de prendre un plat déjà cuisiné. Cependant de la suite de la Guémara qui permet d’utiliser le fond de la marmite de lentille pour faire le Erouv Tavchilin on voit que l’on peut utiliser un plat qui n’a pas était cuisiné expressément à cet effet (tout ceci dans le cas où l’on n’a rien d’autre pour faire le Erouv Tavchilin, car il faut honorer le Erouv comme il se doit comme toute Mitsva, Biour Hala’ha, 527, 6 Adachim, et cf Ba’h).
Il y a une controverse entre Bet Chamay et Bet Hillel si il faut un plat ou deux plats. De plus d’après Bet Chamay il faut faire un Erouv pour chaque sorte de cuisson: du pain pour cuire du pain au four, un plat pour cuisiner des plats sur le feu avec du jus, alors que d’après Bet Hillel avec un seul plat on peut tout cuisiner. D’après Rabbénou Tam, même Bet Hillel sont d’accord qu’il faut en plus d’un plat cuisiné prendre du pain pour le Erouv Tavchilin pour pouvoir cuire au four, mais la majorité des décisionnaires ne sont pas de cet avis. Cependant l’habitude est de respecter l’opinion de Rabbénou Tam: on prend donc Lé’hat’hila, a priori du pain et un plat cuisiné, comme un œuf bouilli qui se conserve. Si on n’a préparé qu’un seul plat mais pas de pain, on pourra quand même cuire du pain au four pendant la Fête pour le Chabbat comme la majorité des décisionnaires. Par contre si on a pris que du pain, d’après le Michna Broura on ne pourra pas cuisiner ni même cuire (Michna Broura 527, 7)!
De nos jours où l’on peut conserver la nourriture au frais dans un réfrigérateur, il est bon de prendre un bon plat cuisiné et non juste un œuf, comme le préconise le Michna Broura au nom du Chla (527, 8) et le Piské Téchouvot (ibid 7).
En conclusion, Lé’hat’hila il est bon de prendre un plat qui a était préparé spécialement pour le Erouv Tavchilin ou pour le Chabbat en plus de prendre du pain. Mais si on a rien d’autre on pourra se contenter d’une boite de thon qui est déjà cuisiné, car cela n’est pas dégradant comme le fond de la casserole; en particulier si on ne compte pas cuire du pain au four pendant la fête on pourra se passer de prendre du pain (Maamar Mordé’hay Moadim 14, 9). |