Q:
Le soir de Pourim et en journée, ma femme organise à la maison une lecture de la Méguila pour les femmes du quartier qui ne peuvent se rendre à la synagogue parce qu’elles ont des enfants en bas âge par exemple. Quand je leur lit la Méguila, dois-je leur reciter les bénédictions avant et après la lecture de la Méguila?
R:
Bien que les femmes soient dispensées d’accomplir les Mitsvot positives qui dépendent du temps, Mitsvot Assé Chéhazman Grama, elles sont quand même astreinte à l’écoute de la lecture de la Méguila. Ainsi tranche le Choul’han Arou’h (Ora’h ‘Haim 689, 1). Le Guémara explique (Méguila 4a) au nom de Rabbi Yéochoua Ben Levy: « Cheaf hen Hayou Beoto Haness », car elles aussi étaient mêlées au miracle; c.-à-d. soit parce qu’elles étaient en danger comme les hommes, sous le coup du décret d’extermination d’Haman, et elles ont été sauvées comme eux, soit parce que la délivrance est venue grâce à une femme, c.-à-d. Esther. Il existe même une controverse si une femme peut acquitter un homme de son obligation de lire la Méguila puisque celle-ci est également astreinte à la lire.
Nos Sages ont institué de reciter trois bénédictions avant la lecture de la Méguila: « Al Mikra Méguila », « Chéassa Nissim » et « Chéé’hiyanou » (uniquement le soir pour les Séfaradim, même le matin pour les Ashkenazim, Choul’han Arou’h et Rama Ora’h ‘Haim 692, 1). Une personne qui s’est déjà acquittée peut relire pour une autre personne et lui reciter les bénédictions (ibid 3). D’après le Rama une femme qui lit pour elle-même doit reciter non pas la bénédiction de « Al Mikra Méguila » mais « Lichmoa Méguila », car son obligation est différente de celle d’un homme: quand celui-ci doit lire, elle ne doit qu’écouter la Méguila, c’est pourquoi d’après certaines opinions une femme ne peut acquitter un homme de la lecture de la Méguila. Le Michna Broura (692, 11) écrit au nom du Maguen Avraham qu’un homme qui s’est déjà acquitté de la Mitsva de la lecture de la Méguila et qui lit ensuite pour des femmes doit leur reciter la bénédiction de « Lichmoa Méguila » comme le Rama le préconise pour les femmes elles-mêmes. Cependant le Pri ‘Hadach pense qu’il ne faut pas changer la bénédiction, de même que le Choul’han Gavoa (8) et le ‘Hida (Ma’hazik Bra’ha 4). Le Maguen Avraham (698, 6) rapporte les paroles du Midrach Hanéalam (Zohar ‘Hadach Ruth) qu’une femme ne doit pas lire pour elle-même mais écouter la lecture d’un homme. Ainsi rapporte le ‘Hida (Ma’hzik Bra’ha 3) et témoigne que telle est l’habitude, et ainsi tranche le Ben Ich ‘Hay (Chana Richona Tétsavé Hil’hot Pourim 1). Le Gaon de Vilna rapporte les paroles du Zohar ‘hadach légèrement différemment: Rabbi Abba dit, les femmes sont atteintes à la lecture de la Méguila, mais elles ne peuvent la lire pour les autres.
Le Ben Ich ‘Hay continue que les femmes doivent écouter la lecture de la Méguila de la bouche d’un homme mais celui-ci ne leur recitera pas la bénédiction si il s’est déjà acquitté de la Mitsva, et les femmes n’ont plus ne reciteront pas la bénédiction. Il n’explique pas pourquoi. Le Rav Mazouz s’appuie sur les propos du Ben Ich ‘Hay lui-même concernant la Havdala (Chana Chnya Vayetsé 22) où il écrit qu’il et mieux qu’une femme recite la Havdala pour elle-même si son mari l’a déjà entendu à la synagogue plutôt que de s’acquitter de celui-ci car les femmes ont du mal à rester concentrées toute la Havdala, à plus forte raison toute la lecture de la Méguila. Or si on manque ne serait-ce qu’un mot on n’est pas quitte de la lecture. Le Yafé Lélev (vol. 2, 1), du fils de Rav ‘Haim Falagi rapporte tout d’abord l’opinion du Rav Moché Armilio (Dvar Moché vol. 3, 14), rapporté également par le Chalmé ‘Haguiga (326d) que le mari doit apprendre à sa femme la bénédiction, ou la reciter avec celle-ci mot-a-mot. Il rapporte l’opinion du ‘Hida que le mari doit reciter la bénédiction, puis celle du Rav David Amar dans son livre Téfila LéDavid (85b) de ne réciter la bénédiction de « Al Mikra Méguila » pour les femmes si celui qui lit s’est déjà acquitté car les femmes ne peuvent rester concentrées toute la lecture de la Méguila, mais il peut reciter la bénédiction de « Chéassa Nissim » et « Chéé’hiyanou ». Le Yafé Lélev témoigne que l’habitude à Izmir était de ne reciter aucune bénédiction pour les femmes. Le Kaf Ha’haim déduit de ces paroles que de même on ne leur recite aucune bénédiction comme le Ben Ich ‘Hay.
En conclusion, d’après le Rav Mordé’hay Eliyaou Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim 64, 20) si le mari a déjà lu la Méguila à la synagogue il ne recitera pas les bénédictions pour sa femme, ni celle-ci pour elle-même. |