Q:
Cette année 5780 (2020) nous allons devoir préparer le Erouv Tavchilin deux fois de suite: une première fois à Pessa’h qui tombe le Jeudi et Vendredi en ‘Houts Laarets dont la France, et Chavouot qui tombera le Vendredi et Chabbat. Ma question est de savoir si je peux me baser sur le Erouv que je prépare la veille de Pessa’h avec de la Matsa et un plat cuisiné que je conserve au congélateur, en pensant à m’acquitter du Erouv Tavchilin de Chavouot, sans avoir besoin de le refaire?
R:
Bien que la sainteté du Chabbat soit supérieure à celle de la fête, nos Sages nous ont interdit de cuisiner pour le Chabbat pendant Yom Tov à moins d’avoir préparé un plat à l’avance, le Erouv Tavchilin. Deux raisons sont invoquées: pour bien faire la distinction que seul pour le Chabbat il est permis de cuisiner pendant le Yom Tov, mais pas pour les jours de semaine; deuxièmement pour réserver un bon plat pour le Chabbat et ne pas le déshonorer en se suffisant des restes du Yom Tov. Cuisiner ce plat représente le début des préparatifs du Chabbat ce qui nous permet de les continuer pendant la fête (Beitsa 15b, Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haim 527, 1).
Le Roch (Beitsa 2, 1) écrit qu’il y a une implication effective entre les deux raisons: d’après la première il sera permis de se baser sur le Erouv Tavchilin d’une fête à l’autre pendant la même année tant qu’il est consommable; par contre d’après la deuxième, il faudra le refaire chaque veille de fête. Par contre il permet de se reposer sur le Erouv Tavchilin de la veille de Soukkot qui tombe un Jeudi et vendredi pour le Chemini Atseret qui tombent les mêmes jours la semaine d’après. Le Mordé’hay (Beitsa 672) au nom du Yérouchalmi écrit également que le Erouv Tavchilin marche du début de la fête pour la fin de la fête à condition de le mentionner expressément au moment de la bénédiction. Le Kol-bo (59, 22c) rapporte l’avis du Rabbénou Netanel de Chinon, que l’on doit préparer le Erouv Tavchilin uniquement la veille de la fête et non deux ou trois jours avant. Il le déduit des termes de la Michna (Beitsa 2, 1) qui sont: « Une personne prépare un plat la veille de la fête et se base dessus pour cuisiner pour le Chabbat ». D’après lui on ne peut se baser sur le Erouv Tavchilin d’une fête à l’autre, ni même du début de la fête à la fin. Par contre le Tour écrit que l’on peut se reposer sur le Erouv Tavchilin tant qu’il est existant et consommable, donc même d’une fête à l’autre; et ainsi comprend le Bet Yossef l’opinion du Roch. Il conclue que l’on ne se basera pas sur cette opinion Lé’hat’hila, a priori, mais Bédiavad, a posteriori, étant donné que le principe de Erouv Tavchilin n’est que d’ordre rabbinique, on pourra se montrer indulgent, et ainsi il tranche dans son Choul’han Arou’h (Ora’h ‘haim 527, 14).
Dans le cas de Pessa’h et Chavouot de cette année, a priori on refera le Erouv Tavchilin la veille de Chavouot, mais si on l’a préparé la veille de Pessa’h en pensant déjà à Chavouot et que le plat du Erouv est encore existant et consommable, par exemple en l’entreposant au congélateur, et que l’on a oublié de le préparer à nouveau la veille de Chavouot et que l’on ne s’en ait rendu compte qu’une fois l’entrée de la fête, on pourra Bédiavad, a posteriori se baser sur ce Erouv pour cuisiner.
D’après le Rav Zatsal (Maamar Mordé’hay Moadim 14, 19), il faut éviter même de préparer le Erouv Tavchilin depuis le début de la semaine mais uniquement la veille de la fête (la nuit précédemment la fête est aussi considérée comme veille de la fête, mais cf Chevet Halévy vol. 9, 129, 4 qui n’est pas d’accord); si on a peur d’oublier de faire le Erouv la veille de la fête, on le fera quelques jours avant la fête sans bénédiction et si on s’en rappelle la veille de la fête, on le refera sans bénédiction. |