Q:
Quelle est l’origine du Minhag de se déguiser à Pourim? Y-a-t-il un problème hil’hatique ou certaines restrictions?
R:
L’habitude de se déguiser le jour de Pourim est largement répandue dans le peuple d’Israel, bien que celle-ci ne soit pas mentionnée, ni dans le talmud, ni dans le Midrach ou ni dans les écrits des Guéonim. De plus cette habitude a soulevée aux cours des générations des questions hil’hatiques quant à sa légitimité, par exemple concernant le fait que des hommes portent des habits de femme ou vice-versa, ce qui est à l’encontre de l’interdit de ‘LoTilbach’, et également le problème de Chaatnez, le mélange interdit de lin et de laine dans les habits.
Cette habitude est mentionnée pour la première par un élevé du Maharam de Rottenbourg, le Rav Moché ben Eléazar Hakohen de Covlanz, neveu du Roch dans son livre de Moussar le Sefer ‘Hassidim Ha’hadach, ou Sefer Hamaskil. Il y reproche aux gens de transgresser l’interdit de Lo Tilbach à ‘Hanouka, Pourim et les jours de mariage en portant une écharpe sur la tête et des habits de femme. A la même époque (début 14e siècle) Klounymous ben Klounymous de Provence dans son livre de poèmes Even Bo’hen, décrit les jeunes gens se déguisant le 14 Adar avec des habits des femmes et des colliers. Un siècle plus tard le Mahari Mints (Chout Mahari Mints 16) s’étend sur le sujet des masques que portent les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux le jour de Pourim, en plus d’échanger leurs vêtements. Ils témoignent que ses maitres (en autre le Troumat Hadéchen) laissaient déjà à leur époque les gens faire, et il conclue par la permission car ils le font pour la joie de Pourim et non dans un esprit de débauche. Il semble que le port des masques ait également posé problème comme en atteste le responsa du Rav Elyakim cité par le Mahari Mintz. En effet cela peut aussi être considéré comme un problème de Lo Tilbach si on ne peut discerner si la personne sous le masque est un homme ou une femme.
Deuxième problème inerrant au port de costume est celui du problème de Chaatnez dans ceux-ci. En effet le Maharaz Binga (Pessa’him 26 b) témoigne que son maitre, l’éminent Maharil Ségal, lorsqu’il était à Mayence n’était pas content de voir les gens se permettre de porter des vêtements de Kilaim. De même rapporte le Rama dans son Darké Moche (Ora’h ‘Haim 697) que le Mahari Brouna protestait contre ceux qui se relâchaient et portaient des habits contenant du Kilaim le jour de Pourim sous prétexte de se réjouir ce jour-là. Le Rama lui-même tranche qu’il ne faut pas protester contre ceux qui échangent leurs habits avec ceux d’une femme, et que c’est peut-être là l’origine de ceux qui se relâchent concernant les lois de Kilaim le jour de Pourim, car ils le font pour la joie de Pourim.
Le Chla (Massé’het Méguila à la fin) le Ba’h et le Taz (Yoré Déa 182) s’opposent au Rama et contestent l’habitude générale, qu’ils qualifient de Minhag Chtout. De même le Rav Chmouel Abouav de Venise s’attristait des paroles du Rama qui soutenait le Minhag (Sefer Hazi’hronot, Zikaron 2, 2; Chout Maharach Abouav 247).
Le Yéfé Lélev (vol. 2, 4-5), fils du Rav ‘Haim Falagi s’étonne de la décision du Rama; il en effet omis l’avis de Rabbi Eliezer de Metz qui interdit dans son Sefer Yéréim (96) de s’habiller même de manière Aray, passagère d’habits de femme pour un homme, ou l’inverse; de même la Michna Kilaim (9, 2) énonce clairement qu’il est interdit de porter des vêtements Kilaim même de manière Aray, passagère, car, comme l’explique le Rav Bartenoura sur place, cela s’appelle s’être habillé de ces vêtements.
Le Michna Broura rapporte l’explication du Pri Mégadim (Echel Avraham 4) que le Rama ne permet de porter qu’un seul vêtement de femme par-dessus des vêtements d’homme, afin que le déguisement soit grossier et remarquable qu’un homme le porte ou le contraire. Par contre il ne sera pas permis de se travestir complètement en homme ou en femme même le jour de Pourim.
En conclusion, on fera attention le jour de Pourim à ne pas transgresser l’interdit de Lo Tilbach, ni celui de Chaatnez (Kaf Ha’haim 57). |